Australie : Les Aborigènes de Tasmanie

Publié le 25 Avril 2022

Aboriginal people on Cape Barren Island, about 1940 (AOT, PH30/1/6675)

Peuple aborigène de l’île australienne de Tasmanie qui est située au sud du continent australien.

Tout au long du XXe siècle, ils ont été largement et à tort considérés comme un groupe ethnique éteint et qui avait intentionnellement été exterminé par les colons blancs. Pourtant les chiffres contemporains en 2016 font état d’un nombre de personnes d’ascendance aborigène de Tasmanie, variant selon les critères utilisés pour déterminer cette identité allant de 6000 à plus de 23.000 personnes.

Autres noms :  palawa, pakana

 

Histoire

 

By Robert Hawker Dowling - Robert Dowling | Group of Natives of Tasmania, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12635841

Leurs ancêtres sont arrivés en Tasmanie il y a 40.000 ans par un pont terrestre entre l’île et le reste de l’Australie pendant la dernière période glaciaire.

Une fois que le niveau de la mer inonda le détroit de Bass, les personnes sont restées isolées pendant au moins 8000 ans jusqu’à l’époque de l’exploration européenne à la fin du XVIIIe siècle et début du XIXe siècle. Jusque dans les années 1980, on pensait que la Tasmanie n’était occupé que relativement récemment mais la découverte de gisements vieux de 19.000 ans à Kutikina cave (Fraser cave) démontre l’occupation des hautes terres à la période glaciaire.

En 1990 des archéologues fouillent les matériaux dans la grotte Warreeen dans la vallée de la rivière Mawxell au sud-ouest prouvant l’occupation aborigène dès 34.000 avant JC faisant des aborigènes tasmaniens la population la plus méridionale du monde à l’époque du Pléistocène.

Indigènes sur la rivière Ouse, Van Diemen's Land par John Glover , 1838. By John Glover - cAForG2Em1wndw at Google Cultural Institute maximum zoom level, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22148282

Chronologie des migrations

La Tasmanie a été colonisée en vagues successives d’aborigènes du sud australien lors des maxima glaciaires lorsque la mer était au plus bas. Les archives archéologiques, géographiques et linguistiques suggèrent un schéma d’occupation successive de la Tasmanie et la fusion de 3 groupes ethniques ou linguistiques en un seul grand groupe. Les colons européens ont trouvé 2 principaux groupes linguistiques en Tasmanie à leur arrivée ce qui est en corrélation avec les divisions plus larges de la nation ou du clan.

Groupe du Pléistocène Palawa : premier groupe ethnique et linguistique tasmanien absorbé ou déplacé par les invasions successives, à l’exception d’un groupe restant dans la péninsule de Tasman. La population absorbée dans l’est de la Tasmanie et combinée avec des locuteurs victorians ont formé le groupe linguistique mara dans l’est de la Tasmanie.

Locuteurs de Furneaux : ils déplacent les Palawa dans le nord-est de la Tasmanie jusqu’à Orford et eux-mêmes disparaissent absorbés dans le groupe linguistique mara, qui est un composite du Pléistocène palawa, furneaux et victorian.

Locuteurs de Nara : ils envahissent l’île et sont repoussés à l’ouest de la Tasmanie. Ils correspondent à la nation occidentale des aborigènes tasmaniens.

Après la montée de la mer qui crée le détroit de Bass, le continent australien et la Tasmanie deviennent des masses terrestres distinctes et les aborigènes qui avaient migré de l’Australie continentale sont coupés de leurs cousins du continent.

 

Le littoral de la Tasmanie et de Victoria il y a environ 14 000 ans, alors que le niveau de la mer montait, montrant certains des sites archéologiques humains  By Tirin also known as Takver - www.takver.com - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5131965

 

Le premier contact avec des européens

 

Abel Tasman Par Jacob Gerritsz — http://www.abeltasman.org/kabinet.html[1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17550

  • On attribue à l’européen Abel Jansen Tasman la découverte de la Tasmanie en 1642 qu’il nomme Van Diemen’s land. Il ne rencontre aucun aborigène.
  • 1770 : exploration française de Marc-Joseph Marion du Fresne qui visite la Tasmanie. Il entre en contact avec des aborigènes, un contact tout d’abord amical mais les aborigènes s’alarment quand ils voient un autre bateau envoyé vers leur rivage. Ils envoient des pierres et des lances aux français qui répondent par des tirs de mousquet tuant au moins un autochtone et en blessant d’autres.
  • 1792/1793 : expédition française de Bruni d’Entrecasteaux

