Guyana /Venezuela/Brésil - Le peuple Akawaio ou Ingarikó

Publié le 26 Janvier 2019

 

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Amérindiens vivant le long de la frontière entre le Guyana et le Venezuela.

Autres noms : acawaio- akawai- acawayo- acahuayo- waica

Venezuela : 400/500 personnes

Etat de Bolivar.

Guyana : 4300 personnes

Région Cuyuni-Mazaruni

Brésil : 500 personnes

Roraima

Langue : de la famille carib, proche de la langue macuxi mais non intelligible, intelligible marginalement avec la langue arekuna.

Les Akawayo, les Ingariko et les Patamona s’auto-désignent « kapon »

Source : ethnologue.com, traduction carolita

Le peuple Akawaio 

Kapon (kak = ciel ; pon = peuple) est un nom akawaio pour les désigner, nom qu’ils partagent avec les Patamona voisins du sud.

Les noms donnés par les voisins Pemón, Patamona et Macuxi : waika, serakon, inkariko, Ingarikó.

Territoire

Le territoire principal est le bassin supérieur de la rivière Mazaruni et son affluent l’Essequibo prenant sa source dans les montagnes de Pakaraima à la frontière entre le Guyana et le Venezuela.

Il y a quelques communautés Akawayo sur les rios Mazaruni et Potaro inférieurs et il y a 2 villages isolés, Kwabanna sur la rivière Waini et Mabora sur la partie supérieure de la Demerana. Ainsi que des colonies situées sur la rivière Cotinga sur la partie supérieure du rio Cuyuri au Venezuela.

Guyana Par TUBS —  Guyana location map.svg (de NordNordWest)., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17369831

 

Venezuela

 

Population

Il y avait 600 Akawayo sur la partie supérieure du Mazaruni et les zones proches. On note une augmentation considérable de la population depuis les années 1940/1950.

Le recensement indigène de 1982 au Venezuela notait 491 personnes dans la région de Cuyuni.

Leur expansion territoriale était considérable, ils dominaient  les vallées du Mazaruni et du Cuyuni en maintenant leur présence sur la région Demerara.

Les colonisateurs, aussi bien hollandais que britanniques les mentionnent tout comme les commerçants, les voyageurs (en disant qu’il s’agit de petits groupes installés autour des postes en amont).

Ils seront parfois employés pour surveiller la forêt près des plantations.

A l’ouest, au Venezuela ils entrent dans l’histoire sous le nom de Guaica.

Ils entrent en contact avec des missionnaires anglicans en Guyane britannique à partir de 1831, leur intérêt pour la religion les fait remarquer.

Ils vont dans les basses terres et sont employés comme guides, bateliers, transporteurs, chasseurs, ouvriers, forestiers, bûcherons.

La majorité néanmoins continue de mener une vie coutumière dans le haut Mazaruni.

En 1931 les adventistes du 7e jour établissent une mission sur la rivière Kamarang en Guyane après leur expulsion du Venezuela.

Dans le début des années 50, début des missions anglicanes.

En 1946 sont créés la réserve du Mazaruni supérieur et un poste gouvernemental, ils ont des contacts réguliers avec des organisations créoles. Les Akawayo perdent alors leur autonomie et commencent à subir de profonds changements.

Akawaio sur le rio Mazaruni

Mont Roraima Par Paolo Costa Baldi — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15472639

Zone de drainage du rio Mazaruni By Kmusser - Own work using Digital Chart of the World and GTOPO data., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4766156

Au Brésil

  • T.I ou terre indigène Raposa Serra do sol - 1.747.464 hectares, 23.119 personnes, réserve homologuée dans le Roraima. Villes : Normandia, Pacaraima, Uiramutã. 5 peuples y vivent : Ingarikó (Akawaio, langue karib), Macuxi (langue karib), Patamona (langue karib), Taurepang (langue karib) et Wapichana (langue arawak).

