Malaise et suicides dans l’Education nationale. 13 octobre 2011 à Béziers...

Publié le 23 Octobre 2011

 

 

 

 les-280-professeurs-du-lycee-jean-moulin-disent-plus-jamais.jpg

 

 

 

Les suicides d’enseignants se suivent et se ressemblent 

  

* Ce jeudi 13 octobre 2011, une professeure de mathématiques, âgée de 44 ans, s’est immolée dans la cour du lycée Jean Moulin de Béziers. Beaucoup d’articles de presse commencent par caractériser cette dame comme "très fragile psychologiquement". Cela me paraît diffamatoire et à ce titre attaquable en justice ; cela me paraît aussi passer à côté d’une réalité :de nombreuses professions placent aujourd’hui les salariés dans des conditions de travail où ils se retrouvent mis à nu, chacun pour soi dans des lieux trop collectifs. C’est le cas de l’enseignant devant sa classe. 

Cette dame avait accumulé bien des souffrances dans ses classes pour préparer aussi froidement un tel acte : annuler son cours, quelques minutes avant la récréation se placer sous le préau, calmement s’asperger d’essence, allumer... marcher en feu au milieu de la cour.


L’administration et l’IPR concerné avaient-ils connaissance de ses difficultés ? Ont-ils essayé d’intervenir ? Je ne sais ? 


* Les suicides d’enseignants se suivent sans entamer les certitudes de Chatel et consorts... Hérault en octobre, Isère en septembre, Guyane et Réunion en août, Charente en mai, Gironde en mars... pour citer quelques cas dont j’ai connaissance. 

Les suicides d’enseignants se ressemblent aussi : ils ont lieu de plus en plus sur le lieu de travail pour bien marquer la cause de cet acte désespéré. Il est vrai qu’ils concernent fréquemment les collègues les plus exposés : vacataires, contractuels, stagiaires, prof de lycée pro... 


Je lis dans un quotidien régional l’interview d’un collègue du lycée Jean Moulin " Son acte nous fait prendre conscience que les enseignants sont fragilisés... Les suppressions de poste, la surcharge dans les classes, le culte du résultat, les réformes à l’emporte-pièce, faites dans l’urgence... Tout cela met une pression supplémentaire" 

Le ministère de l’Education Nationale comme les recteurs, Inspecteurs d’Académie, IPR... pourraient tenter de cerner ce qui se passe, tenter de trouver des pistes de solution. Ils préfèrent rester dans le registre pitoyable de la communication. De toute façon, je sais par expérience personnelle que le sort des salariés constitue généralement le dernier de leurs soucis, comme pour tous les "managers" d’aujourd’hui.

Les médias mettent en cause les élèves qui seraient trop indisciplinés, trop peu travailleurs, trop peu ceci et cela. Sans nier ces réalités, je crois nécessaire de réfléchir à une question : peut-on être "civique" en dessous du seuil de pauvreté ? Quiconque connaît l’effondrement du niveau de vie dans les milieux populaires, quiconque connaît l’effondrement du niveau de vie des jeunes, quiconque connaît l’effondrement du nombre de postes dans l’Education Nationale comprend que la situation ne peut qu’être explosive.

Comment faire vivre une école républicaine quand l’enrichissement des riches et l’appauvrissement du reste de la population constituent le nec plus ultra des gouvernants comme c’est le cas depuis 2007 ?


Jacques Serieys

6) Une enseignante s’est immolée par le feu jeudi 13 octobre 2011 dans la cour de son lycée, à Béziers

Une prof à bout. Ce jeudi matin, une enseignante du lycée Jean-Moulin de Béziers (Hérault) s’est placée au centre de la cour de son établissement, avec un bidon d’essence à la main. Devant les élèves réunis pour la pause de 10h, elle s’est mise à crier, avant de s’asperger de carburant et de s’immoler par le feu. Le personnel de l’établissement, ainsi que des élèves ont alors tenté d’éteindre les flammes. « Les pompiers sont intervenus immédiatement. Cette professeur a été évacuée par hélicoptère peu après 11h00 », a expliqué la direction du lycée à Reuters. Brulée au troisième degré sur tout le corps, elle était encore consciente lors de son départ vers le service des grands brulés du CHU de Montpellier. Si son pronostic vital était encore engagé en fin de matinée, elle devrait selon le procureur de Béziers, « s’en sortir ».


De très nombreux élèves de ce lycée professionnel ont assisté à l’horrible scène. « Des dispositions sont en train d’être mises en place auprès des élèves et des professeurs pour gérer cette situation de crise », a précisé la direction de cet établissement, le plus important de la ville de Béziers, avec 1158 élèves et 162 professeurs. Une cellule psychologique a été mise en place, et tous les cours ont été annulés.