Arra-Maïda est rencontrée par l'exposition de Baudin en 1802 sur les rivages de l'île Bruny Par Charles Alexandre Lesueur et Nicolas-Martin Petit — Bibliothèque nationale de France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2970504

  • 1802 : expédition française de Nicolas Baudin.
  • Les deux expéditions nouent des contacts amicaux avec les autochtones.
  • 1777 : premier contact britannique connu avec les aborigènes de Tasmanie qui a lieu sur l’île Bruny par le capitaine Cook. Contact pacifique.
  • 1788 : William Bligh visite l’île Bruny, le contact est pacifique.

ile Bruny Par JJ Harrison (https://www.jjharrison.com.au/) — Travail personnel, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5758644

  • Fin des années 1790 : des contacts plus étendus ont lieu avec des chasseurs de phoques britanniques et américains qui visitent les îles du détroit de Bass et les côtes du nord et de l’est de la Tasmanie. Des chasseurs de phoques établissent des camps et des colonies semi permanents sur les îles. Ils ont des relations commerciales avec les aborigènes échangeant des denrées qui attirent les aborigènes comme la farine, le thé, le tabac contre des peaux de kangourou. Les chiens deviennent également très prisés des aborigènes. Seulement un commerce de femmes se met en place, les femmes étaient hautement qualifiées dans la chasse au phoque, l’obtention d’oiseaux de mer et des tribus de Tasmanie échangeaient leurs services pour la saison de la chasse aux phoques. D’autres femmes sont vendues, les chasseurs de phoques font des raids le long des côtes pour enlever des femmes autochtones et tuent des hommes dans le processus.
  • En 1810 le nombre de phoques est considérablement réduit par la chasse. Les chasseurs abandonnent la région mais des chasseurs renégats, des condamnés évadés et d’ex condamnés restent sur l’île et s’établissent avec des femmes aborigènes. Les raids et le commerce des femmes autochtones contribue à l’épuisement rapide du nombre de femmes indigènes dans la région nord de la Tasmanie et contribue de manière significative à la disparition de la population autochtone de sang pur de Tasmanie. Une communauté d’origine aborigène tasmanienne métisse se forme néanmoins sur les îles où elle demeure jusqu’à présent et de nombreux aborigènes de Tasmanie retracent leur descendance des communautés déplacées du 19e siècle du détroit de Bass.
  • 1803/1823 : 2 phases de conflit se déroulent entre les aborigènes et les colons britanniques au sujet des ressources alimentaires communes (kangourous et huitres). Le 2e conflit a lieu en raison des enlèvements de femmes autochtones comme partenaires sexuelles par les colons (agriculteurs et chasseurs de phoques, baleiniers).
  • 1816 : l’enlèvement d’enfants autochtones pour le travail devient monnaie courante.
  • Après 1823 : les maladies introduites par les européens et contre lesquelles les aborigènes n’avaient aucune protection en raison de leur isolement font des ravages dans la population et sont cause d’infertilité chez les femmes (peut-être en conséquence des maladies vénériennes). On attribue la quasi disparition de ce peuple à ces épidémies.
  • 1825/1831 : guérilla aborigène à cause de l’expansion pastorale rapide, l’épuisement du gibier indigène, l’augmentation rapide de la colonie.

Tarenorerer

  • 1828 : Guérilla menée par Tarenorerer, de la tribu Tommeginer qui a étudié les techniques de combat des colons et appris à des guerriers improvisés à manier les armes à feu. (En savoir PLUS)
  • 1828 : massacre de Cape Grim. Un groupe d’aborigènes tasmaniens rassemblant de la nourriture sur une plage du nord-ouest de la Tasmanie est pris en embuscade par 4 travailleurs de la Van Diemen’s land company. Environ 30 hommes sont tués dans l’attaque qui était une action de représailles pour un raid autochtone antérieur sur un troupeau de moutons de la compagnie.

Mannalargenna mène des actes de guérilla contre les soldats et les policiers britaniques durant la "guerre noire"

  • 1828/1832 : guerre noire (black war) et ligne noire de 1830. Tournant dans les relations avec les colons européens et même si des aborigènes arrivent à éviter d’être capturés lors de ces évènements, ils sont ébranlés par l’ampleur des campagnes menées contre eux et se laissent convaincre de déménager sur l’île Flinders.