 

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Mode de vie

Ils occupaient à temps partiel le village central qui comprenait des jardins familiaux à proximité.

Le village traditionnel comprenait entre 600 à 800 personnes parfois plus.

Watercolor (made ca. 1842) of round Akawaio houses 
in Guyana.After E.A. Goodall, 1977:84.

Les sites traditionnels sont toujours situés près d’une rivière navigable et d’une clairière ou d’une zone de savane avec présence de sable blanc.

Le ruisseau et la forêt proche sont propices à un sol propice à la culture.

Les maisons étaient de forme oblongue, ronde ou carrée, avec des pans de bois, un toit en chaume de feuilles, des murs en écorces ou avec des pieux, 2 portes opposées.

Chaque famille nucléaire entretenait un foyer autour duquel étaient pendus les hamacs et les objets personnels étaient contenus dans des espaces du toit en hauteur.

Des cabanes ouvertes et collectives servaient de cuisine, pour les repas formels et pour les réunions de famille.

Dans les années 50 ont été introduites des maisons carrées surélevées, en planches, avec un toit en bardeaux de bois ou des tôles, des fenêtres et des cloisons intérieures mais cela n’a pas remporté un grand succès.

Economie

Les Akawayo sont des agriculteurs sur brûlis, des chasseurs, pêcheurs et cueilleurs. Ils fabriquent du pain de manioc avec le manioc amer, celui-ci accompagne des ragoûts de viande ou de poisson assaisonnés de piment.

Ils fabriquent plusieurs boissons à faible teneur en alcool.

Les cultures sont : manioc, bananes, canne à sucre, patates douces, ignames, taro, coton, courges, citrouilles.

Ils chassent les cerfs, les pécaris, les lapins, les agoutis, les pacas (cuniculus paca), les oiseaux en utilisant l’arc et les flèches, les sarbacanes mais de nos jours, ils utilisent plutôt le fusil de chasse.

Les poissons du haut Mazaruni sont petits et rares.

Ils sont obtenus avec des hameçons et des fils, du poison, des barrages avec des nasses.

L’économie monétaire commence à partir de 1946 avec la vente de balata (latex de manikara bidentata), les produits du jardin en surplus et les produits du bois.

Le développement des mines d’or et diamantes se développent de façon constante dans la région dans les années 60.

Les Akawayo ont une dépendance croissante vis-à-vis des importations et perdent de l’autonomie.

Il y a un réseau d’échange avec les voisins autochtones et des amérindiens plus distants.

Ils obtiennent

Des Ye’kuana : du manioc

Des Patomona : des pots de brassage

Des Piaroa : du curare

 

Akawaio Indian boys, Carlton and Codrice, practising with their blowpipes

Guiana, 1955

Division des taches

Le travail est soumis à la division sexuée des taches, une division néanmoins complémentaire et parfois il y a des chevauchements des taches et une assistance mutuelle.

Les hommes construisent les maisons, les bateaux, le matériel de chasse et de pêche, les cordes, les paniers, les nasses, les tabourets en bois, le mobilier simple.

Les femmes filent le coton, tissent les hamacs, les porte-bébés, les tabliers en perles, elles fabriquent des bols et des pots en argile.

Les hommes coupent, brûlent les parcelles à cultiver, les femmes plantent, entretiennent et récoltent les cultures.

Les hommes chassent et pêchent, ils font le commerce à longue distance, les femmes vont chercher le bois de chauffage et l’eau, elles s’occupent de la maison et des jeunes enfants et préparent les repas et les boissons.

Les hommes fabriquent la vannerie, la menuiserie, les femmes travaillent le coton et la poterie.

Les hommes travaillent dans les mines et les femmes font des travaux domestiques.

Des Akawayo instruits occupent également des emplois gouvernementaux en tant qu’enseignants et agents de santé.

