Le manioc
Publié le 5 Juillet 2012
« La terre est mère de toutes choses, elle partage la vie. La mère est terre, elle nourrit les humains qu’elle met au monde. La femme défriche, sème, cueille, pêche. Elle donne à la terre les graines et les pousses qui donneront le piment et la yuca. La femme demande à la terre les fruits qu’elle cueille là-haut, tout en haut des arbres infinis, comme celui de l’açaï où elle grimpe telle le singe. »
Nom latin : Manihot esculenta crantz
Famille : euphorbiacées
Origine : Antilles, Brésil
lien image, Le ramassage des racines de manioc sur l'abattis
Originaire du Brésil et probablement de toute l'Amérique tropicale, il a certainement été introduit dans nos îles par leurs premiers occupants connus, les Arawaks et surtout les Caraïbes, qui faisaient de fréquentes expéditions dans les Grandes et les Petites Antilles, ainsi que sur le continent. Donc cette plante existait déjà en Guadeloupe et en Martinique, aux premiers temps de la colonisation. Voici ce qu'en dit le R.P. Du Tertre dans son « Histoire Naturelle des Antilles habitées par les Français :
« Tout le monde s'étonne dans la France, de ce que dans toutes les îles, il ne croît point de blé et admire en même temps comme les hommes peuvent vivre d'un pain de racine, dont le suc est un poison qui tue un homme d'une seule cuillerée ; et les sauvages au contraire estiment les Français malheureux, parce qu'en leur pays il n'y a point de Manioc..
Description
Plante ligneuse des tropiques qui peut atteindre de un à trois mètres de haut.
Feuilles : digitées, alternes, palmées
Racine : tubercule en forme de massue qui est consommable
Reproduction : par bouturage (une petite branche est coupée et directement plantée en terre)
Sélection indigène : Malgré le procédé de bouturage qui sert à la reproduction de l’espèce, les amérindiens arrivent à préserver le réservoir génétique du manioc en sélectionnant par ailleurs des plantes issues de graines de manioc qui dorment sous terre et les incorporent aux autres boutures.
La plante produit un latex blanc
La pulpe de la racine est blanche et laiteuse, elle s’oxyde lorsqu’elle est coupée
Il existe plus de 800 espèces de manioc
C’est une plante des pays tropicaux qui s’adapte à de nombreuses conditions de cultures, tous types de sols et niveaux de fertilité. Elle n’a pas besoin de sol riche et résiste bien à la séchersse. C’est également une plante qui donne un bon rendement et pousse là où les autres cultures onté achoué.
Sa préférence néanmoins va aux sols sablo-argileux profonds et meubles bien drainés.
Extraire les racines demande un travail important, les radicelles étant enchevêtrées à la base du plant. La récolte se fait entre 6 mois et un an après la plantation, lorsqu’ils mesurent entre 20/40 cm de long, et 4/10 cm de diamètre.
Un tubercule pèse entre 2 à 5 kg.
Tous les noms qui lui sont donnés
- Son nom vient du brésilien « mandihocat », il dérive du Tupi « manioch »
- Les indigènes l’appellent « mani-oca », oca est un suffixe qui veut dire « la maison de »
- Au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine on le nomme " yuca" (mot d’origine taïno)
- Au Brésil : « mandioca »
- En Indonésie : « ubiketella »
- Amérique latine : « manioca »
- Madagascar et Afrique francophone : « manioc »
- En Inde et Malaisie : « tapioca »
- Dans les régions anglophones d’Afrique, en Thaïlande : « cassava »
- Au Congo : « songo, mohogo, tshomba, madioko »
Deux variétés
Le manioc amer ( Manihot utilissima Pohl ou Manihot esculenta Crantz)
Les tubercules sont de forme allongée, la peau est fine, brune, adhérente, rugueuse, la chair est blanche.
Le manioc amer est toxique, il contient de la manihotoxine qui s’élimine à la cuisson. Cette toxicité est due à des glucosides cyanurés qui se transforment en acide cyanhydrique sous l’effet d’une enzyme (la linamarine). Les caraïbes le connaissaient sous le nom de « kière ». On connaissait déjà la toxicité des Maniocs amers au 17e siècle, comme le prouvent les écrits des premiers chroniqueurs :
« On regarde ce suc comme un poison, non seulement pour les hommes, mais aussi pour les animaux qui en boivent ou qui mangent de ces racines avant que le suc en soit exprimé », écrivit le R.P. Du Tertre.
