Brésil : Le peuple Kayapó

Publié le 16 Mars 2012

LES KAYAPO

 

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image David Lee Wilson

  "Le monde entier doit savoir ce qui se passe ici, il doit se rendre compte à quel point la destruction des forêts et des peuples indigènes signifie sa propre destruction.Leaders Kayapó"

 

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Situation géographique

Au Brésil, dans les états du Mato grosso et du Para au coeur de la forêt amazonienne se situe la réserve des indiens Kayapo qui a sa frontière délimitée et officialisée en 1993 par un décret présidentiel suite à la tournée mondiale du chef Raoni accompagné par le chanteur Sting et du cinéaste indigéniste Jean-Pierre Dutilleux.

Cette réserve est d'une surface de 195.000 km2, c'est la plus grande réserve des forêts tropicales de la planète.

C'est l'une des 17 nations qui résident dans la vallée  du Rio Xingu.

Au dernier recensement de 2003, la tribu comptait 7096 kayapos répartis dans de nombreux sous-groupes :

Kayapo gorotire, xicrin, metuktire, kuben kranken, txcucaramae.

Langue : jê-kaingang

La communauté est divisée en plusieurs catégories :

- meprire ( enfants de o à 13 ans)

- menoronyre ( de 13 à 20 ans)

- mekrare ( de 20 à 40 ans)

- mebataj ( de 40 à 60 ans)

- mêbêngêt ( plus de 60 ans)

Le chef du village coordonne toutes les activités et transmet les connaissances aux jeunes.

Les femmes et les enfants vivent séparés des hommes : elles ont leurs propres histoires, leurs pleurs, leurs chants qui différent de ceux des hommes.

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Habitat:

Il est constitué de huttes en rondins de bois et feuilles de palmes, organisé en camp circulaire dont le centre du village, nommé le Ngab est très important : les femmes s'y réunissent pour organiser les activités quotidiennes, les hommes y parlent de politique et font de l'artisanat.

Les habitations renferment uniquement les hamacs et les réserves de nourriture.

Ce peuple a une forte relation fusionnelle avec la nature comme tous les peuples indigènes, ils pensent que les êtres vivants, le cosmos, la nature, les animaux sont indissociables.

C'est un peuple de l'eau, le nom qu'ils se donnent MEBENGOKRE veut dire : peuple venu de l'eau.

Ils célèbrent l'élément eau dans un grand rituel d'initiation qui éprouvera leur résistance.

Mode de vie:

Ils vivent de chasse aux petit gibier ( oiseau, singe mais aussi tortues), de pêche avec des tiges de timbo, de cultures sur brûlis en pratiquant une gestion des ressources naturelles sur le long terme, ce qui vise à maximiser la production d'espèces utiles sans détruire l'écosystème.

Ils récoltent des bananes et des papayes ainsi que de patates douces et des tomates.

Les repas sont affaire des femmes ainsi que la culture du manioc et des plantes pour la cuisine, et la préparation du "genipapo" pour les peintures corporelles.

Indigènes des forêts pluviales, leur façon de cultiver est très judicieuse : une fois le site forestier choisi et défriché sur une dizaine de mètres, un champ circulaire est aménagé. Les arbres abattus sont laissés sur place, les cimes orientées vers l'extérieur de la surfce à cultiver. Ils y plantent des tubercules, pommes de terre, patates douces, manioc la première année ce qui stabilise le sol et fixe les nutriments. A la fin de la saison les arbres abattus sont brûlés pour fertiliser le sol. L'année suivant, des plantes comestibles sont semées selon les exigences : papate douce au centre, manioc mais aussi maïs, riz, haricots, papayes, bananes, coton qui aiment pousser en périphérie.

Chaque saison un champ supplémentaire est mis en culture, ils seront exploités chacun 7 années. Les plantes se superposent alors progressivement avec les espèces sauvages et au bout de 20 ans, la trouée se retrouve intégrée au niveau de la forêt pluviale.

