Drôle de cuisine chez sodexho

Publié le 8 Août 2011

 

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Le 31/07/2011 à 17:31

 

 

Colombie à Paris

 

Fin avril, des syndicats liés aux secteurs d’activité de Sodexo se sont réunis à São Paulo. Venus de six pays (Brésil, Etats-Unis, France, Colombie, Maroc et République dominicaine) où l’entreprise est présente, ils ont tous dénoncé les heures supplémentaires non rémunérées, le manque de moyens, notamment pour garantir la sécurité sur les lieux de travail, la précarité de l’emploi, à l’origine d’un taux de rotation important, et les pressions psychologiques exercées pour empêcher la création de sections syndicales.


Chaque jour dans le monde, 50 millions de personnes ont recours aux services de Sodexo : cantines, gestion de services hospitaliers, fourniture de repas et de support logistique aux armées, services aux établissements pénitentiaires… La multinationale française, fondée en 1966, emploie 380 000 personnes et a réalisé en 2009-2010 15,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé. Elle se présente comme le 21e employeur mondial.

 


Prison pour les récalcitrants

 


Les atteintes au droit du travail et aux droits de l’homme sont selon eux des ingrédients que l’on retrouve couramment au menu de la multinationale. Venus des Etats-Unis, des représentants de la Seiu, un des principaux syndicats du secteur des services, ont accusé Sodexo de ne pas garantir des conditions de travail dignes. Ils ont relevé des cas où la couverture santé était décomptée pour un quart du salaire sur les feuilles de paie. Le Français Jean-Michel Dupire, responsable à la Fédération CGT du commerce et des services, a dénoncé le défaut de prise en charge d’employés victimes d’accident du travail. En Colombie, où Sodexo est implanté depuis dix-huit ans, seuls 1 % des 14 000 employés sont syndiqués. Le Sinaltrainal, syndicat national des travailleurs de l’agroalimentaire, a saisi la justice pour exiger du gouvernement qu’il garantisse l’application du droit du travail. La chose n’est pas aisée, la Colombie étant l’un des pays les plus régressifs en termes de démocratie sociale. [Après plus d’un an de lutte, Sodexo a été contraint de participer, en mai, à une négociation collective avec le Sinaltrainal.] Une plainte a également été déposée à l’Organisation internationale du travail (OIT) contre l’Etat colombien pour défaut de contrôle des conditions de travail. Edgar Páez, responsable au Sinaltrainal, a affirmé que l’entreprise exigeait des tests de grossesse avant d’embaucher des employées, licenciait les femmes enceintes et réprimait ceux qui consultaient le syndicat.


Autumn Weintraub, dirigeante de la Seiu, a pour sa part souligné que les abus, loin d’être isolés, relevaient d’une politique de l’entreprise. Aux Etats-Unis, des procédures judiciaires sont en cours contre la multinationale, et celle-ci a déjà été sanctionnée par le passé. En 2010, le procureur général de l’Etat de New York a condamné Sodexo à indemniser l’Etat à hauteur de 20 millions de dollars, après des irrégularités constatées dans la facturation de services à vingt et une écoles. Les documents ne mentionnaient pas les ristournes considérables accordées par les fournisseurs. Lors d’un discours à Washington devant l’Association de la nutrition scolaire américaine, en mars, l’adjoint au procureur général, John Carroll, a fait valoir que ce type de pratiques avait une influence sur la qualité des aliments servis aux enfants, étant donné que l’entreprise pouvait utiliser des produits moins chers, et pas forcément de qualité. Autumn Weintraub a néanmoins souligné combien il était difficile de mobiliser contre les pratiques de la multinationale ; dans un pays qui se veut la plus grande démocratie du monde, des militants ont fini en prison. Ainsi, en avril 2010, douze personnes ont été arrêtées, dont l’acteur Danny Glover, à l’occasion d’un rassemblement devant le siège américain de l’entreprise, dans le Maryland. Plus récemment, en avril 2011, sept étudiants ont été arrêtés à l’université Emory, à Atlanta, au terme d’une mobilisation pour dénoncer les contrats passés avec Sodexo. Vingt et un de leurs camarades ont connu le même sort à l’université Tulane, à La Nouvelle-Orléans, ainsi que vingt-cinq autres qui avaient occupé le rectorat de l’université de Washington, après sept mois de discussions infructueuses avec des représentants de l’entreprise. La démission d’une employée de Sodexo en République dominicaine, suspectée de vouloir se syndiquer, a été la goutte de trop. Elle a donné lieu à de nouvelles mobilisations sur les campus américains. [L’intéressée, Carina Mieses, a lancé, en mars, une série de conférences sur ces mêmes campus pour dénoncer les agissements de Sodexo.]


