Covid-19 : la vaccination dans les communautés indigènes n'est pas assurée

Publié le 12 Juin 2021

Le rapport régional révèle que la vaccination efficace contre le Covid-19 dans les communautés indigènes n'est pas assurée.

Servindi, 10 juin 2021 - Le "Rapport régional Peuples autochtones et vaccins Covid-19" présenté jeudi 10 juin révèle que la vaccination effective des communautés autochtones n'est pas assurée.

" Les États continuent de manquer d'informations désagrégées sur l'impact du COVID-19 sur les peuples autochtones et sur l'accès à la vaccination des individus, des communautés et des peuples autochtones. "

"Face à l'ouverture du processus de vaccination, le manque de données n'aide pas du tout à concevoir et à mettre en œuvre des stratégies adéquates pour les communautés indigènes", indique le rapport présenté par le Fonds pour le développement des peuples indigènes d'Amérique latine et des Caraïbes (FILAC).

Le document révèle qu'il y a eu très peu de progrès dans l'obtention d'informations désagrégées sur les personnes infectées ou tuées par le COVID-19 et également sur l'enregistrement des personnes autochtones vaccinées.

Le quatrième rapport a été préparé par l'Observatoire régional des peuples autochtones, une initiative de la FILAC, en collaboration avec la Plate-forme régionale autochtone contre la COVID-19 "Pour la vie et les peuples" et le Forum autochtone d'Abya Yala.

Ce n'est que dans certains pays - par exemple, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Guatemala, le Mexique, le Panama, le Paraguay et le Pérou - que les populations indigènes et certains secteurs particuliers tels que les médecins traditionnels ou les sages-femmes ont été inclus dans la population prioritaire pour recevoir des vaccins.

En ce qui concerne les données ventilées sur les personnes autochtones vaccinées, au Brésil, au 27 avril 2021, un total de 563 737 membres des peuples autochtones avaient été vaccinés, 314 737 avec la première dose et 249 190 avec les deux doses.

Aucune donnée officielle n'est disponible pour les autres pays de la région.

Difficultés d'accès aux vaccins pour les communautés autochtones

Les organisations indigènes de la région ont soulevé à plusieurs reprises dans différents forums les nombreuses difficultés qu'elles détectent dans le processus de vaccination contre le COVID-19.

Parmi elles, le manque de participation ou du moins de coordination entre les autorités étatiques et les peuples autochtones.

Il n'existe pas non plus de stratégies et de campagnes massives et interculturelles permettant aux communautés autochtones de disposer d'informations adéquates sur les différents aspects liés aux vaccins.

Au contraire, il existe de nombreuses actions connues de désinformation ou d'entrave à l'accès aux vaccins.

Les débats mondiaux sur les vaccins, leur sécurité et leur efficacité, leurs éventuels effets négatifs - souvent marqués par des intérêts commerciaux ou géopolitiques plutôt que scientifiques - ont suscité plus de méfiance que de certitude.

En outre, de multiples rapports font état de campagnes anti-vaccins appelant à éviter l'inoculation pour diverses raisons, généralement non fondées.

De même, les exemples que l'on peut trouver où les droits collectifs des peuples autochtones, tels que ceux de la participation et de la consultation, ont été pris en compte et mis en œuvre dans le cadre des campagnes de vaccination sont exceptionnels.

On semble avoir oublié que c'est l'exercice de ces droits collectifs qui a empêché le virus de se propager et de toucher davantage de personnes, ce qui a profité non seulement aux peuples indigènes mais aussi à l'ensemble de la population du continent.

Stratégie d'immunisation interculturelle

La FILAC propose de s'orienter vers un modèle différent du modèle actuel, en ce qui concerne la vaccination, qu'elle a appelé Stratégie d'Immunisation Interculturelle dans laquelle l'immunisation ne commence pas par l'inoculation d'un vaccin.

Les habitudes alimentaires, les modes de vie, le traitement des maladies antérieures, entre autres, font partie de la liste des actions et des comportements qui aident à préparer les peuples autochtones à une maladie ou à un virus.

Il ne s'agit pas seulement de vaccination. La stratégie d'immunisation interculturelle va beaucoup plus loin, car même dans le meilleur des scénarios, l'application de vaccins ne permettra pas de relever entièrement les défis posés par le virus.

Le rapport souligne que, pour diverses raisons, le rythme de la vaccination n'est pas idéal, de sorte que d'autres actions de protection doivent nécessairement être maintenues et, si nécessaire, approfondies.

Recommandations

Le rapport recommande de prendre en compte les aspects suivants lors de la conception et de la mise en œuvre des campagnes de vaccination :

  • Les institutions publiques de santé et les agences internationales doivent inclure des programmes et des stratégies spécifiques pour les peuples indigènes,
  • Il est nécessaire de mettre en place des stratégies et des campagnes de vaccination culturellement adaptées, qui tiennent compte et respectent les langues locales et les dimensions sanitaires des peuples et des communautés eux-mêmes. Sans cela, il est fort probable que la vaccination de masse échoue ;
  • Les autorités, les organisations et les leaders autochtones doivent être intégrés dans la conception et la mise en œuvre des stratégies et des campagnes de vaccination,
  • L'autonomie territoriale et les caractéristiques de la vie des peuples autochtones doivent être prises en compte.

Téléchargez le rapport complet en cliquant sur le lien suivant :

https://indigenascovid19.red/wp-content/uploads/2021/06/informe-acceso-a-vacunas.pdf (anglais, PDF, 123 pages).

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 10/06/2021

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Santé, #Coronavirus

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