Guerre noire Benjamin Duterrau - Timmy, un autochtone de Tasmanie, lançant une lance  By Benjamin DUTERRAU (1767 - 1851) (Australia)Born in London, Britain. Died in Hobart.Details of artist on Google Art Project - 4QGx8cQTxA82mw at Google Cultural Institute maximum zoom level, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23601029

  • Fin 1831 : 51 premiers autochtones sont amenés sur l’île Flinders pour être réinstallés, seulement cette île est soumise aux vents, elle a peu d’eau et sa terre n’est pas propice à la culture.
  • Janvier 1832 : 44 autres résidents capturés sont amenés sur l’île et des conflits éclatent entre groupes tribaux. Un nouveau camp est installé avec soi-disant de bonnes conditions de vie. Il est connu sous le nom de Wybalenna (maison d’hommes noirs).
  • L’organisation sociale, le mode de vie traditionnel sont détruits, les maladies étrangères, les tentatives de civilisation provoquent la mort d’aborigènes.

 

Truganini By https://en.wikipedia.org/wiki/Truganini#/media/File:B(1871)_p187_TASMANIA,_THE_LAST_OF_THE_ABORIGINALS_(LADY).jpg

  • 1876 : mort de Truganini, une femme aborigène de Tasmanie qui avait aidé à la réinstallation sur l’île de Flinders. Cette mort donne naissance au mythe selon lequel le peuple aborigène de Tasmanie a disparu.

L’identité aborigène reste présente dans le groupe des îles Furneaux parmi les descendants de femmes aborigènes et de chasseurs de phoques européens.

Cette communauté est concentrée sur l’île de Cape Barren où une réserve a été établie en 1881 pour les « métis » comme sont désignées les personnes de race mixte victimes de discrimination alors que leur identité aborigène leur était niée.

  • Années 1970 : un mouvement pour les droits des aborigènes de Tasmanie prend de l’ampleur, il est mené par des activistes qui s’identifient clairement comme aborigènes plutôt que comme descendants d’aborigènes. L’objectif du mouvement dépasse la reconnaissance de l’identité aborigène pour s’orienter vers la poursuite des droits fonciers.
  • Avec l’adoption de la loi sur les terres aborigènes de 1995, le gouvernement de Tasmanie a commencé à rendre à la communauté aborigène de Tasmanie le contrôle de lieux importants (la majeure partie se trouve sur l’île de Cape Barren) en 2005.
  • Lors du recensement de 2011, plus de 19.000 tasmaniens se sont identifiés aborigènes, mais des différents ont surgi au sein de la communauté aborigène sur l’authenticité de certaines de ces revendications.

 

By Benjamin Duterrau (1768–1851) - File:Last of the tasmanians.djvu, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19330787

Définition législative

En juin 2005, le conseil législatif de Tasmanie a introduit une nouvelle définition de l’aborigène dans la loi sur les terres aborigènes. Le projet de loi a été adopté pour permettre aux élections du conseil des terres aborigènes de commencer à savoir qui était aborigène et éligible au vote. Une personne selon cette loi peut revendiquer l’aborigénéité tasmanienne si elle répond à tous les critères suivants : ascendance, auto-identification, reconnaissance par la communauté.

Indemnisation du gouvernement pour les « générations volées »

Le 13 août 1997, une déclaration d’excuses spécifiques aux retraits d’enfants aborigènes a été publié soutenue à l’unanimité par le parlement de Tasmanie qui est devenu le premier état du territoire australien à offrir une compensation aux générations volées des aborigènes retirés de force à leur famille par des agences gouvernementales australiennes et des missions religieuses entre 1900 et 1972. Jusqu’à 40 descendants d’aborigènes de Tasmanie devaient être admissibles à une indemnité de l’ensemble de 5 millions de dollars.

Organisation sociale

Il y avait deux hiérarchies : l’unité domestique ou groupe familial et l’unité sociale ou clan (comprenant 40 à 50 personnes). Aucune preuve n’existe pour étayer une organisation politique plus large.

C’était à l’origine un peuple nomade qui vivait sur des territoires adjacents se déplaçant en fonction des changements saisonniers, des ressources alimentaires comme les fruits de mer, les mammifères terrestres, les légumes et les baies indigènes.

