Suriname/Guyane : Le peuple Paramaca ou Paamaka
Publié le 2 Novembre 2021
Peuple marron qui est le dernier groupe a avoir fui les plantations des esclavagistes. Il existe peu d’écrits sur ce peuple, selon Price et Price, les ancêtres des Paramaca vivaient aux alentours de Commewijne au Suriname où ils formaient des villages avant de commencer à migrer vers le Maroni au XIXe siècle où ils se retrouvent sous l’autorité du peuple marron Ndyuka. Ils s’entendent bien avec le peuple Boni aussi dénommé Aluku, ces derniers ont fui selon le même mouvement d’évasions des exploitations esclavagistes. D’ailleurs on les compare souvent aux Bonis en raison de leur installation sur le Maroni.
C’est un peuple qui a toujours évité les conflits guerriers. Certains Paramaca arrivent en Guyane de façon clandestine lors de la guerre civile du Suriname à la fin de cette guerre en 1992.
Autres noms ou formes du nom : paramaka, paramacca, pamacca, pamak
Six peuples marron se sont formés au Suriname pendant la période de l’esclavage, deux d’entre eux, les Nduyka et les Saramaka sont les plus importants numériquement parlant.
Au centre du Suriname vivent les Saramaka, les Matawai et les Kwinti, dans l’est du pays, sur le Maroni vivent les Nduyka et les Boni ou Aluku. Ces derniers sont rattachés à la France, les autres au Suriname.
Le terme marronnage vient du mot espagnol cimarrón qui désignait les premiers temps de la colonisation le bétail retourné à l’état sauvage.
L’eau, les cours d’eau
Ils accordent une grande importance aux cours d’eau, comme les autres peuples marrons. Grâce à eux, ils peuvent se déplacer, travailler, se nourrir, le fleuve sert aux usages quotidiens (se laver, faire sa vaisselle). L’eau a une signification religieuse importante.
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Population
Suriname : 4300 personnes
Guyane : 3900 personnes
Au Suriname
Ils vivent dans l’intérieur boisé, à l’endroit où se trouve la station balnéaire de Pamacca, dans la zone frontalière ouest de la Guyane française.
Le centre administratif de la tribu est situé à Snesiekondre.
Le village principal de la station balnéaire est Langatabiki où réside de granman (chef suprême) de la tribu.
Il y a 13 villages au Suriname et un village, Providence en Guyane.
Les villages sur les rivières Marowijne, Tapanahony et Lawa sont accessibles en pirogue-taxi. Apatou, village de Guyane française est situé à 20 km en aval de la rivière Marowijne.
Langue
La langue paramaca est un créole basé sur l’anglais avec des influences de néerlandais, de langues africaines, et d’autres langues. C’est une langue similaire à celle des Ndyuka et des Kwinti, mutuellement intelligible avec le sranan tongo. Le paramaca est la plus jeune des langues pidgin du Suriname. Il y a 2000/3000 locuteurs.
Granman du peuple Paramaca : Josef Misagere Forster depuis 2020
Résidence : Langatabiki
L’esclavage au Suriname
village marron, fleuve Suriname 1955
L’esclavage au Suriname est réputé pour sa sévérité. Les esclaves constituaient une sorte de propriété personnelle des maîtres et ils n’avaient aucun droit civil. Même si les maîtres exerçaient un très grand pouvoir sur leurs esclaves, ils pouvaient peu de choses apparemment contre la fuite de ceux-ci. Les esclaves fugitifs nommés noirs marrons remontaient à l’origine des fleuves dans les forêts tropicales éloignées du littoral et s’établissaient dans des villages autonomes afin de vivre comme leurs ancêtres africains. C’est en raison de leur mode de vie dans les forêts qu’ils ont été appelés bush negroes (nègres des bois ou nègres de brousse) d’où provient le mot Bushi-negé (Bushinengué) qui les identifient. Les Bosnegers vivaient sur les rives du fleuve Maroni (et ses affluents) délimitant la frontière entre le Surinam et la Guyane française. Pour cette raison ils préfèrent être appelés rivermensen ou gens du fleuve.
Après les peuples autochtones et les colons blancs, les marrons sont les premiers habitants originels du pays.
Les 3 étapes du marronnage
1ère étape : l’esclave s’évade à proximité de sa plantation, dans la forêt secondaire qui l’entoure ou kapuweri. D’autres esclaves à leur tour le rejoignent, le retour est toujours possible, on parle alors de « petit marronnage ».
2e étape : les fugitifs se déplacent afin de ne pas être repérés. Ils s’écartent des plantations, commencent à cultiver. Décomposition et recomposition des groupes sont fréquentes.
3e étape : les fugitifs réussissent à se nourrir et s’éloignent réellement des plantations. Ils deviennent de véritables marrons.
Les premières traces de noirs marron sur les fleuves Suriname et Saramacca remontent avant 1667. Vers 1650/1660 est attestée une communauté de plusieurs centaines de personnes.