Que s’est-il passé dans la tête de de cette enseignante de 44 ans ? Elle n’aurait laissé aucun document permettant d’expliquer son geste, mais le procureur de la République de Béziers cité par le « Midi Libre », a évoqué une « tentative de suicide en lien avec l’activité professionnelle ». Selon les premiers éléments, elle était en conflit avec des élèves....


Clément Mathieu - Parismatch.com

5) Professeur : la profession la plus exposée au suicide... (par SUD-Education)

Face au malaise grandissant chez les enseignants, le syndicat Sud-Education 29 va mener une enquête en partenariat avec l’UBO pour « ouvrir la parole » dans l’Éducation nationale.

Les profs sont les plus exposés au suicide, 39 pour 100.000 », assure OlivierCuzon, de Sud-Education 29, qui se base sur une étude de l’Inserm. Des suicides qui font moins de bruit qu’à France Télécom, d’autant que perdure le cliché du prof heureux, toujours en vacances. « En l’absence de lieu de parole dans l’Éducation nationale, nous avons organisé des rencontres tout au long de l’année avec Cyril Labous, psychologue au CHU de Brest. Le compte rendu est édifiant », s’inquiète Sébastien Menes. Et le syndicaliste de poursuivre en dénonçant « l’accroissement du surmenage, de la charge de travail, de la paperasserie, des successions de réformes, des classes surchargées ». Bref, une accumulation de contraintes, « sans compter les suppressions de postes », qui fragilise les enseignants. « Ce ne sont pas les enseignants qui sont fragiles mais l’organisation, de plus en plus calquée sur celle des entreprises, qui les rend malades », rectifie Géraldine Lebagousse. « Quand les profs osent enfin exposer leurs problèmes, la hiérarchie leur reproche de manquer d’autorité. Et, de plus en plus, les licencie pour "insuffisance professionnelle". Ils ont le sentiment qu’on leur fait porter la responsabilité de l’échec scolaire », déplore Michel Boury.


Enquête d’envergure


Le travail mené par Sud-Education va se poursuivre à la rentrée par une enquête auprès de tous les enseignants. Ce questionnaire sera décortiqué par les chercheurs du département de sociologie de l’UBO, qui a elle-même vécu un suicide retentissant. « Nous nous appuierons sur cette enquête afin que le rectorat reconnaisse enfin la souffrance au travail ». En attendant, le syndicat organise simultanément, mardi à 20h30, dans ses locaux de Brest, de Quimper, et dans l’ancien lycée de Kernéguès, à Morlaix, une projection débat autour du documentaire « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés ».

4) Lycée professionnel de Montrouge (Hauts-de-Seine)

Mercredi 7 mars dernier, en fin d’après-midi, un jeune enseignant de 28 ans a mis fin à ses jours, sur les lieux mêmes où il travaillait, au Lycée professionnel de Montrouge. La nouvelle, qui s’est répandue dès le lendemain parmi l’ensemble du personnel et des élèves, a été ressentie comme un choc.


Il est bien sûr très compliqué de comprendre les raisons d’un geste aussi désespéré. Ses collègues, sensibles à son mal-être profond et ancien, lui apportaient depuis longtemps un soutien moral et une entraide au travail. Parmi les raisons de son geste, expliquées dans une lettre, le jeune enseignant a invoqué ses difficultés au travail.

Il n’y a donc pas qu’à Orange, France Télécom ou Renault que le stress professionnel peut pousser à bout. Les enseignants sont eux aussi soumis à des attentes de plus en plus grandes de la part de la hiérarchie, dans un contexte de suppressions de postes. Dans l’enseignement professionnel, comme dans l’enseignement général, les missions des professeurs se compliquent du fait même qu’ils sont moins nombreux. Il leur faut pallier le manque de surveillants et de personnel administratif. Avec la quasi généralisation du contrôle en cours de formation, c’est sur chaque enseignant devant gérer seul dans ses classes les évaluations donnant lieu à délivrance du diplôme, que reposent l’organisation et la responsabilité du bon déroulement des épreuves. Les programmes ne cessent de changer, de surcroît tous en même temps. C’est le cas notamment avec la mise en place du nouveau programme de bac professionnel en trois ans au lieu de quatre, qui donne lieu à une charge de travail supplémentaire. C’est aussi le cas des nouveaux programmes de CAP. Le suivi des élèves en stage est de plus en plus tatillon et nécessite plus de travail au moment où, en raison de la crise, les places de stagiaires diminuent. Les attentes des élèves, qui sont de plus en plus grandes face à un avenir offrant moins de perspectives, font aussi partie des difficultés supplémentaires qui s’accumulent sur les épaules des enseignants.