Selon Ryan (1996) la population de Tasmanie comptait 9 nations composées de 6 à 15 clans chacune. Chaque clan comprenait 2 à 6 unités familiales élargies qui étaient parentes. Les clans individuels s’étendaient sur une frontière nationale avec des rites d’entrée élaborés exigés des visiteurs.

 

Les nations de Tasmanie By Martyman, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2933602

Les nations aborigènes de Tasmanie

 

La nation Paredarerme ou Oyster Bay

 

700 à 800 personnes

C’était la plus grande nation qui avait de bonnes relations avec la nation de Big River.

Clans

  • Leetermairremener, St Patricks Head, St Mary’s
  • Linetemairrener, nord de Great Oyster bay
  • Loontitermairrelehoimer, nord d’Oyster bay
  • Toorenomairrener, Schouten passage
  • Poredareme, Little Swanpost
  • Laremairremener, Grindstone bay
  • Tyredderme, Maria island
  • Portmairremener, Prosser river
  • Pydairrereme, péninsule de Tasman
  • Moonmairremener,Pittawater, Risdon
  •  

Great Oyster bay By Joern Brauns - uploaded by the photographer, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=72871

 

La nation du Nord-Est

7 clans

500 personnes

Elle avait de bonnes relations avec la nation Ben Lomond.

Elle avait un accès saisonnier aux ressources de la côte nord-est.

Clans

  • Peeberrangner, près de Port Dalrymple
  • Leenerrerter, région de Boobyalla river
  • Pinterrairer, Musselroe
  • Trawlwoolway, Big Musselroe, Mont William
  • Pyemmairrenerpairenner, Piper’s river, great forest river
  • Leenthmairrener, Great Russelroe river
  • Panpekanner, Eeddystone point, Cape Naturaliste
  •  

Boobyalla à gauche des dunes de sable sur Ringarooma Bay By Graeme Bartlett - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8950951

 

 

La nation du Nord

4 clans

200/300 personnes

Le pays contenait les mines d’ocre les plus importantes de Tasmanie. Ils échangeaient l’ocre avec les clans voisins et passaient une partie de l’année dans le pays de la nation du nord-ouest pour la chasse au phoque, le ramassage des coquillages pour les colliers. En échange la nation du nord-ouest avait accès aux mines d’ocre.

Clans

  • Punnilerpanner, Port Sorell
  • Pallitorre, Quamby bluff
  • Noeteeler, Hampshire hills
  • Plairhekehillerplue, Emu bay

 

Port Sorrel By Gary Houston - Own work, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21792689

 

 

La nation Big River

400/500 personnes

5 clans

 

Les clans

  • Leenowwenne, New Norfolk
  • Pargerminghe, Clyde
  • Braylwunyer, Ouse et Dee rivers
  • Larmairrenener, ouest de Dee
  • Luggermairrenerpairrer, Great lake

 

New Norfolk By JJ Harrison (https://www.jjharrison.com.au/) - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6225525

 

La nation North Midland

Ils occupaient la plaine du Midland, une zone géographique formée d’une vallée de horst et graben soumise aux inondations lacustres d’eau douce. Le paysage était plat et fertile source de nourriture importante pour les peuples. La nation était probablement composée de plusieurs clans, 3 divisions claniques majeures sont décrites dans la littérature ethnographique.

300 personnes environ

Langue dite mairremenner (parlée également par les nations Ben Lomond et nord-est).

Clans

  • Letteremairrener, Port Dalrymple
  • Panninher, Norfolk plains
  • Tyerrernotepanner, Campbell town

 

La nation Ben Lomond

3 clans

150/200 personnes

Ils occupaient 260 km2 d’une campagne entourant le plateau de Ben Lomond.

3 noms de clans sont connus

  • Plangemaireener, sud-est du plateau Ben Lomond, St Mary’ plains
  • Plindermairhemener, sud-ouest du plateau Ben Lomond
  • Tonenerweenerlarmenne, haut South Esk valley

Ils chassaient le long des vallées des rivières South Esk et North Esk. Ils avaient des relations étroites avec les clans voisins de la côte est et du nord des Midlands.

 

Launcester By Diego Delso, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12613466

 

La nation du Nord-Ouest

400/600 personnes (avant le contact avec les européens)

8 clans

Bonnes relations avec la nation du nord.