Langatabiki 1947 By Willem van de Poll - http://proxy.handle.net/10648/aeba73b6-d0b4-102d-bcf8-003048976d84, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=66777850
Chrono
1830 : évasion des esclaves de la plantation Handtros (Entros). Celle-ci se réalise peu de temps avant l’abolition de l’esclavage. La courte durée du marronnage des Paramaca, selon Piantoni introduit une fragilité identitaire par rapport aux autres peuples marrons.
1848 : abolition de l’esclavage en Guyane
1863 : abolition de l’esclavage au Suriname. C’est la fin du mode de production basé sur le système des plantations
1865 : Auguste Keppler rapporte que la tribu a établi des villages près du ruisseau Paramacca.
1872 : Les Paramaca signent un traité de paix avec la colonie hollandaise, ils obtiennent leur autonomie. Frans Kwaku chef de l’expédition à Paramaribo est élu officiellement granman par le gouverneur.
1879 : un groupe de 90 Paramaca dirigé par Apensa crée la colonie sur l’île de la rivière Marowijne près de l’embouchure du ruisseau Paramacca. La ville s’appelait Langatibiki. Le granman au moment de la fondation de la colonie était Apensa.
1989/1992 : au cours de la guerre civile du Suriname, les Paramaca se rallient au jungle comando. Cette guerre donnera lieu à une grande migration vers la Guyane française.
Langatabiki 1947 By Willem van de Poll - http://proxy.handle.net/10648/aeba6952-d0b4-102d-bcf8-003048976d84, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=66777937
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Mode de vie commun aux peuples marrons
Société matrilinéaire
La femme porte les enfants, les nourrit et les éduque. Les enfants peuvent porter le nom de la mère ou celui du père, les familles sont nombreuses car il faut compenser les pertes infantiles liées au marronnage et la dure vie dans la forêt.
Ce sont les sœurs et frères de la mère qui l'aide à l'éducation des enfants. Les décisions concernant les enfants sont toujours prises par la famille maternelle. Les enfants aînés quand à eux aident leur mère dès leur plus jeune âge et s'occupent des plus jeunes.
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Polygamie
Les hommes sont polygames par héritage des coutumes importées d'Afrique. Pour éviter les problèmes de consanguinité, de conflit entre les femmes rivales, les hommes choisissent leurs femmes dans des villages distants mais pas trop pour leur permettre des visites régulières.
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Economie, vie sociale
L'organisation sociale est divisée en deux mondes parallèles séparés par le critère du sexe. Les hommes et les femmes ne doivent pas se confondre car les noirs marrons considèrent que la femme a des pouvoirs puissants capables d'affaiblir le pouvoir de l'homme.
Leurs moyens de subsistance proviennent de la chasse, de la pêche et de l'horticulture sur abattis-brûlis.
Il y a une division sexuelle du travail et aucun ne vient empiéter sur le domaine de l'autre.
Les femmes s'occupent de la cueillette des agrumes, des racines, des fruits, de la culture du riz, du manioc et des tubercules dans l'abattis.
Le manioc est la base de l'alimentation et compose le couac, la cassave et entre dans la composition de plats riches en viande, en légumes et épices ( colombo, calalou...).
L'artisanat des femmes se réalise dans la couture, la broderie et la coiffure.
Elles réalisent un costume pour les hommes composé d'une pièce d'étoffe portée autour de la taille, la kamiza et d'une cape, bagnano koozoe.
Leur habit est composé d'une jupe courte nouée à la taille et d'une cape semblable à celle des hommes.
Les hommes : ils doivent fournir l'essentiel de la nourriture avec la chasse et la pêche. Ils abattent et brûlent les arbres sur les parcelles des abattis.
Les jeunes garçons sont initiés par leur oncle : pratique de la forêt, pose des filets dans les criques.
Les hommes sont maîtres de la navigation sur les fleuves, ce sont des canotiers professionnels qui enseignent leur savoir aux enfants.
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Les hommes travaillent le bois :
- objets à usage domestique
- objets rituels
- objets décoratifs
Le jeune garçon pour accéder au statut d'adulte doit être capable de fabriquer ses jouets à 7 ans, des bancs à 14 ans et un canot à 20 ans.
La construction de la maison de sa future femme achève l'étape au passage à l'âge adulte.
Les sociétés sont basées sur la famille, les liens familiaux et le Gran-Mam, le chef spirituel et religieux (qui peut très bien être une femme) qui détient les pouvoirs d'un juge, d'un sage et d'un conciliateur.
Même si l'esclavage est aboli, les conditions de travail qu'ils rencontrent avec l'exploitation liée à l'orpaillage peut faire penser à une autre forme d'esclavage.
Malgré leur attachement à leurs coutumes traditionnelles et communautaires, ils n'en participent pas moins à la vie sociale et politique de leurs pays.
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Les articles sur les autres peuples marrons
Suriname/Guyane française/Guyana : Le peuple Ndyuka ou Aukan
Suriname / Guyane : Le peuple Saramaka
Guyane / Surinam : Le peuple Boni ou Aluku
Suriname / Guyane : Les peuples Bushinenge
Article complémentaire
« Les Boni et les Pamaka restent les parents pauvres des études historiques »
Entretien d'Hélène Ferrarini avec Jean Moomou
sources : wikipedia, cocomagnanville
Images de 1947 à Langatabiki de Willem van de Poll sur wikimedia comons