Ce suicide, comme d’autres, tels à Nancy en avril 2 010 ou à Condé, dans le Calvados en février dernier, illustre de façon dramatique le malaise au travail qui se répand chez les enseignants. Il pourrait bien se transformer en colère.


3) Malaise dans l’Education nationale : exemple de l’académie de Caen

« Depuis début janvier 2011, dans la seule académie de Caen, plusieurs personnes enseignants ou personnels ont mis fin à leurs jours ou ont tenté de le faire. » En s’adressant dans une lettre au ministre de l’Éducation, Luc Chatel, les enseignants du lycée Charles-Tellier de Condé-sur-Noireau (Calvados) évoquent le suicide d’un collègue début février. Mais aussi le décès, mi-janvier, d’un instituteur de la région de Granville (Manche) et la tentative de suicide d’un agent de service d’un lycée caennais qui avait évoqué « d’importants problèmes avec la hiérarchie », selon Michel Lelarge, un représentant du syndicat Sud...


Le rectorat« ne nie pas le malaise »


Au-delà des drames qui touchent des familles et des équipes, les enseignants s’interrogent sur les suppressions de postes, le sens de leur travail, l’évolution de leur métier, les tâches administratives toujours plus lourdes... « On nous demande la culture de la performance, avec moins de monde, moins de matériel. Ce n’est pas valorisant », remarque un enseignant de la Manche. Il reconnaît les difficultés de la profession « à s’adapter dans la morosité ambiante » et « un besoin de vider son sac avec, parfois, de l’agressivité dans les réunions internes ».

Le rectorat de Caen « ne nie pas le malaise », mais ne fait pas d’autre commentaire. Au ministère de l’Éducation, qui emploie près de 2 800 assistants sociaux, on rappelle que les comités d’hygiène et de sécurité vont bientôt se saisir des conditions de travail et des risques psychosociaux. Quelque 80 médecins prévention devraient être recrutés. Luc Chatel s’exprimerait sur ce malaise des enseignants dans les prochains jours.


Sébastien BRÊTEAU.



Source : http://www.ouest-france.fr/actu/act...


2) Le taux de suicide sur un an parmi les enseignants est de 39 pour 100000

Le Réseau des enseignants en résistance dénonce les conditions de travail dégradées. Ils réclament l’ouverture d’une enquête sur le stress des élèves et des professeurs.

Le chiffre est alarmant : 39 cas par an pour 100 000 enseignants, selon une étude épidémiologique de l’Inserm de 2002. Il s’agit donc de la profession la plus touchée, suivie de près par les fonctionnaires de police (35 pour 100 000).

Pour Sébastien Rome, instituteur et désobéisseur, il est urgent d’ouvrir le débat sur les conditions de travail : « Les enseignants sont face à un large public et les occasions de conflits se multiplient. On observe un désarroi croissant chez les profs. Au lieu de parler des problèmes rencontrés dans leur classe, ils se replient. Le questionnement reste individuel alors qu’il devrait être posé collectivement. La médecine du travail n’existe pas dans notre institution. » Autre donnée représentative du sentiment de défaillance : 93 % jugent leur profession dévalorisée et près de la moitié sont prêts à changer de métier. À cela plusieurs explications.


 Les professeurs manquent de reconnaissance. « Le métier n’a pas plus la même aura qu’avant. » Et les sentiments de culpabilité et de honte prédominent. « Nous nous sentons impuissants face à des situations sociales difficiles vécues par les élèves.

 L’exigence de réussite à tout prix des parents met une pression très forte sur les enseignants.

 Le désengagement de l’État fait perdre du sens à notre travail. »Si le tableau est sombre, les désobéisseurs refusent de se résigner. Ils proposent l’ouverture d’une enquête sur le stress des enfants et des enseignants dans l’école.


IXCHEL DELAPORTE


Source : http://www.humanite.fr


1) Suicides d’enseignants : des précédents depuis 2000

Dépêches de l’Education



Source : http://www.vousnousils.fr



Une enseignante de 45 ans s’est suicidée lundi par pendaison à l’intérieur du groupe scolaire Gambetta de Massy (Essonne).


Voici un rappel de quelques suicides d’enseignants depuis 2000 :


 17 mars 2000 : Un instituteur de 41 ans tue ses deux enfants puis se suicide dans le grenier de sa maison à Jublains (Mayenne).