La justice s’en mêle

 


En mai, le National Labor Relations Board [agence fédérale indépendante, chargée notamment d’enquêter sur les pratiques illégales dans le monde du travail] a finalement estimé que les preuves étaient suffisantes pour inculper Sodexo pour infraction à la législation du travail des Etats-Unis et subornation d’autorités à cet effet. [L’université Tulane et son service de police auraient espionné et interrogé des salariés favorables à la syndicalisation. Ils auraient détenu puis renvoyé des militants syndicaux. L’audience du procès a été fixée au 12 septembre.]

Les pratiques de la multinationale française ont poussé les syndicats à s’organiser à l’échelon international. Au Brésil, le président de la Confédération nationale des travailleurs du commerce et des services, Romildo Miranda Garcez, considère que cette action globale peut aider à cartographier les irrégularités commises par Sodexo et à déclencher un mouvement plus important au niveau mondial. Le syndicat brésilien a d’ailleurs transmis un certain nombre de plaintes au ministère du Travail en se fondant, entre autres, sur les agissements de l’entreprise ailleurs dans le monde.


http://www.courrierinternational.com/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Travailleurs en lutte

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C
<br /> <br /> Bonsoir Martin,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comme tu le vois, le débat est ouvert, comme je n'ai pas l'intention d'avoir la science infuse, surtout pour ce qui concerne le problème aux EU, je laisse entière liberté à mes lecteurs de se<br /> forger leur opinion.<br /> <br /> <br /> Je n'ai pour ma part peu d'illusion sur l'intégrité syndicale et patronale de Sodexho france, j'ai travaillé pour la branche médicale, et ce n'est pas la panacée c'est clair.....<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caroleone<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Chère madame, cher monsieur,<br /> <br /> Je vous écris en réaction de l'article que vous retranscrivez Drôle de cuisine chez Sodexo.<br /> Je souhaite porter à votre connaissance quelques informations complementaire car il s'agit la moins d'une lutte syndicale que d'une tentative de destabilisation médiatique menée par un syndicat<br /> américain qui n'a de syndicat que le nom, et cherche à manipuler tout son monde derrière lui, syndicats français compris.<br /> <br /> Bref, à mon sens, toutes ces attaques contre Sodexo sont issues du syndicat américain SEIU qui veut faire presion sur l'entreprise pour la contraindre à renier les autres organisations syndicales<br /> (aux Etats-Unis) et à faire de SEIU le seul interlocuteur. Ceci afin de s'assurer une confortable rente financière (SEIU c'est un budget de 300 millions de dollars par an). Enfin je dis syndicat,<br /> mais ça s'apparante plus a une entreprise avec sa propre logique.<br /> <br /> Bref tout ça pour dire que personnellement, je ne soutiens pas une organisation qui cherche à nuire au pluralisme syndical. D'autant plus que les procédés employés sont limites limite... SEIU<br /> base ses attaques sur un rapport écrit par l'organisation indépendante TransAFrica Forum. Cependant cette organisation n'est pas du tout indépendante puisqu'elle a reçu 45 000 dollars de la part<br /> de SEIU comme le montrent les comptes du syndicat. Par ailleurs, il apparait que ce rapport est un strict copier coller d'un précédent rapport écrit par SEIU lui même.<br /> <br /> Bref, je n'insiste pas, je voulais juste porter a votre attention ces quelques éléments qui n'ont pas échappé à Force Ouvrière:<br /> http://www.fosodexo.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=97:editorial-de-phillipe-besson-mai-2010&catid=21:accueil&Itemid=1<br /> <br /> Restons informés, il n'y a que comme cela que nous pouvons resté indépendants et objectifs<br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Martin Liorrel<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Bonsoir papy,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu sais, en France ce sont des pourris aussi, la restauration scolaire c'est une catastrophe et les magouilles règnent !<br /> <br /> <br /> Je bosse pour la partie restauration collective en mileu hospitalier et gériatrique( SHERPA en tant que prestataire), c'est un peu mon employeur, enfin jusqu'à la fin de la semaine !!<br /> <br /> <br /> Ensuite je reprends ma liberté, de penser, d'agir et de ne rien faire !!<br /> <br /> <br /> Bises et merci pour ta gentille visite.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Caroleone<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Une belle démonstration du mondialisme à la sauce libérale !<br /> <br /> <br /> Il est clair que cette entreprise n'hésitera à aucune forme de chantage à l'emploi si elle se trouvait condamnée à respecter la législation du travail !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comme pour les dictateurs, la justice devrait geler les avoirs de cette multinationale pour les redistribuer aux salariés exploités qui ont contribué à un enrichissement illégal de leurs patrons.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bizz,<br /> Le Papy <br /> <br /> <br /> <br />