Artisanat

Bijoux en perles

Vêtements:

Il est inexistant et prend sa symbolique dans les peintures corporelles qui sont constituées de bandes ou de rayures différentes selon les âges et les sexes.

Les femmes se peignent le visage et le corps avec des fleurs de palmiers et de fins stylets.

Rites et croyances:

C'est un peuple qui vénère les esprits au travers de nombreux rites :

- rituel d'appellation ( chaque indien possède de 5 à 30 noms en rapport bien souvent avec la nature)

- cérémonie après la chasse

- fête initiatique, le bemp

Les rivières et les menaces qui pèsent sur elles :

Elles furent menacées il y a quelques années par les chercheurs d'or avec leur mercure qui mettait en péril la population. Les invasions illégales de chercheurs d'or continuent malgré les quelques efforts réalisés pour les contenir mais il existe également des pénétrations illégales d'exploitants de bois et des éleveurs.

La forêt et sa diversité biologique                         

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image   Le recul de la forêt originale au Mato Grosso

Les Kayapo sont experts en connaissances végétales concernant plusieurs espèces dont le sucupira, le copaiba, l'urucum et les herbes contraceptives et les antidotes.

L'ethnologue Darrel Posey a travaillé avec cette ethnie et les a aidé à classifier leurs connaissances en étant assisté par le chaman José Yté Kayapo. Cette classification s'est étalée sur une période de 20 ans. Elles ont été arrêtées à la mort de Darrel Posey et n'ont pu reprendre faute de moyens.

Les Kayapo pensent que le remède contre le SIDA se trouve dans la forêt amazonienne et souhaitent développer un projet de laboratoire botanique sur leur territoire.

Il faut savoir que malgré les textes de loi visant à délimiter les territoires de chaque ethnie et en les reconnaissant comme leur patrimoine, cela n'empêche malheureusement pas les gros projets industriels ni les intrusions.

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      Sucupira

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Un danger imminent : LE BARRAGE BELO MONTE sur le Rio Xingu :

Forte mobilisation indigène

Les représentants Amérindiens du Xingu ont “ fait part au gouvernement brésilien de leur indignation et de leur position vis-à-vis des projets de grande envergure qu’il met en place et qui détruiront le Cerrado* et le sud de l'Amazonie”.

La déclaration issue de la rencontre d’Altamira met en évidence le danger que constitue ces barrages sur leur environnement et existence :

Nous sommes totalement opposés au barrage de Belo Monte - l'un des plus importants barrages en projet - car le Xingu représente notre vie. La mort du fleuve menace nos vies, notre avenir, notre peuple, nos enfants et nos petits-enfants. Toute intervention sur le Xingu entraînera la disparition du gibier et des poissons et affectera profondément nos terres et notre santé.

Nous peuples indigènes voulons vivre avec le fleuve Xingu. Son eau est source de vie et nous ne voulons pas mourir. Nous ne renoncerons pas à la vie et n'abandonnerons jamais notre lutte".
Nous sommes extrêmement préoccupés par le projet de construction d'un complexe de barrages hydroélectriques sur le fleuve Xingu. Si ce projet voit le jour, il portera atteinte aux peuples indigènes, aux communautés rurales, à la forêt et à sa biodiversité et affectera toute la vie du bassin du Xingu”

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     lien image, Le rio xingu

Le gouvernement et la compagnie d'électricité Eletronorte soient restés très silencieux sur ces projets et on pris le risque de ne pas respecter la Constitution brésilienne qui stipule que les communautés doivent être consultées pour tous les programmes mis en œuvre sur leur territoire.

Les Kayapó du haut Xingu, qui avaient réussi après une vaste campagne médiatique à faire stopper la construction de barrages en 1989, se mobilisent et ont annoncé que le gouvernement s'engagerait dans une guerre avec les Kayapó s'il persistait dans son projet de construction du barrage de Belo Monte. Ils ont également dénoncé le fait que Eletronorte et le président Lula n'ont jamais présenté le projet dans son intégralité, faisant remarquer que, lors des présentations publiques, il était toujours uniquement question du barrage de Belo Monte alors que le projet intégral comporte plusieurs barrages.

