Les afro-mexicains
Publié le 25 Septembre 2016
Jeunes filles de Cuajinicuilapa
By AlejandroLinaresGarcia - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19115036
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On les appelle parfois afromexicanos, afrodescendants ou mexicains noirs.
Il s'agit d'un groupe ethnique composé d'immigrants d'origine africaine au Mexique et de descendants d'esclaves qui vivent presque essentiellement dans la Costa Chica de Oaxaca et de Guerrero, le Veracruz et certaines villes du nord du Mexique.
Estimation de la population en 2015 : 1.381.853 personnes
L'histoire des noirs au Mexique est bien moins connue que celles des autres afro descendants d'Amérique latine.
Ils sont peu nombreux, se sont unis à d'autres groupes ethniques et le Mexique a pour tradition de définir comme un métissage le mélange de cultures.
zambos (homme noir et femme indigène)
By English Wikipedia (http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Zambo.jpg), Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1145959
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Le Mexique avait un commerce d'esclaves actif à la période coloniale et environ 200.000 africains ont été amenés.
Les esclaves qui étaient le plus souvent des hommes ont été mariés à des femmes autochtones.
Certains colons espagnols avaient aussi des unions avec des femmes esclaves et ils ont élaboré un système de castes classant mes gens par mélange racial.
La progéniture des couples métis était divisée en 3 groupes : les mestizos pour les espagnols blancs et indigènes, mulâtres pour les espagnols blancs et noirs, et zambos ou zambaigos pour les noirs et indigènes.
Après l'indépendance, cette notion a été supprimée.
Cette longue histoire de mariages entre mestizos et mexicains indigènes s'exprime dans le recensement de 2015 qui est le premier de l'histoire du Mexique a prendre en compte la population afro descendante et où l'on y apprend que 64.9% soit 896.829 des afro mexicains sont identifiés comme autochtones, 9.3% des afro mexicains parlent une langue indigène, que 1.2% de la population du Mexique a une ascendance africaine importante.
esclaves noirs avec Hernan Cortes et la Malinche
Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1663361
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Provenance, terre d'Afrique
Les africains amenés au Mexique venaient le plus souvent de l'ouest du Soudan et de l'ethnie Bantoue.
Les esclaves au début venaient du Cap-Vert et de Guinée puis ils vinrent d'Angola et des îles Canaries.
Le premier esclave africain apporté au Mexique est dit Juan Cortés, c'est un esclave qui accompagnait Hernan Cortés en 1519. Selon les anthropologues mexicains, 6 noirs ont pris part à la conquête espagnole de l'empire aztèque.
Le Mexique n'a jamais été une société fondée sur l'esclavage comme cela a pu être le cas aux EU et dans certaines îles des Caraïbes mais son économie a fait utiliser des esclaves pendant de nombreuses années de la période coloniale.
Les descendants mulâtres étaient utilisés de même que les esclaves.
C'est au cours des années 1580/1640 que la demande en esclaves se fait pressente car la population indigène a fortement diminué en raison des maladies infectieuses des premiers contacts.
Les secteurs économiques les plus demandeurs en cette main d'œuvre étaient ceux de la production de sucre, les mines. Après 1640 la demande devient moins importante et la couronne espagnole semble avoir coupé les contacts avec les marchands d'esclaves portugais dès lors que le Portugal a gagné son indépendance.
Au cours de la période coloniale suivante; les esclaves travailleront des la production sucrière mais aussi dans les usines textiles et comme employés domestiques dans la ville de Mexico. Les prix des esclaves diminuent vers 1650 et au 18e siècle les esclaves d'usines sont remplacés par des autochtones souvent endettés.
Au recensement colonial de fin 1792, les esclaves sont presque inexistants.
Des révoltes
Il va y avoir au Mexique comme dans les autres régions d'Amérique des révoltes d'esclaves ou des rébellions comme la première qui a lieu dans l'état de Veracruz en 1537.
Des noirs marrons ou cimarrones ont fui dans les hautes terres entre Veracruz et Puebla et se sont ensuite répartis dans le Guerrero et l'Oaxaca au sein de la Costa Chica. Ils ont formé des colonies, les palenques pour combattre les autorités espagnoles.
La plus célèbre révolte est celle dirigée par Gaspar Yanga, lui et les siens ont combattu pendant 40 ans les espagnols jusqu'à ce que l'on reconnaisse leur autonomie en 1608.