Régime foncier

Le régime foncier dans un même village et les zones voisines est un droit collectif qui permet d’utiliser les terres et les ressources qui s’y trouvent. Certains Akawayo les utilisent en payant ou en collaborant. La construction d’un barrage sur le haut Mazaruni au Guyana compromet grandement l’intégrité de ce peuple car il peut rendre la région inhabitable.

Système de parenté

C’est un système bilatéral, à la fois des parents paternels et des parents maternels. C’est un concept de cycles indépendants de 3 générations, chaque génération de petits enfants reproduisant celle des grands-parents.

L’esprit d’un grand-parent défunt peut parfois habiter un petit enfant. Il y a une forte notion de lignées complémentaires du même sexe, un homme étant considéré comme une réplique de son père et de son grand-père et une femme de sa mère et de sa grand-mère.

La terminologie de parenté est de type iroquois bifurcant et fusionné :

Un père et ses frères sont appelés père.

Une mère et ses sœurs sont appelées mère.

Ils s’adressent aux uns et aux autres comme leurs propres enfants et ces derniers les désignent comme frères et sœurs.

Les cousins croisés de sexe opposé utilisent des termes qui impliquent une facilité à marier.

La notion de famille (tomba) est élastique, tous les Akawayo sont au bout du compte des parents (tombadong).

La norme pour le mariage est celle du mariage cousin croisé réel ou classificatoire. L’idéal étant 2 groupes de frères et sœurs qui se marient entre eux.

La polygynie sororale était courante autrefois et un homme épousait la veuve d’un frère décédé.

La polyandrie était également possible.

Le gendre était tenu de résider de manière unilatérale et de travailler pour ses beaux parents. Il devait leur donner ses biens y compris ceux achetés et l’argent. Le mariage était confirmé à la naissance d’un enfant et la séparation et le divorce étaient déplorés.

Les objets de valeur (fusils de chasse, pots de brassage, râpes à manioc, bateaux) étaient transmis aux proches parents du sexe approprié (frères et sœurs ou enfants du défunt).

Les enfants étaient élevés avec le respect des personnes âgées, observant les normes de relation de parenté.

Ils apprenaient par imitation et participation.

La punition physique était rare.

Les enfants vont à l’école et peuvent travailler y compris dans les mines.

Organisation sociopolitique

L’unité culturelle est basée sur le territoire ils expriment des interrelations de la parenté et une identité conceptuelle et morale.

Il n’y a pas d’institution centrale indigène, il n’y a pas de système de classe.

Le statut est lié à la notion de parenté (différenciation selon le sexe et l’âge), les compétences individuelles et le prestige.

Organisation politique

La communauté villageoise comprend des familles élargies et mixtes alliées. Chaque famille est dirigée par un couple de personnes âgées le plus actif et autonome dans son propre règlement familial. Une communauté villageoise est caractérisée par l’entraide, le partage et les mariages mixtes.

Le chef du village traditionnel (epuru) est toujours un homme prestigieux, compétent, généreux, hospitalier , parlant bien. Il convoque les familles du village pour des consultations et les fêtes, il les représente face à des étrangers et il est responsable de nos jours devant le gouvernement.

On l’appelle « père (papai) ». les chefs de familles alliées sont ses « assistants (paitorudong) ».

Contrôle social

La colère et la violence sont censurées. Une réponse coutumière au conflit est la séparation.

Religion

Le système est basé sur la conviction que tous les corps matériels sont possédés par la lumière rayonnante du soleil (akwa) qui leur confère la vitalité, le bien-être et le savoir. Cette force possédée (akwaru) peut transmigrer en pénétrant dans différents corps (comme dans les rêves ou les actes de sorcellerie).

Chaque espèce , chaque ressource et chaque sphère environnementale ont un akwaru personnifié et en partie anthropomorphique. Ils sont tous classés comme imawariton (forces environnementales) y compris les humains décédés. Une grande catégorie comprend les maîtres et les maîtresses (esak) des espèces et ressources figurant dans le chamanisme et habitant dans des pierres spéciales appartenant à des particuliers. Des offrandes de tabac , de nourriture et de boissons sont faites aux pierres pour plaire au maître ou maîtresse afin qu’une espèce ou la ressource soit augmentée ou libérée pour l’utilisation humaine.

