Pérou : Purús : Malnutrition des enfants indigènes

Publié le 9 Août 2022

Les taux de malnutrition chez les enfants du district dépassent les moyennes nationales. La revalorisation des aliments traditionnels serait une réponse à ce problème, qui a également des raisons culturelles.

Servindi, 5 août, 2022 - En raison des pénuries alimentaires et du manque de ressources économiques, le district de Purús affiche des chiffres de malnutrition chronique chez les enfants qui dépassent de loin les moyennes locales et nationales.

Ceci est détaillé dans le diagnostic "Approximations de la situation sanitaire dans les zones frontalières", qui étudie le cas de cette localité d'Ucayali, où plus de la moitié de la population est indigène amazonienne.

En l'absence d'une approche interculturelle adéquate de la santé, le rapport souligne la nécessité d'intégrer les organisations autochtones dans la gestion et la prise de décision concernant les services de santé.

Il convient de rappeler qu'au cours des derniers mois, les représentants indigènes de la région ont demandé au gouvernement d'accorder une attention urgente à leurs demandes en matière de santé, de services de base et de communication.

Parmi les peuples vivant dans le district, on trouve les Cashinahua (Huni Kuin), Sharanahua, Madija, Mastanahua. Matsigenga, Asháninka, Ashéninka, Amahuaca, Marinahua et Yine. (voir des articles pour chacun de ses peuples  ICI )

Culture et nutrition

Parmi les problèmes de santé les plus répandus dans le district figure la malnutrition des enfants, explique le diagnostic.

En 2021, 40,3 % des enfants de moins de 5 ans ayant consulté les établissements de santé de Purús pour des indicateurs anthropométriques souffraient de malnutrition chronique, soit le deuxième chiffre le plus élevé au niveau régional.

Les facteurs culturels jouent un rôle inquiétant dans ce problème de santé. Les changements liés à la colonisation de l'Amazonie et à l'expansion des frontières économiques ont eu un impact sur les modes de vie et de santé de la population indigène, selon le diagnostic.

Dans ce sens, la supérieure Reyna Escate Pérez, de la congrégation des " Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul ", a indiqué que les programmes sociaux du gouvernement ont fini par être inefficaces.

Bien que la congrégation religieuse soit davantage axée sur l'éducation, elle a pu observer la situation sanitaire et nutritionnelle, qui est liée à l'éducation adéquate des enfants de la région.

Comme elle l'a souligné, les programmes destinés à la nutrition des mineurs tels que Qali Warma ne fonctionnent pas car ils ne sont pas adaptés à la situation économique et culturelle de la population du district.

Ainsi, les produits livrés par l'Etat peuvent être revendus au lieu de remplir l'objectif de nourrir une population enfantine dont la nutrition est gravement affectée.

Entre-temps, avec les aliments transformés, les enfants s'habituent à "manger autrement" et une alimentation équilibrée est négligée.

"L'État devrait venir ici pour voir ce dont les gens ont vraiment besoin", a-t-elle déclaré.

Étant donné les taux élevés de malnutrition parmi la population indigène, la promotion des aliments traditionnels a été sauvée comme stratégie pour améliorer la nutrition et la santé de ces groupes.

Problème général, attention particulière

Il convient de rappeler que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) reconnaît l'importance de travailler en coordination avec les peuples autochtones, en reconnaissant et en utilisant les connaissances ancestrales pour parvenir à éradiquer la faim.

Compte tenu du risque accru d'insécurité alimentaire et de malnutrition auquel ils sont confrontés, la politique de la FAO relative aux peuples indigènes et tribaux souligne que ces derniers ont un rôle clé à jouer dans la promotion de régimes alimentaires durables et de systèmes alimentaires résilients.

Bien que la dénutrition soit un problème qui touche l'ensemble de la région, les particularités de chaque cas doivent être prises en compte afin de développer de nouvelles stratégies.

En 2015, une étude publiée dans le Pan American Journal of Public Health, portant sur la situation sanitaire et nutritionnelle des enfants de l'Amazonie péruvienne, a indiqué que pour réduire les inégalités en matière de santé dans la région, il est nécessaire d'accorder une attention particulière à la population indigène.

Cette attention s'est traduite par une augmentation significative des infrastructures d'eau et d'assainissement, la conception de stratégies d'intervention différenciées en fonction de la réalité géographique et culturelle de chaque zone, et la promotion du dialogue interculturel.

En outre, il a été proposé d'articuler ces actions avec celles d'autres secteurs étroitement liés tels que l'éducation, l'agriculture, la production, entre autres.

L'étude a également souligné la nécessité de concevoir et de mettre en œuvre des programmes adaptés à la réalité locale.

Entre-temps, les communautés indigènes du district de Purús continuent d'exiger que leurs demandes soient satisfaites.

Données

Le diagnostic "“Aproximaciones a la situación de salud en zonas de frontera" (Approximations de la situation sanitaire dans les zones frontalières) a été élaboré par Cinthya Cárdenas et Leonardo Cortez, spécialistes en anthropologie médicale, et analyse les cas des districts de Purús (Purús, Ucayali) et Río Santiago (Condorcanqui, Amazonas).

L'étude conclut qu'il n'existe pas de politique de santé globale dans les zones frontalières et formule des recommandations.

Vous pouvez accéder au résumé du rapport en cliquant sur le lien suivant : Aproximaciones a la situación de salud en zonas de frontera

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 05/08/2022

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