Clans

  • Tommeginer, Table cape
  • Parperlonhener, Robbin’s island
  • Pennemukeer, Cape Grim
  • Pendowte, Studland bay
  • Peerapper, West point
  • Manegin, Arthur river mouth
  • Tarkinemer, Sandy cave
  • Peternidic, Pieman river

Table cape By Gary Houston - Own work, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28688614

 

La nation de la côte Sud-ouest

 

Clans

  • Mimegin, Macquarie harbour
  • Lowreenne (Toogee), Low Rocky point
  • Minene, Port Davey
  • Needwonnee, Cox bight

Macquarie harbour By M. Murphy - Own work, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1722469

 

La nation du Sud-Est

 

Risdon cove est la première colonie tasmanienne au sud-est du pays.

Elle a compté jusqu’à 10 clans. Seuls 4 groupes de 160 à 200 personnes ont été officiellement enregistrés comme source principale par Robinson (1829). Ils avaient une relation hostile avec les habitants d’Oyster bay (attaques pour kidnapper des femmes). Truganinni était une femme Nuenonne de l’île Bruny. Son nom dans sa langue était Lunawanna-Alonnah.

Clans

  • Mouheneenner, Hobart
  • Nuenonne, Bruny island
  • Mellukerdee, Huon river
  • Lyluequonny, Recherche bay

 

Isthme de Bruny island By Bob T - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=69707130

Culture des aborigènes de Tasmanie

 

Avec la dépossession des terres et l’incarcération des aborigènes à Wybalenna et Oyster cove, la culture aborigène est fortement perturbée. Une grande partie des connaissances traditionnelles disparaissent et ce qu’il en reste est entretenu sur plusieurs générations, tout d’abord par les épouses autochtones des chasseurs de phoques des îles Furneaux. Pour autant la culture aborigène n’est pas du passé et continue de s’exprimer de façon unique.

Mythologie

Un des mythes de création fait référence à deux divinités créatrices, Moinee et Droemerdene, les enfants de Parnuen, le soleil et de Vena la lune (Haynes 2000, p.53-90).

Moinee est le créateur primitif qui forme la terre et les rivières de Tasmanie et façonne le premier homme incarné à partir d’un esprit résistant dans le sol. Cette forme ressemble à un kangourou et les aborigènes ont pris comme totem le kangourou, Moinee créa alors le kangourou qui sortit comme le premier homme du sol.

La mythologie aborigène rapporte dans l’histoire orale que les premiers hommes ont émigré par voie terrestre d’un pays lointain et que la terre a ensuite été inondée (écho sans doute de la migration du peuple tasmanien de l’Australie continentale vers la Tasmanie alors péninsulaire et la submersion du pont terrestre après la dernière période glaciaire).

Spiritualité

Selon certains chercheurs, il y avait une croyance en une sorte de cosmos manichéen avec un esprit « bon » et « mauvais » délimité par le jour et la nuit. Milligan décrit un esprit créateur appelé Tiggana marrabona (l’homme du crépuscule) et certains êtres surnaturels associés à la création (Worms 1960).

Ils croient en une vie spirituelle après la mort. Les esprits des morts voyagent vers un endroit au-dessus de la mer, situé à l’extrême nord-ouest appelé Moo-ai.

Coutumes funéraires

Les morts peuvent être incinérés ou enterrés dans un arbre creux ou une tombe rocheuse selon la coutume du clan.

Culture matérielle

Utilisation du feu

Ils préféraient stocker le charbon dans une écorce enveloppée dans le but d’allumer des incendies. Lorsque cette source de flammes était éteinte, ils essayaient d’obtenir le feu avec des clans voisins. Cela a donné naissance au mythe que les aborigènes tasmaniens avaient « perdu » la capacité de faire du feu. Ils utilisaient le feu pour se chauffer, pour cuisiner, pour durcir les outils et nettoyer la végétation afin d’encourager et contrôler les troupeaux de macropodes.

Chasse

Il y a 4000 ans, ils abandonnèrent en grande partie le poisson à écailles de leur régime alimentaire et commencèrent à consommer plus de mammifères terrestres (opossums, kangourous, wallabies) utilisant des outils en os puis en pierre aiguisée. Le poisson n’a jamais été une grande partie de leur alimentation se classant après les crustacés et les phoques.

Fabrication de paniers

La vannerie est un artisanat traditionnel qui s’est perpétué dans l’art contemporain. Les paniers avaient de nombreuses utilisations : transport de la nourriture, coquillages, ocre, des outils, des ustensiles de cuisine. Le matériau utilisé était des fibres végétales, du varech, des peaux d’animaux. Les paniers en varech étaient utilisés pour transporter l’eau et servaient de récipient à boire.

