Pérou : 13 ans après le massacre de Bagua, l'agenda des droits est toujours en suspens

Publié le 7 Juin 2022

Servindi, 5 juin 2022 - Le Groupe de travail sur les peuples autochtones du Coordinateur national des droits de l'homme rappelle à l'État péruvien l'agenda des droits en suspens qu'il a avec les peuples autochtones, 13 ans après le conflit de Bagua.

En tant qu'expression de la société civile organisée, elle rappelle que le 5 juin 2009, les peuples indigènes amazoniens ont protesté contre l'approbation de décrets législatifs qui violaient divers droits collectifs des communautés amazoniennes.

Le conflit, qui a endeuillé le pays et fait 33 morts et un disparu, a révélé une dette pendante de l'État péruvien envers les peuples indigènes qui n'a toujours pas été satisfaite.

L'agenda comprend, entre autres, la reconnaissance territoriale, la protection des défenseurs autochtones, les institutions, la justice, la consultation préalable, la santé, l'éducation et la protection des peuples en situation d'isolement.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué complet :  

 

Lettre ouverte à l'État péruvien et aux médias

La société civile organisée se souvient aujourd'hui du massacre de Bagua, qui a eu lieu le 5 juin 2009, alors que les peuples indigènes protestaient contre le gouvernement pour l'approbation de décrets législatifs qui violaient divers droits collectifs des communautés amazoniennes. Dans ce sens, nous rappelons une fois de plus cette date et nous rappelons à l'État péruvien l'agenda des droits en suspens qu'il a avec les peuples indigènes :

1. D'une part, l'État péruvien doit améliorer son système de protection des défenseurs autochtones des droits de l'homme. Nous demandons également que justice soit rendue aux victimes et que leurs familles obtiennent réparation, et nous exigeons une plus grande efficacité des mécanismes de protection des victimes et des témoins du ministère public à l'attention des défenseurs indigènes des droits de l'homme.

2. Face aux déversements constants de pétrole en Amazonie et sur la côte, l'État péruvien doit prendre des mesures efficaces pour l'assainissement de l'environnement et la réparation des victimes de ces crimes environnementaux, mais aussi pour la punition des responsables avec la mise en œuvre adéquate de mesures préventives.

3. L'État péruvien doit avancer dans la mise à jour de la base de données des communautés indigènes, y compris les informations socio-économiques, sanitaires et éducatives qui permettront à l'État et aux citoyens de prendre de meilleures décisions concernant les politiques et les plans d'action multisectoriels au service de cette population.

4. Nous demandons à l'État péruvien d'avancer dans les processus bloqués de titrage et de pleine reconnaissance des territoires autochtones, en développant une surveillance efficace et en investissant davantage de ressources à ces fins.

5. Nous exigeons que les processus de consultation préalable soient réellement préalables, libres et informés, garantissant les meilleures conditions pour le plein exercice de ce droit avec transparence et sans restrictions.

6. Que l'information sur l'avancement des groupes de travail et des tables rondes techniques avec les autochtones développe une information publique avec des rapports d'avancement basés sur des indicateurs mesurables et vérifiables afin d'assurer un suivi efficace des accords conclus.

7. Il est nécessaire de garantir des politiques d'attention aux femmes, aux jeunes et aux enfants autochtones, avec un accès adéquat à des informations spécifiques et un budget qui réduise les écarts existants.

8. Nous demandons une plus grande attention au respect de la loi n° 28736 pour la protection des peuples autochtones en situation d'isolement et de premier contact (PIACI).

9. En ce qui concerne la traite des êtres humains et le travail forcé, en particulier en Amazonie, qui touchent les femmes et les jeunes autochtones, nous demandons une protection accrue et des mécanismes de prévention.

10. Enfin, une plus grande attention doit être accordée aux programmes d'éducation bilingue interculturelle et de santé interculturelle, pour la formation de professionnels de l'éducation et de la santé issus des communautés elles-mêmes, avec les compétences, le nombre et l'équipement nécessaires pour une attention de base à ces droits.

Amazonie péruvienne, Andes et Côte, 5 juin 2022.

Groupe de travail sur les peuples indigènes
du Comité national de coordination des droits de l'homme

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 04/06/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Massacre de Bagua, #Justice

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