San Lorenzo de los Negros (ou Yanga de nos jours) est la première communauté de noirs libres dans les Amériques.
danza de los diablos
By AlejandroLinaresGarcia - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48028365
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Afrodescendants de la Costa Chica
La Costa Chica ou petit côte en espagnol s'étend d'Acapulco à la ville de Puerto Angel à Oaxaca sur la côte pacifique du Mexique.
Ce n'est pas une région touristique en dehors des plages de Marquelia et Punta Maldonado dans le Guerrero, la zone isolée du reste du pays a incité les esclaves fugitifs à y trouver refuge quand c'était nécessaire. Cette région possède encore une forte identité liée au passé africain avec des danses, des chansons et autres formes d'art. La traditionnelle Danza de los diablos est dansée le jour des morts dans la région avec des costumes, des masques sauvages et de la musique rythmée.
pêcheurs à Cuajinicuilapa
De AlejandroLinaresGarcia - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19114856
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Jusqu'à peu les maisons étaient encore construites avec de la boue et du chaume, ressemblant beaucoup aux constructions du Ghana et de Côte d'Ivoire.
Il y a des villages noirs ou pueblos negros" dans la région comme Corredero ou El Guerlo en Oaxaca mais le plus important est Cuajinicuilapa dans l'état de Guerrero, une ville très marginalisée et pauvre où est concentrée une population afro mexicaine et qui possède un musée des cultures afrométisses bien documenté sur l'histoire et la culture de la région.
Les afromexicains vivent en compagnie d'autres groupes indigènes dont on peut citer les Amuzgos, les Mixtèques, les Tlapanèques ou Me'Phaa, les Chatinos.
Dans cette région les afromexicains préfèrent le terme de negro pour les désigner mais certains préfèrent celui de moreno et quelques autres se désignent comme mestizos.
Les afromexicains ont ceci de commun avec les indigènes, c'est qu'ils sont méprisés par les populations à descendance européenne et sont de même ignorés de l'état.
La stigmatisation sociale, le racisme associé à la couleur de la peau provoque chez certains afromexicains la honte et la négation de leur négritude au lieu de l'accepter comme une fierté.
carnaval de Coyolillo
By Manuel González de la Parra - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=30523256
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L'état de Veracruz possède aussi un certain nombre de villages noirs comme Mandinga, Matamba, Mozambique et Mozomboa, Chacalapa, Coyolillo, Yanga et Tamiahua.
A Coyolillo il y a chaque année un carnaval afrocaribéen, festival de danse.
Les descendants d'africains semblent dans le Veracruz plus dispersés largement dans la population générale mais leur culture est toujours vive. Elle s'exprime dans les rythmes, la poésie improvisée, les pratiques magiques, la nourriture, la musique dont la Bamba.
encacahuatado
Veracruz a une cuisine issue du métissage avec des ingrédients espagnols, indigènes, africains dont on peut citer les encacahuatados, une boisson alcoolisée le tonito, des bonbons à Tlacotalpa, la salsa macha, le mole poblano, les empanadas, le barbacoa (barbecue).
Dans le nord du Mexique il y a quelques afro descendants à Coahuila et à la frontière avec le texas.
Un groupe en particulier était les Mascogos ou Séminoles noirs composé d'esclaves en fuite et de noirs libres de la Floride avec des Séminoles et des Kickapous. Les descendants sont installés autour de la ville d'El Nacimiento dans le Coahuila.
source : wikipédia
fillette de Punta Maldonado -Guerrero
By AlejandroLinaresGarcia - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19115037
Voces de Mujeres de la Costa Chica de Guerrero y Oaxaca
Producción: Instituto Nacional de Antropología e Historia - INAH SINOPSIS: La orilla del mar, lugar simbólico de la esclavitud y la migración forzada. Guerrero y Oaxaca, territorios de los pueb...
documentaire en espagnol
Guerrero , indigènes et afro mexicains en lutte contre la marginalisation - coco Magnanville
LE GUERRERO EN QUELQUES DONNEES La montaña Lorsque l'on veut découvrir le Mexique en sortant des sentiers battus, on laisse de côté les plages d'Acapulco et de Puerto Vallarta, oh ! combien cé...
http://cocomagnanville.over-blog.com/article-cocomagnanville-ouvre-ses-portes-a-l-ann-83733875.html
un article plus ancien pour compléter