Les plantes étaient sélectionnées pour produire des bandes de fibres solides, fines et étroites d’une longueur appropriée pour fabriquer des paniers.

Art du collier de coquillages

Lola Greeno (Trawlwoolway people, Tasmania), Necklace, 2001, maireener shells. Rhianon Vernon-Roberts Collecton, Art Gallery of South Australia

Cette tradition culturelle est importante chez les femmes aborigènes qui utilisent les colliers comme parures, comme cadeaux et comme marques d’honneur ou maintenant comme objet de commerce. La fabrication de colliers date d’au moins 2500 ans, c’est l’une des rares traditions Palawa restée intacte et poursuivie sans interruption avant la colonisation européenne.

Après la colonisation européenne, les colliers ont également été vendus ou échangés contre de la nourriture, des vêtements et d'autres fournitures essentielles. Aujourd'hui, les artistes sont souvent chargés de créer des colliers pour des musées, des galeries et des collectionneurs privés.

Les premiers explorateurs européens ont remarqué la beauté de ces trésors et l'estime dans laquelle ils étaient tenus. Le naturaliste français Jacques Labillardière , voyageant avec l'expédition d'Entrecasteaux de 1791–94, a observé des femmes portant «des cordes de coquillages en spirale bleu nacré brillant sur la tête nue».

En 1802, son compatriote Jean-Baptiste Leschenault de la Tour, botaniste de l'expédition Baudin de 1800-1804, reçoit un collier « de petits coquillages de nacre scintillante, enfilés sur un petit cordon d'écorce et d'herbe » par un homme de l'île Bruny que Leschenault croyait être un chef.

Les artistes de l'expédition Baudin Charles-Alexandre Lesueur et Nicolas Petit ont tous deux dessiné des colliers de coquillages. Le portrait de Petit de Baraourou, un jeune homme de l'île Maria, le montre portant un collier serré.

D'autres images des XVIIIe et XIXe siècles montrent des Aborigènes de Tasmanie portant des colliers, notamment une photographie prise vers 1866 de la leader porte-parole Truganini, qui fabriquait également des colliers.

Certains colliers sont conservés dans la collection du National Museum of Australia.

Les coquilles utilisées sont celles de l’escargot phasianotrochus irisodontes (maireener, coquille de varech ar-en-ciel) , hélas, en raison du changement climatique, cette espèce est devenue plus rare.

Ocre

Ocre sur le territoire du clan leenerreter

C’est une ressource naturelle et culturelle importante pour les communautés aborigènes de Tasmanie. Les femmes autochtones dans la tradition avaient le rôle exclusif d’obtenir l’ocre. Aujourd’hui des hommes aborigènes continuent de respecter la coutume culturelle traditionnelle en n’obtenant l’ocre que des femmes. L’ocre de Tasmanie varie du blanc au jaune en passant par le rouge. Il a de nombreuses utilisations y compris le marquage corporel cérémoniel, la coloration de produits artisanaux, les formes d’art. cet ocre est récolté sur des sites de Tasmanie dont le site le plus célèbre est Toolumbunner dans la chaîne Gog, dans le nord-ouest. Sur les terres du clan Pallitorre a lieu une réunion tribale célèbre et du commerce.

Cérémonie

Les cérémonies sont ponctuées de danses et de chants comme le coroborree reconstituant les contes traditionnels et les évènements récents, les batailles, les funérailles. C’est une occasion de peindre son corps en ocre.

Art pictural

Pétroglyphes ou art rupestre

 

Art rupestre à Preminghana

Le site le plus élaboré se trouve à Preminghana sur la côte ouest. D’autres sites intéressants sont à Bluff et Devonport ainsi qu’à Greenes creek.

Arts visuels

Les aborigènes de Tasmanie affirment leur identité et leur culture à travers les arts visuels. Cet art est exprime le point de vue autochtone sur l’histoire coloniale, les relations raciales et l’identité. Les thèmes récurrents dans l’art aborigène de Tasmanie sont la perte, la parenté, les récits de dépossession, la survie.

L’art est moderne, utilise les textiles, les sculptures, la photographie et intègre des motifs et des techniques anciens comme les colliers de coquillages ou les artefacts.

Source : wikipedia en anglais, national museum of australia

Rédigé par caroleone

Publié dans #Australie, #Tasmanie, #Aborigènes de Tasmanie, #Peuples originaires

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