Mexique : Le peuple Chatino

Publié le 16 Août 2016

De w:hr:Suradnik:Zeljko - http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Chatinochildren.jpg, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1426076

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Peuple autochtone du Mexique qui vit dans le sud-est de l’Oaxaca.

Autodésignation : kitse cha’tño

Langue : chat’ña, langue proche du zapotèque de la famille des langues oto mangues (23.000 locuteurs) Il existe 4 dialectes.

Population : 42.477 personnes

Groupe zapotèque

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Les municipalités autour de Juquila :

Santos Reyes Nopala, San Juan Quiahije, San Miguel Pnixtlahuaca, Ppanixtlahuaca et Nopalanixtlahuaca, Santiago Yaitepec, Santa Cruz Zenzontlepec, San Juan Lachao, Santa Maria Temaxcaltepec, Santa Catarina Juquila, Tataltepec de Valdés.

Ils vivent dans une région riche en ressources, d’agriculture.

Le conseil des aînés est la principale autorité dans un système basé sur les rôles civils et religieux.

Ils vénèrent des éléments naturels, le st père soleil, la sainte mère terre, la sainte mère lune, le vent, la pluie, la montagne et le feu.

La fête la plus importante est le festival de la vierge de Juquila le 8 décembre qui est l’occasion d’un pèlerinage.

Le costume traditionnel est composé pour la femme d’une jupe colorée, d’un huipil brodé avec des motifs locaus, des fleurs ou des animaux.

Le tissage se fait encore sur un métier à tisser traditionnel dit de ceinture.

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Juquila

La culture principale est celle du maïs et des haricots ainsi que d’autres légumes.

Ils pratiquent l’élevage, la chasse et la pêche en activités complémentaires.

Le café est cultivé à l’extérieur des terres près des côtes ainsi que la culture des fruits.

Le tourisme est important surtout à Puerto Escondido.

Le sanctuaire de Santa Catarina Juquila avec une statue de la vierge Marie est vénéré depuis le 16e siècle.

Sur cette vignette du codex Zouche-Nuttall Huit-Cerf est représenté à droite. Au-dessus de lui on peut voir le glyphe de son nom : huit points et une tête de cerf

Par Inconnu — http://juxtlahuaca.org/esp/index.php?action=view&id=126&module=newsmodule&src=%40random42979da2728b3, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=779824

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Histoire

Les Chatino auraient rompu politiquement et culturellement parlant avec les Zapotèques de Monte Alban.

Ils auraient formé en 1011/1063 une alliance avec Huit-Cerf-Griffe d’Ocelot, le roi Mixtèque qui étendait sa domination dans la Mixteca et le royaume côtier de Tutupec.

image « Indian collecting cochineal » par José Antonio de Alzate y Ramírez (1737 – 1799). — Newberry Library: Vault Ayer MS 1031. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons -Xocoyotzin

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Au moment de la conquête de Tutupec par Pedro de Alvarado en 1522, les Chatino étaient encore les sujets tributaires des Mixtèques.

La population avant le contact était d’environ 250.000 personnes.

En 1544 après deux épidémies la populations tombe à 35.000 personnes et elle chute encore les 100 années suivantes.

Les Chatino prennent leur place dans l’économie planifiée par les espagnols en tant que producteurs de cochenilles pour fabriquer le colorant rouge carmin qui avait alors une grande valeur y compris pour l’exportation.

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En 1896 les Chatino lancent une insurrection qui s’appelle « la guerre des pantalons ».

Les Chatino comme les autres peuples autochtones sont continuellement dépossédés de leurs terres par le gouvernement et lorsque le gouverneur de l’état d’Oaxaca augmente les impôts, les Chatino de San Juan Quiahije, Tepenixtlahuaca, Panixtlahuaca et Nopala se révoltent. Ils identifiaient leurs ennemis au fait qu’ils portaient des pantalons alors qu’eux portaient toujours leurs vêtements traditionnels. Cette révolte est réprimée brutalement par les troupes fédérales et cela révèle bien les tensions qui existaient alors à cette période de la révolution de 1910.

Dans les années 1930/1950, les paysans sont sollicités pour prendre des crédits pour planter du café sur leurs terres communales ce qui va privatiser leurs terres et engendrer des conflits dans les communautés.