Le manioc doux (manihot dulcis pax, manihot ultissima crantz)
Il est appelé aussi « camanioc »
Il est plus petit, recouvert d’une peau épaisse et brune qui se détache facilement de sa chair blanche également
Vertus et bienfaits sur la santé
Un aliment énergétique
Les tubercules
Bien que moins nourrissant que le taro, l'igname, la patate douce, la banane ou le fruit à pain, le tubercule de manioc a une certaine valeur nutritive. Il contient beaucoup de glucides qui apportent des calories à l'organisme, ainsi que des vitamines C, du potassium et des fibres alimentaires. Le corps a besoin de calories pour produire de la chaleur, travailler et jouer. La vitamine C assure la résistance des tissus, aide le corps à assimiler le fer, favorise la cicatrisation des blessures et permet de combattre les infections. Le potassium contribue à assurer un bon équilibre des éléments contenus dans le sang. Les fibres empêchent la constipation en favorisant le transit intestinal. Elles contribuent également à l'abaissement du taux de cholestérol dans le sang et à la prévention des maladies cardio-vasculaires.
Le manioc ne contient pas de protéines de bonne qualité, dont le corps a besoin pour se développer et rester vigoureux. Aussi les repas comportant du manioc cuit doivent-ils également contenir des aliments riches en protéines tels que viandes, poissons, œufs, haricots et légumes à feuilles vert foncé.
Lorsqu'on donne du manioc en purée aux bébés, il faut l'accompagner d'aliments riches en protéines. En effet, les bébés et les petits enfants qui ne consomment pas assez de protéines sont menacés de malnutrition grave.
Le goût du manioc se rapproche de celui de la pomme de terre et de l’igname, la chair est plus fondante et plus veloutée.
Les feuilles
En ajoutant les feuilles aux tubercules, on obtient un repas de manioc très nourrissant. Comme le montre l'histogramme, les feuilles de manioc contiennent beaucoup de vitamine A et de vitamine C. Une demi-tasse de feuilles de manioc cuites couvre la moitié des besoins quotidiens en vitamine A d'un jeune enfant. La vitamine A est importante pour la croissance, pour la vue et pour prévenir les maladies. C'est une substance utile qu'il faut veiller à consommer en quantité suffisante. Les feuilles de manioc contiennent également beaucoup de fibres alimentaires.
Conservation
Il vaut mieux faire cuire les tubercules de manioc immédiatement après la récolte. En effet, le tubercule une fois sorti de terre pourrit très rapidement et ne se conserve que quelques jours.
Mais il arrive, par exemple en cas d'inondation, que l'on soit obligé d'en déterrer une grande quantité. On peut alors les conserver de diverses façons.
Conservation dans de la sciure de bois: Dans certaines régions du Pacifique, les tubercules de manioc sont placés dans des trous et couverts de sciure humide, puis recouverts de terre. Ainsi, ils se conservent plusieurs mois.
Séchage: Il faut peler le tubercule, le laver et le couper en tranches minces que l'on met à sécher au soleil. Par temps chaud et ensoleillé, les tranches sèchent en une journée. Le manioc séché se conserve pendant plusieurs mois dans un récipient hermétique et propre. Il pourra plus tard être cuit à l'eau ou réduit en farine.
Fermentation: On peut aussi conserver le manioc en le faisant fermenter. La fermentation augmente la teneur en vitamine B.
Pourcentage des besoins quotidiens d'une femme adulte satisfait par une tasse de tubercule de manioc cuit
Pourcentage des besoins quotidiens d'une femme adulte satisfait par une portion (environ une demi-tasse après cuisson) de feuilles de manioc
Extraction de la farine de manioc: On peut extraire du tubercule l'amidon qui sert à faire de la farine de manioc. Celle-ci peut remplacer la fécule de maïs pour épaissir les soupes, faire des sauces, des entremets et des gâteaux.
On peut aussi mélanger de la farine de manioc à la farine de blé pour faire du pain, des biscuits et autres petits gâteaux. Le mélange ne doit pas contenir plus de la moitié de farine de manioc.
La farine de manioc est économique car elle peut remplacer avantageusement la farine de maïs ou de blé.
Les tubercules de manioc doivent être consommés cuits:
Le tubercule de manioc contient une substance chimique appelée acide cyanhydrique, qui est un poison..
Ne jamais manger de manioc cru: le peler, le laver à grande eau et le faire cuire longtemps. S'il est amer, il ne faut pas le manger.
La préparation la plus facile et la plus sûre consiste à peler et laver le tubercule, à le couper en morceaux et à le faire bouillir.
Une casserole de manioc pour une famille demande de 30 à 40 minutes de cuisson.
Lorsque le manioc est cuit, il faut jeter l'eau de cuisson. Des substances nocives passent en effet du tubercule dans l'eau lors de la cuisson.