Les chamans, piai’chang sont ceux qui traitent avec les akwaru de l’univers au cours de la nuit. Ils utilisent des hallucinogènes et du tabac pour se détacher de leur propre force vitale et rechercher une aide du cosmos. Ils déterminent les causes ultimes.

Cérémonies

Ils organisaient des festivals traditionnels de chant et de danse associés aux animaux, aux poissons et aux fruits de la forêt et de leur disponibilité.

Ces festivals ont été remplacés après la colonisation par des prières chantées et dansées d’alléluia pour la communication avec dieu et les esprits du ciel (akwa) afin d’obtenir un gain conséquent de l’akwaru, du bien-être et du bien de tous sur la terre.

Les cérémonies familiales comprennent la couvade, la réclusion des jeunes filles à leur puberté et le rite des garçons destiné à assurer le succès dans leurs entreprises économiques.

Art/artisanat

 

 

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Les chansons transmettent le savoir et le pouvoir.

Elles comprennent les chants des chamanes, des prophètes d’alléluia et de l’ancien festival de chant et de danse (le tukuik, la parishara et l’imawari).

Des invocations sont faites dans le domaine privé (taling), ce sont des formes de récitations rythmiques et des poèmes avec des analogies et des métaphores complexes.

Certains hommes sont d’excellents vanniers utilisant les couleurs rouge et noir pour leurs dessins.

Les femmes fabriquent des tabliers à perles avec des motifs, du fil de coton fin, des hamacs tissés très confortables.

Les métiers semblent malgré tout en train de disparaître.

La mort

La mort subite est attribuée à la sorcellerie (edodo).

La mort après une longue maladie est attribuée à une malédiction (mal taling).

L’envie profonde est la raison invoquée pour la sorcellerie, elle est l’œuvre d’un ennemi personnel mais peut être aussi l’œuvre de groupes hostiles.

A la mort, le corps est déposé dans son hamac et enterré dans un espace entre des écorces d’arbre, la tête tournée vers le lever du soleil.

La famille quitte la maison pendant 3 mois.

Une série de morts de personnes importantes dans un village font quitter ce village.

A la mort, le rayonnement qui donne la vie part pour rentrer dans le cosmos.

Une nuance (akwarup) est détachée et rejoint les esprits de l’environnement (imawariton) qui habitent à l’intérieur des montagnes en se régalant, en buvant et en dansant en une réplique de la vie sur terre mais sans soleil.

Les chamanes s’y rendent pour danser, se régaler et chercher de l’aide dans la résolution des soins aux malades.

La mort est une séparation définitive des propriétés des  faces opposées du cosmos, la lumière (akwa) et les ténèbres (ayan), des formes matérielles qui unifient et incarnent.

C’est aussi un retour à « il y a longtemps » (pena tai) quand « tout ressemblait à des personnes » (kapon-te) et que « tous se parlaient et se comprenaient ».

source : encyclopedia.com

Très belle série photo en noir et blanc des indigènes Ingarikó  ICI

 

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Historique des contacts et parc national

 

Historique des contacts avec les non-Indiens

Il n'y a pas de nouvelles précises sur les premiers contacts des Ingarakó avec les non-Indiens en terres brésiliennes. On sait qu'en 1932, la Commission de démarcation des frontières était en contact avec les Patamona du rio Maú (Ireng) du côté brésilien, sur la route entre l'embouchure de l'igarapé Timão et le confluent de l'Ireng-Scobi.

Toujours dans les années 1930, les Pères bénédictins, en particulier Don Alcuino Meyer, sont entrés en contact avec les Ingarakó dans le village de Serra do Sol et dans d'autres encore plus éloignés.