Sources : wikipedia, everyculture.com

CHATINOS

 

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Traduction carolita du site de l'INPI

Autodénomination et tronc linguistique

Ils s'autodésignent kitsé cha'tnio, kitse cha'tña et kitse tsa'jnya, dans les trois cas le sens littéral est similaire : "parole travaillée", "parole difficile", ou "travail des mots". Leur langue, avec six variantes linguistiques, appartient à la famille des langues oto-mangues.

Langue

Le chatino ou cha' jna'a est un groupe linguistique qui appartient à la famille oto-mangue.  Il est parlé dans l'Etat d'Oaxaca. Il est très proche du groupe linguistique zapotèque. Le recensement de 2010 a enregistré 47 327 locuteurs. Il existe six variantes :

1. chatino occidental alto/ cha’ jna’a (non immédiat)
2. chatino occidental bajo/ cha’ jna’a (moyen)
3. chatino central/ cha’ jna’a (central)
4. chatino oriental bajo/ cha’ jna’a (moyen)
5. chatino oriental alto/ cha’ jna’a 
6. chatino de Zacatepec/ cha’ jna’a(de Zacatepec)

Le chatino de Zacatepec est classé comme une variante à haut risque de disparition ; le chatino occidental bajo et centralt sont à risque moyen de disparition, et les autres variantes sont à risque non immédiat.

Localisation et zone écologique

Les Chatinos vivent dans le sud-ouest de l'État d'Oaxaca. Leurs établissements couvrent une partie de la bande côtière et une autre partie de la Sierra Madre Sur, ainsi qu'une partie à l'est du district de Juquila, avec huit municipalités à forte population de Chatino, et une partie sud-ouest du district de Sola de Vega, où seule la municipalité de Santa Cruz Zenzontepec est Chatino. Les établissements sont situés dans trois zones écologiques : la zone de plaine, de zéro à 800 mètres d'altitude, dans la municipalité de Santos Reyes Nopala, où la végétation correspond à des forêts et des mangroves ; la zone de moyenne altitude, de 800 à 1600, avec une forêt de feuillus et de mésophylles ; et la bande montagneuse, qui dépasse 1800, avec des associations forestières de pins et de chênes. Le climat varie de chaud humide à chaud sub-humide dans les zones de basse altitude, et de chaud humide à chaud sub-humide dans la partie montagneuse. La région est un complexe hydrologique alimenté principalement par les rios Atoyac et Verde, dont les affluents forment un réseau de courants allant des hautes terres à l'océan Pacifique.

Histoire

Dans la zone côtière, il y a des traces de la culture Chatina qui remontent à 400 avant J.-C. Il y a environ 300 ans, les Mixtèques dominaient le royaume Chatino. Pendant la conquête espagnole, Tututepec a été établie comme capitale des régions mixtèques et zapotèques. Pendant cette période, deux épidémies, de variole et de rougeole, ont miné la population de la place, ce qui a provoqué le déclin de son importance économique. En raison de l'inaccessibilité de la région Chatina et du manque de minéraux, leur unité culturelle est restée relativement isolée, bien que la structure politique et la religion des conquistadors aient été adoptées. La culture de la grana dans la région a atteint une importance économique en Europe, mais sans bénéficier à l'économie Chatina.
Les Chatinos ont très peu participé au mouvement d'indépendance. Les lois de réforme ont affecté leur territoire, qui est passé aux mains des créoles, qui ont monopolisé les meilleures terres pour la culture. Après la chute économique de la grana, au milieu du XIXe siècle, la culture du café a commencé. Pendant le Porfiriato, la dépossession des terres communales indigènes s'est intensifiée. C'était une époque de grand essor pour le café. En raison de l'exploitation grossière, la population a augmenté trois fois entre 1875 et 1896, mais chaque mouvement a été réprimé. L'effondrement des prix du café en 1897, dû à la surproduction, a provoqué la vente de terres à bas prix, que les étrangers ont monopolisées.
Au début du XXe siècle, le maïs et les haricots étaient produits pour la subsistance, et le café, la canne à sucre, le coton, les fruits et autres cultures pour le marché. Pendant la Révolution, les Chatinos ont soutenu les factions zapatistes qui sont venues dans la région. Dans les années 50, la production de café a augmenté et sa culture a été promue parmi les paysans Chatino, donnant naissance à un groupe de petits producteurs liés à l'économie de marché.