Par ailleurs, Eletronorte et le président Lula ne sont jamais venus rencontrer les communautés kayapó, ni celles d'autres régions, pour expliquer leurs projets ouvertement et en détail. Ils n'ont pas non plus ouvert aux Kayapó les discussions au Congrès national. Eletronorte et le président violent ainsi la constitution selon laquelle tout projet de développement impliquant de potentiels dommages aux territoires indigènes doit être examiné de concert avec les communautés concernées et que celles-ci devraient avoir la possibilité d'en discuter au niveau du Congrès.

L’an passé, les communautés du Xingu s’étaient mobilisées contre la construction en cours de la centrale hydroélectrique Paranatinga II sur un site sacré pour les peuples du Xingu (située à 100km des limites officielles du Parc du Xingu). Le 3 juin 2006, 150 représentants des 14 groupes du Xingu avaient occupé pacifiquement le chantier dans le but d’entraver la poursuite des travaux.
En 2005, le Ministère Public Fédéral avait, à l’issue d’une enquête publique, pris la décision de suspendre les travaux…mais la construction s’était poursuivie sans tenir compte de cette décision ministérielle.

*Cerrado : Nom local de la savane au Brésil. Le cœur de cette savane s'étend sur 1,5 million de km2, 2 millions de km2 en comptant les aires limitrophes.
C'est dans la région Centro-ouest du Brésil (Brasília, Goiás, Tocantins, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul et une partie de l'ouest de Bahia) que l'on trouve ce paysage composé principalement de petits arbres recroquevillés et d'herbes.
La biodiversité du Cerrado figure parmi les plus élevées de la planète.

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         image   Raoni Metuktire


Le site de Raoni

La pétition contre le barrage Belo Monte

Belo monte et les indiens d'Amazonie sur cocomagnanville

 

Mise à jour du 16 mars 2012

Le projet de barrage de Belo Monte est un projet controversé de barrage sur le rio xingu dans l’État du Para, au Brésil qui a, malgré les oppositions, obtenu le feu vert le 1er juin 2011 et dont la construction a débuté en janvier 2012.

Ce barrage est prévu depuis une trentaine d'années déjà et à été à plusieurs reprises reporté à cause des oppositions des indiens et des associations qui les défendent.

Le Brésil de Dilma Roussef a fait le choix du modernisme et de l'accès au confort pour des millions de brésiliens, il a fait le choix aussi des multinationales, ce choix est incompatible avec la préservation de l'environnement du poumon vert , il est incompatible avec la protection des peuples indigènes qui sont nombreux à habiter la forêt.

Dilma a tranché une question que Lula n'avait pas réussit à faire, à présent, devant les immenses enjeux, j'ai peu d'espoir que nos amis indiens obtiennent gain de cause et je ne peux qu'encourager l'opinion mondiale à soutenir ces valeureux combattants.

En mettant sur le devant de la scène leurs revendications, ils ne font pas que se défendre et défendre leur territoire, ils protègent notre environnement, les indigènes du monde entier en sont les protecteurs et les garant de l'écologie.

Je reste très partagée sur le choix des soutiens dont Raoni bénéficie, ces derniers ne sont pas des soutiens clairs comme je l'entends, ce qu'ils défendent d'un côté, ils le saccagent politiquement de l'autre comme de bonnes ONG et des politiques qui fonctionnent dans le bon sens, celui du capital avant tout.

Mais Raoni n'a voulu se fermer aucunes portes et je comprens très bien sa démarche que je respecte.

Caroleone

  Mise à jour le 27/11/2012

Ci-dessous un article plus récent sur les Mebêngôkre Kayapó :

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Kayapó

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