Justice et respect pour la commune autonome de San Juan Copala

Publié le 30 Octobre 2010


Au peuple exploité du Mexique et du monde,
À La Otra Campaña nationale et internationale,
Aux organisations solidaires de la lutte du peuple triqui,
À tous les organismes de droits humains indépendants,

L'autonomie dans la région triqui a été déclarée formellement en 2007,
avec le consensus de dix communautés ; elle a été établie dans le centre
cérémoniel de San Juan Copala, État d'Oaxaca. L'histoire du peuple triqui
nous raconte plus de cinq cents ans de résistance à la conquête et à
l'intervention de multiples organismes politiques, à travers la
colonisation interne et externe du système capitaliste, pour engendrer la
violence entre communautés triquis.

Auparavant avaient surgi de multiples tentatives parmi les Triquis pour
établir la paix dans la région, et ainsi pouvoir affronter la guerre
colonisatrice capitaliste. Dans les années 1970 a été créé le CLUB, puis
le MULT dans les années 1980 ; celui-ci a commencé à avoir une politique
différente en 2003 avec la formation du Parti d'unité populaire (PUP),
qu'on a voulu imposer malgré le principe de refus des partis politiques ;
c'est pourquoi plusieurs fondateurs du MULT ont formé le Mouvement
d'unification et de lutte triqui indépendant (MULTI), qui, après un accord
avec la population triqui, a lancé la formation de la Commune autonome de
San Juan Copala.

La Commune autonome est parvenue à arrêter la violence dans la région et à
freiner les assassinats pour un temps, c'est pourquoi l'autonomie a
suscité de la sympathie parmi les Triquis. En novembre 2009, l'État a
intensifié la répression au moyen d'un encerclement paramilitaire, opéré
par les directions du MULT-PUP et de l'Ubisort, qui a interdit le passage
à une caravane du Front des villages en défense de la terre (FPDT)
d'Atenco ; cela coïncide en outre avec les campagnes électorales pour le
renouvellement des municipalités en octobre de cette année-là. Après une
trentaine d'assassinats de 2008 jusqu'à présent à San Juan Copala, la
Commune autonome a été expulsée par plus de 500 hommes armés, soutenus par
les polices municipale et de l'État d'Oaxaca, le 13 septembre 2010 ; les
maisons ont été pillées, détruites, incendiées.

C'est à cause de ces faits que la Commission interaméricaine des droits
humains (CIDH) "… a demandé à l'État mexicain de prendre des mesures de
protection en faveur de 135 Triquis de la Commune autonome de San Juan
Copala - toutes et tous expulsés - face aux agressions des groupes
paramilitaires" ("La Jornada" du 10 octobre). Mais le 16 octobre une
embuscade a été tendue à des Triquis déplacés de la communauté, deux
personnes ont été assassinées et deux autres grièvement blessées, malgré
les mesures de protection.

Depuis qu'a surgi la Commune autonome de San Juan Copala, la stratégie de
lutte a toujours été pacifique, et l'orientation celle de mener la lutte
sans répondre à la violence par la violence.

L'assassinat du dirigeant du MULT Heriberto Pazos correspond à la
politique répressive de l'État et à des intérêts politiques qui cherchent
à continuer à exploiter, à réprimer, à coloniser. Après avoir attaqué
l'autonomie, ils veulent à présent exterminer tout vestige de la lutte
triqui, en attaquant cette communauté dans sa majorité, sans s'occuper de
son affiliation ou de ses positions politiques, en ayant davantage de
justifications pour continuer à réprimer la Commune autonome.

Nous n'oublions pas les assassinats de Teresa Bautista, Felicitas
Martínez, Héctor Antonio Ramírez, Elías Fernández de Jesús, José Celestino
Hernández, Beatriz Alberta Cariño, Jiry Jaakkola, Timoteo Alejandro
Ramírez (dirigeant moral de la communauté triqui), Tleriberta Castro,
Antonio Ramírez, Antonio Cruz, Rigoberto González, Pedro Santos, David
García, Paulino Ramírez, Serafín Ubaldo Zurita, Teresa Ramírez, perpétrés
entre la fondation de la Commune autonome et aujourd'hui.

Aucun d'entre eux n'a mérité l'attention de l'État pour qu'on leur assigne
des gardes du corps ni même un mot du gouverneur, que ce soit du sortant
(l'assassin Ulises Ruiz) ou de celui qui s'apprête à assumer le poste
(Gabino Cué).

Nous rendons l'État responsable de n'avoir pas empêché le massacre à
Copala et d'avoir assassiné un dirigeant du MULT, car seul quelqu'un
disposant des moyens suffisants a pu se jouer de la sécurité d'Heriberto
Pazos. De son vivant, celui-ci avait formé le Parti d'unité populaire
(PUP) qui a participé à des alliances avec le PRI et a certains liens avec
le PAN, et dans ses déclarations il s'était opposé au projet d'autonomie.

Nous nous prononçons contre le fait que cet assassinat d'État serve de
prétexte aux autorités et aux paramilitaires pour continuer à massacrer, à
harceler et à menacer les sympathisants de la Commune autonome dans les
communautés, et ceux qui se trouvent dans les campements des villes
d'Oaxaca et de Mexico.

Nous exigeons que les mesures de protection soient étendues à toutes
familles de la Commune autonome, et qu'elles soient réellement appliquées.

Justice pour San Juan Copala !
Non à l'impunité, châtiment des coupables matériels et intellectuels des
assassinats !
Respect de la Commune autonome de San Juan Copala !

Comité Défense et Justice pour la Commune autonome de San Juan Copala
28 octobre 2010.

Traduit par el Viejo.

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #indigènes et indiens

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article