Organisation sociale

Le noyau de base des Chatinos est l'unité domestique, composée d'une ou plusieurs familles apparentées, qui est la structure fondamentale de la production et de la consommation. Les hommes participent aux travaux agricoles, au pâturage, à la chasse, à la pêche et à la construction de maisons, tandis que les femmes s'occupent des tâches ménagères, s'occupent des animaux domestiques, transportent l'eau et le bois de chauffage, travaillent dans les jardins, collectent et transforment les produits artisanaux.
L'autel est l'espace le plus important de la maison, où ils accomplissent des cérémonies importantes comme la présentation des nouveaux-nés. L'appartenance à une unité domestique confère des droits et des devoirs à une personne, comme celui d'échanger et de recevoir une aide en cas de besoin.
Le compadrazgo est un lien qui renforce l'organisation familiale, il est établi dans les cas de baptême, de confirmation, de mariage, de bougie et d'élévation de la croix.
Le tequio ou travail communautaire est pratiqué pour des œuvres d'intérêt collectif.

Autorités

L'autorité traditionnelle a des classifications différentes selon la municipalité. Ainsi, à San Juan Quiahije, il existe quatre types de charges : les charges de rang, les charges hors rang, les charges religieuses et les charges de vie. Dans la première, par ordre d'importance, elle comprend le président et son suppléant, le maire unique et son suppléant, l'administrateur et son suppléant, le trésorier, six conseillers majeurs et quinze conseillers mineurs, le juge de la verge, le major du bâton, le juge de la voie, le lieutenant de police et les topiles, qui travaillent gratuitement. En dehors des rangs, les charges sont les suivantes : secrétaire, commissaire aux biens communaux, conseil de surveillance, comité d'école, comité de santé, comité pro-électrification, comité DIF, qui exercent tous des fonctions administratives. Le système des charges religieuses comporte un président de temple, des prières et des musiciens, qui fournissent également leurs services gratuitement.
Conformément à la coutume, l'assemblée communautaire élit les bureaux municipaux et agraires. Cependant, par-dessus toutes les fonctions, la plus haute autorité traditionnelle est le Conseil des anciens. Ses membres sont les dépositaires des coutumes, ils connaissent bien la vie politique et religieuse de la communauté, et ont l'autorité morale et le prestige conférés par leur parcours de vie et le service qu'ils ont rendu à leur communauté.

Religion et cosmovision

La religion Chatino, supposée catholique, contient des traits animistes d'origine préhispanique, syncrétisés avec des éléments de la religion catholique ; Dieu, la vierge, Jésus-Christ, la croix et les saints, ainsi que certaines festivités, ont été incorporés dans la vie religieuse du peuple Chatino. Néanmoins, avec la même ferveur que par le passé, les cérémonies de demande et d'action de grâce pour les pluies et les bonnes récoltes, ainsi que les rites de passage, de ceux liés à la naissance jusqu'aux funérailles, sont toujours célébrés.
Ainsi, les cérémonies et rituels actuels Chatino maintiennent un lien étroit avec les étoiles, principalement avec le Soleil et la Terre, mais aussi avec les plus hautes collines, les marais, les arbres les plus anciens et les rivières, tous intégrés dans leur vision cosmique de l'univers où la subsistance de l'être humain dépend de tous.

Dans leur cosmovision, le lien entre le social, le divin et la nature, les trois aspects essentiels qui déterminent l'harmonie de l'univers, est fondamental. Ainsi, à travers sa religion, l'individu est intégré à sa famille et à son groupe communautaire, les relations de l'homme avec son environnement sont régies et les règles de conduite personnelle et collective sont établies. Leurs  divinités sont représentées par des étoiles et des phénomènes naturels. On peut citer Ho'o Kwicha ou Jo'o Kucha, le saint père Soleil, identifié au Dieu catholique, l'Être suprême qui donne la vie, et Ma' Kusú, la sainte mère Terre ou sainte grand-mère, qui représente la fertilité et symbolise à son tour la mort. Sont également vénérés Hoo Ko', la sainte mère Lune, Kla 'kty, la déesse de l'eau, Ho 'o ti 'yu, le dieu de la pluie, Jo 'o ycua', les saints marais, Ho 'Kwi'i, le dieu du vent, Ho 'o ki, le feu sacré, et Ho 'o ki'ya, le dieu de la montagne. D'autre part, certaines sources, collines, grottes et rochers sont également considérés comme sacrés, comme la grotte de la colline Neblina et la colline Concha, conçues comme des portes d'entrée vers le monde souterrain, où habitent les âmes des morts.
Au fil des ans, certaines sectes protestantes se sont installées parmi les Chatinos, ce qui a généré des conflits au sein de certaines communautés.