On peut aussi faire cuire le manioc à la vapeur, au four traditionnel ou sur le feu. C'est bouilli et cuit à la vapeur qu'il est le meilleur. Il peut, une fois râpé, servir à faire des gâteaux ou être ajouté à des plats de viande et de légumes pour constituer un repas équilibré.
Les feuilles de manioc peuvent elles aussi être préparées de plusieurs façons. Elles sont excellentes en légume et aussi pour donner du goût et de la valeur nutritive aux soupes et autres mets. A condition d'être cuites avec précaution, elles peuvent être utilisées comme n'importe quel autre légume à feuilles vertes.
Les feuilles de manioc, qui contiennent aussi de l'acide cyanhydrique, ont parfois un goût amer. Les feuilles très jeunes et très tendres n'ont besoin de bouillir que 5 à 10 minutes, mais les feuilles plus vieilles, qui contiennent généralement plus d'acide cyanhydrique, doivent être cuites très soigneusement.
Quelques utilisations chez les peuples d’Amérique
La bière de manioc
Elle est utilisée par de nombreuses ethnies qui l’obtiennent en faisant fermenter les racines de manioc et en utilisant une plante comme amylase (malt) chez les Caraïbes pour obtenir le « ouicou » et chez les autres, c’est la salive qui sert d’amylase :
- La chicha en Amazonie et Andes
- Cachiri (Guyane et Surinam)
- Cauim (Brésil)
- Sakura (Andes et Brésil)
- Malicha (Brésil)
- Masato (Amazonie et Andes)
- Paiwan (Antilles)
Une vidéo d’arte Comment préparer le casabe ICI
lien image, Les racines arrivent ici déjà lavées dans la rivière et épluchées
lien image, L'épluchage des racines
lien image, Préparation de la galette ou casabé
lien image, Cuisson sur la pierre
Des millions de personnes dépendent du manioc en Asie, en Afrique et en Amérique latine
Le manioc est la troisième source de calories dans les tropiques, derrière le riz et le maïs. Des millions de personnes dépendent du manioc en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Il est cultivé par les agriculteurs pauvres, des femmes pour la plupart, souvent dans des zones marginales. Pour ces agriculteurs et leurs familles, le manioc est vital à la fois pour la sécurité alimentaire et comme source de revenus.
Mais le manioc est souvent considéré comme un cousin pauvre au sein de la famille mondiale des plantes de base. Tandis qu'il arrive à être cultivé même sur les sols pauvres et qu'il supporte parfaitement la sécheresse, les méthodes de culture modernes ne semblent guère s'adapter à cette robuste racine tropicale. En premier lieu, il se reproduit généralement de façon végétative au moyen de boutures dont le maniement et l'obtention à partir de la tige sont coûteux et dont la conservation est difficile. La reproduction végétative signifie également que la vitesse de multiplication de nouvelles variétés améliorées sera lente et qu'elle retardera leur adoption. Récolter du manioc requiert un travail intensif, ses racines sont encombrantes et hautement périssables.
lien image, Le manioc sèche au soleil d'Afrique
Il n'est donc pas étonnant que le manioc soit généralement cultivé par des agriculteurs pauvres sur des terres marginales et, même là, il rencontre une concurrence croissante due au fait que les céréales font l'objet d'un surcroît d'améliorations pour mieux les adopter aux conditions locales. En fait, le manioc a fait l'objet de moindres efforts de recherche et de développement si on le compare à ceux dont ont bénéficié le blé, le riz et le mais. Ce manque d'interêt scientifique a contribué à rendre très inégales les méthodes de traitement et de culture du manioc sans compter une incidence fréquente des produits de mauvaise qualité.
La Stratégie mondiale de développement du manioc, lancée en 2000 à Rome, vise à changer tout cela. A l'occasion d'un forum qui s'est tenu au siège de la FAO, quelques 80 experts agricoles appartenant à 22 pays ont été interrogés sur la question de savoir si le manioc était potentiellement en mesure de faire face aux besoins de sécurité alimentaire des 500 millions d' agriculteurs qui sont censés le cultiver d'après les estimations; on leur a aussi demandé s'ils étaient en mesure de trouver un instrument apte à promouvoir le developpement rural / industriel du manioc tout en améliorant les revenus des producteurs, transformateurs et commerçants concernés.
La conclusion des travaux du forum a été la suivante: le manioc peut devenir une matière première de base pour la préparation d'une série de produits traités ce qui, en fait, en accentuera la demande tout en contribuant à la transformation agricole et à la croissance économique des pays en voie de développement.
En suivant le lien vous aurez accès à une vidéo d’arte sur le peuple yuca, c’est très intéressant et enrichissant mais je ne peux pas exporter la vidéo.
Documentaire ARTE le souffle du vent
Caroleone
Sources : FAO.org, wikipédia, sur le net