La première expédition scientifique est arrivée jusqu'aux Ingarakó en 1946. Elle était composée de Nunes Pereira, alors fonctionnaire du ministère de l'agriculture, et de l'ornithologue américain G. Tate. Nunes Pereira explique les objectifs de ses propres recherches comme suit : "connaître les conditions écologiques dont jouissent les indiens Taulipangue et Ingaricó, obtenir des données sur la faune ichtyologique du rio Cotingo et des igarapés voisins des sierras Uêitêpêi et Roraima". Ils ont quitté Boa Vista pour obtenir, par l'intermédiaire des Bénédictins, des données numériques sur la population Ingarikó, puisque les missionnaires ne disposaient de données que sur les Macuxi et les Wapixana. Nunes Pereira est responsable des premières images photographiques des Ingarakó. Ce sont cinq photographies prises dans le village de Tuxaua Jones au pied de la sierra Uêitêpêi. La légende commune aux trois photos se lit comme suit : "Danseurs de la danse de l'Alléluia", mais les mêmes photos sont mentionnées ailleurs comme étant la "danse du Parixara". Les photos ainsi que les observations de Nunes Pereira n'ont été rendues publiques qu'en 1967 dans le livre Moronguetá.

Dans les années 50, le père Bindo Meldolesi de l'Ordre de la Consolata venait parfois  jusqu'aux Ingarakó de la Serra do Sol, sans apporter de plans pour la mission.

Entre 1952 et 1964, Atlas Brasil Cantanhede, agronome et aviateur civil connu comme le pionnier de l'aviation dans le Roraima, a effectué des voyages périodiques dans la Serra do Sol, basés sur l'exploration du caoutchouc. Un homme ingarakó a travaillé pour lui pendant quelques années, lorsqu'il a appris le portugais.

Dans les années soixante-dix, une brusque irruption de l'exploitation minière a commencé dans la partie supérieure de la région Macuxi et les mineurs sont venus  près des Ingarakó. Cependant, ils ont été contraints de se retirer, s'installant dans la ville de Caju, qui se trouve à une journée de route du village de Serra do Sol. Caju était une zone d'exploitation minière non indienne avec un chemin de terre et quelques points d'échange pour la nourriture, les boissons et les outils. Les Ingarakó s'y rendaient périodiquement, mais ne permettaient pas aux non-Ingarakos d'entrer dans leur région. Au cours de ces années, un commerçant caju a essayé, à plusieurs reprises, de mettre en place un ranch de bétail près du village de Serra do Sol. Les Ingarakó ont chassé le bétail et ont brûlé le ranch.

Même dans les années soixante-dix, les pères de l'Ordre de la Consolata se rendaient jusqu'aux Ingarakó. Le père Jorge Dal Ben a ensuite effectué trois voyages, au cours desquels il est entré en contact avec tous les villages de la région.

À partir de 1975, la FUNAI (Fondation nationale indienne) a commencé à effectuer des vols réguliers vers le village de Serra do Sol. La FAB (armée de l'air brésilienne), à son tour, effectuait déjà des inspections de contrôle aux frontières.

En 1976, l'anthropologue Orlando Sampaio Silva a été informé de l'isolement des Ingarakó, ainsi que du contact sporadique d'un autre projet avec les missionnaires de l'Assemblée de l'Église évangélique de Dieu dans la Serra do Sol. Il enregistre également la présence de quelques Ingarakó à la ferme de San Marcos.  

Parc national dans les zones d'occupation indigène

À la fin des années 80, les Ingarakó, même loin des conflits directs impliquant les occupants, les petits agriculteurs, les propriétaires terriens, les riziculteurs et les indigènes vivant dans le sud de la région qui correspond aujourd'hui à la terre indigène de Raposa Serra do Sol, ont commencé à subir un nouveau type de pression sur leurs terres.

