Girouettes des métiers sur un poème de Federico Garcia Lorca
Publié le 17 Août 2012
Cueilleurs de pommes
Vent du Sud,
Brun, ardent,
Ton souffle sur ma chair
Apporte un semis
De brillants
Regards et le parfum
Des orangers. Tu fais rougir la lune
Et sangloter
Les peupliers captifs, mais tu arrives
Trop tard.
J’ai déjà enroulé la nuit de mon roman
Sur l’étagère !
Aubergiste
Batelier
Cabaretier
Sans nulle haleine,
Tu peux m’en croire !
Tourne, mon coeur,
Tourne, mon coeur.
Vent du Nord,
Ours blanc !
Tu souffles sur ma chair,
Tout frissonnant d’aurores
Boréales,
Avec ta traîne de spectres
Capitaines,
Et riant aux éclats
De Dante.
O polisseur d’étoiles !
Mais tu arrives
Trop tard.
L’armoire est vermoulue
Et j’ai perdu la clé.
Charpentier couvreur
Chausseur bottier
Chercheur de truffes
Sans nulle haleine,
Tu peux m’en croire !
Tourne, mon coeur,
Tourne, mon coeur.
Compagnon du tour de France
Eleveur d'ânes
Forgeron
Gardeuse d'oies
Jardinier
Brises-gnomes et vents
Venus de nulle part.
Moustiques de la rose
Aux pétales en pyramides.
Vents alizés grandis
Parmi les rudes arbres,
Flûtes dans la bourrasque,
Laissez-moi !
De lourdes chaînes suivent
Mon souvenir,
Et l’oiseau est captif
Qui dessine le soir
Avec ses trilles.
Laitière
Meunier
Les choses qui s’en vont ne reviennent jamais.
Tout le monde le sait,
Et dans le peuple clair des vents
Il est vain de se plaindre.
Pompes funèbres
Ramoneur
Restaurateur
N’est-ce pas, peuplier, doux maître de la brise ?
Il est vain de se plaindre !
Sans nulle haleine,
Tu peux m’en croire !
Tourne, mon coeur,
Tourne, mon coeur.
FEDERICO GARCIA LORCA
Juillet 1920
Fuente Vaqueros, Grenade.
Vannier
Merci à ma souffleuse d'idées, Almanitoo
Caroleone
Source : les girouettes des métiers ICI, Emmila gitana pour le poème de Federico