 7 sept : Un enseignant en comptabilité, âgé de 34 ans, se suicide par défenestration depuis sa salle de classe d’un lycée professionnel de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).


 12 avr 2001 : Un instituteur d’une classe unique dans un village du nord de l’Alsace, âgé de 42 ans, se suicide en se jetant par la fenêtre de l’école alors qu’il allait être interpellé par les gendarmes. Il avait fait l’objet d’une plainte de parents d’élèves "pour des problèmes relationnels entre lui et certains des enfants".


 10 fév 2002 : Suicide d’un instituteur de 57 ans d’une école élémentaire privée de Valenciennes (nord), mis en examen deux jours plus tôt pour "atteintes sexuelles" sur mineurs de quinze ans. Il avait été placé sous contrôle judiciaire.


 août : Un ancien instituteur de l’école communale de Bayel (Aube) se suicide en se jetant sous un TGV à Guingamp (Côtes-d’Armor), où il était en vacances, après avoir appris l’envoi de lettres anonymes l’accusant de pédophilie.


 16 nov 2004 : Un instituteur de Limay (Yvelines) met fin à ses jours après avoir été mis en examen pour "agressions sexuelles" sur mineur de moins de quinze ans.


 26 sept 2005 : Un professeur de mathématiques d’un collège de Berre-l’Etang (Bouches-du-Rhône) accusé de viols sur mineurs est trouvé mort à la prison marseillaise des Baumettes où il était en détention provisoire depuis un an.


 8 jan 2007 : Un professeur du lycée d’Albert (Somme) tente de se suicider dans sa classe, avant le début des cours.


 4 mars 2008 : Une institutrice de 39 ans de l’école maternelle de Pauillac (Gironde), enceinte, se suicide au terme de plusieurs mois de tensions avec l’équipe pédagogique, les services municipaux et des parents d’élèves.


 7 mars : Un instituteur de 25 ans tente de se suicider à l’école de Brousses-et-Villaret (Aude) avant les cours.


 17 juil : Un enseignant d’histoire-géographie est retrouvé pendu à un arbre dans un bois à Fessy (Haute-Savoie). Début juin, il avait organisé une sortie au cours de laquelle un car avait été percuté par un train sur un passage à niveau à Allinges, causant la mort de sept collégiens et faisant 25 blessés.


 19 sept : Un professeur d’un collège de Saint-Michel (Aisne) se suicide chez lui quelques heures après avoir été placé brièvement en garde à vue à la suite d’une plainte d’un élève qui l’accusait de lui avoir donné un coup de poing, ce que l’enseignant avait toujours nié.

 

In Parti de Gauche Midi Pyrénées

 

 

 

 

SAUVONS L'ECOLE PUBLIQUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Travailleurs en lutte

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
<br /> <br /> Bonjour papy,<br /> <br /> <br /> La réalité des jeunes c'est notre réalité, ma motivation première de militante a toujours été la jeunesse parce que je suis révoltée de voir un gouvernement qui la méprise à ce point.<br /> <br /> <br /> Seuls les gouvernements progressistes qui ont mis la question de la jeunesse en avant et en priorité ont de l'avenir sur cette terre.<br /> <br /> <br /> Chez nous, on marche sur la tête, il n'y a pas une réforme , pas une loi qui soit sensée et juste.<br /> <br /> <br /> Les suicides sont le prix payé pour cette casse volontaire de la fonction publique et du malaise social.<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br /> caroleone<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Bonsoir Caroleone,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je ne peux que m'incliner devant ce bilan catastrophique et si réaliste.<br /> <br /> <br /> Conduire des travailleurs au suicide devrait relever du pénal et conduire les responsables en taule. Pour ma part, j'estime que ce sont des meurtres.<br /> <br /> <br /> Quiconque connaît l’effondrement du niveau de vie dans les milieux populaires, quiconque<br /> connaît l’effondrement du niveau de vie des jeunes, quiconque connaît l’effondrement du nombre de postes dans l’Education Nationale comprend que la<br /> situation ne peut qu’être explosive.<br /> <br /> <br /> C'est évident cependant les enseignants ne doivent pas être les boucs émissaires du mal vivre créé par les plus hauts responsables de notre pays.<br /> <br /> <br /> Nous devons continuer à nous battre pour mettre fin à ces crimes en série.<br /> <br /> <br /> Le terme "assassiner le service public" n'a jamais autant été aussi juste.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bizz,<br /> Le Papy <br /> <br /> <br /> <br />