Le 28 juin 1989, le Parc National du Monte Roraima a été créé, recouvrant une partie du territoire traditionnellement occupé par les Ingarakó (deux villages sont situés à l'intérieur du Parc et sept autres sont situés autour). Quinze jours auparavant, la zone indigène Ingarikó avait été déclarée par le groupe interministériel et, parallèlement, le processus de délimitation de la T.I Raposa Serra do Sol  (dont le territoire comprend désormais la zone occupée par les Ingarakó) était toujours en cours. Il n'est pas difficile de comprendre que la création du parc était auparavant une stratégie politique, plutôt qu'une action basée sur des données techniques antérieures.

La pression subie par les Ingarakó est donc une conséquence de la législation fédérale elle-même, puisque la catégorie juridique de la Protection Intégrale (Unité de Conservation), qui inclut le Parc National, a de graves implications pour la vie des communautés dont les territoires se superposent à celui du Parc. Des conflits surgissent, notamment autour de la question de la restriction d'utilisation établie par le plan de gestion de l'IBAMA (Institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles).

Les Ingarakó n'ont pris conscience de l'existence du parc national de Monte Roraima et des conflits liés à cette situation de chevauchement que lors d'une mission de la FUNAI en septembre 2000. Un "atelier participatif" a été organisé avec trois représentants Ingarikó et un plan de gestion du parc a été préparé. Selon le témoignage d'un important leader indigène, bien qu'il ait participé à l'atelier, le peuple Ingarakó présent sur place n'a en fait pas compris les implications que la mise en place du parc pourrait avoir sur son mode de vie.

Ainsi, un nouveau conflit a été créé dans la TI Raposa Serra do Sol en raison du chevauchement de l'unité de conservation et des terres indigènes. Il ne s'agit pas d'un cas isolé dans le pays. Il est probable qu'elle a gagné en visibilité en raison des conflits entourant l'homologation de la TI Raposa Serra do Sol. Cependant, la discussion sur le chevauchement des zones dans le Monte Roraima a été laissée en arrière-plan face aux conflits dans le sud de cette TI.

Bien que de nombreux documents soulignent la position négative des Ingarakó par rapport à la mise en œuvre du parc national et indiquent également un conflit juridico-institutionnel conséquent entre les indiens et l'IBAMA, ce qui est actuellement en place est un processus de négociation, qui a atteint son apogée lors des assemblées indigènes de 2005, en particulier depuis le décret d'homologation de la TI Raposa Serra do Sol du 15 avril 2005.

Le terme "Double Affectation" a été utilisé dans le texte du décret pour rendre explicite le statut juridique du Parc National du Monte Roraima. L'idée contenue dans ce terme est la coexistence dans un même espace d'un parc national et d'une terre indigène, et la nécessité d'un plan de gestion, à élaborer par les organismes environnementaux et indigènes et par la communauté Ingarakó.

En 2005, une nouvelle phase du débat politique sur la question du double impact a été inaugurée, favorisée par le renforcement de l'organisation politique Ingarakó (avec les nouvelles perspectives d'articulation) et par l'approfondissement des discussions sur la situation de chevauchement pour la gestion de ce territoire.

Le document produit lors de la 7e assemblée générale des Ingarakó, qui s'est tenue du 18 au 21 avril 2005 dans le village de Serra do Sol, explique la préoccupation du groupe concernant : les changements socioculturels en cours, les problèmes existant dans les communautés, les conflits liés à la démarcation de la TI RSS (Raposa Serra do Sol) et son influence sur les relations entre les villages, ainsi que l'autonomie face à la situation juridique de chevauchement. Il souligne également l'intention d'obtenir la reconnaissance des caractéristiques spécifiques Ingarakó, afin que des actions différenciées puissent être mises en œuvre.  

traduction carolita d'un extrait de l'article sur le peuple Ingariko du site pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Guyana, #Venezuela, #Brésil, #Peuples originaires, #Akawaio, #Ingarikó

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