Activités productives

Les activités productives fondamentales du peuple Chatino tournent autour de l'agriculture, de l'élevage et de l'extraction forestière. Les basses terres sont utilisées pour l'élevage extensif et l'agriculture commerciale, notamment de fruits tels que les agrumes, le nanche, la mangue, l'avocat, la banane, la sapote et la prune ; la zone d'altitude moyenne, pour la culture du café, un produit qui procure un revenu plus élevé à l'économie familiale ; tandis que, dans toute la région, le maïs, les haricots et les légumes sont cultivés pendant la saison des pluies pour l'autoconsommation.
La chasse et la pêche ont perdu l'importance qu'elles avaient il y a des années, en raison de la détérioration croissante des écosystèmes par une exploitation forestière excessive, l'ouverture des pâturages et la contamination des plans d'eau.
Afin de compléter l'économie familiale, les Chatinos migrent temporairement pour travailler à la récolte du café dans les fermes du district de Juquila ou pour travailler comme journaliers dans les plantations agricoles de la côte. Pendant ce temps, les membres de ce peuple indigène ont une carrière professionnelle et travaillent dans différents endroits à l'intérieur de la République mexicaine.

Fêtes


Dans la région, il y a environ 40 fêtes patronales. Chaque communauté célèbre également des rituels liés au travail agricole, des veillées, des fêtes de quartier ou de communauté. La seule fête régionale importante est celle du 8 décembre en l'honneur de la Vierge de Juquila, au sanctuaire de laquelle arrivent de nombreux pèlerins d'autres régions de l'État et du pays. La religiosité autour de cette vierge a son origine dans la période préhispanique et, selon la cosmogonie chatina, elle est associée aux rituels de fertilité et à la Sainte Lune ou Ho' ou Ko'.

Vêtements traditionnels

Le costume traditionnel des femmes se compose d'une jupe rouge qui descend jusqu'au dessous du genou, d'une ceinture brodée nouée à la taille, d'un châle blanc noué sur le côté gauche de l'épaule. La tenue est complétée par un collier rouge.
La tenue traditionnelle des hommes se compose d'un pantalon de couverture blanche, d'une chemise blanche à manches longues également faite de couverture et de sandales de pie de gallo.

Activité artisanale

La production artisanale Chatina se compose de textiles et de poteries. Cette dernière est pratiquée dans presque toutes les communautés, uniquement pour l'usage domestique, on y fabrique des pots, des comales et des casseroles. En ce qui concerne les textiles, le tissage et la broderie sont produits à Yaitepec, Quiahije et Nopala ; on y fabrique des blouses, des sacs à dos, des écharpes, des serviettes et des nappes. L'utilisation du métier à tisser à la taille est en train de disparaître. L'ixtle est utilisé à Zezontepec et Ixtapan pour la fabrication de hamacs, de cordes, de cordages et de filets.

ART

Médecine traditionnelle

Pour traiter diverses maladies, les Chatinos utilisent l'herboristerie, des extraits d'animaux et des rituels magico-religieux. Parmi les thérapeutes, il y a des guérisseurs, des sages-femmes, des animateurs de prières, des herboristes et des hueseros. Une maladie est diagnostiquée au moyen du pouls.
Les maladies surnaturelles sont le "come santo lumbre", qui se guérit par des prières et des offrandes au feu sacré, entité qui provoque la maladie, la "peur", le "mauvais air", la "muina" et le "mauvais œil". Pour soigner les maladies d'origine naturelle telles que la diarrhée, les battements de cœur, la dysenterie, la fièvre et la toux, on a fréquemment recours à l'usage domestique de plantes médicinales.

PHOTOGRAPHIES

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Chatino, #Peuples originaires

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