Pérou : Les mafias admettent avoir opéré avec le soutien de la police et corrompu les autorités

Publié le 19 Mai 2023

Deux membres de mafias opérant en Amazonie ont avoué leurs liens avec la police et les autorités. Photo : capture d'écran d'un documentaire de la RTVE.

Cette révélation coïncide avec la capture de "Los Chuckys del Oriente", un réseau criminel composé de fonctionnaires régionaux de Loreto et d'officiers de police qui ont gagné des millions de dollars en vendant du bois illégal.

Servindi, 18 mai 2023 - Les mafias de l'exploitation forestière illégale, de l'invasion et du trafic de drogue en Amazonie péruvienne opèrent avec des armes louées par la police et avec l'aide d'autorités locales soudoyées.

C'est ce qu'admettent deux membres de ces mafias interrogés dans le cadre d'un documentaire récemment publié par le média espagnol RTVE, qui révèle un secret de polichinelle sur leur modus operandi.

Le documentaire est publié juste après la capture de "Los Chuckys del Oriente", un réseau criminel composé de fonctionnaires régionaux de Loreto et d'officiers de police qui ont gagné des millions de dollars en vendant du bois illégal.

Un documentaire révélateur

Dans le documentaire "Amazonas : Territorio amenazado", deux hommes à visage couvert donnent des détails sur la manière dont opèrent les bandes criminelles qui sont présentes en Amazonie.

Dans ce contexte, ils admettent que ce sont les policiers eux-mêmes qui leur louent les armes qu'ils utilisent ensuite pour mener à bien leurs tâches liées à l'exploitation forestière illégale et au trafic de drogue.

De plus, ils ajoutent que, pour mener à bien leurs activités illégales sans problème majeur, ils soudoient également les autorités, le haut commandement et les communautés indigènes elles-mêmes.

Dans le cadre du documentaire, les experts expliquent que certaines populations indigènes s'impliquent dans ces activités par nécessité et face au manque de protection dont elles bénéficient sur leur propre territoire.

Les criminels présumés le confirment également. "Nous négocions [avec les indigènes], mais s'ils ne veulent pas, alors... (le problème) c'est qu'ils ont tous des possessions, mais pas de titres".

Lorsque les habitants ne partent pas et ne revendiquent pas leurs terres envahies, ils sont menacés de mort avec des armes à feu dont on sait maintenant - de l'aveu même des intéressés - qu'elles ont été remises par la glorieuse PNP.

Le rôle des fonctionnaires locaux serait davantage lié à la façade légale qu'ils donnent aux invasions promues par ces mafias, dénoncées à maintes reprises par les populations indigènes elles-mêmes.

Les Chukys de l'Est

Le documentaire révèle un secret de polichinelle sur la manière dont les mafias opèrent en Amazonie, ce que confirme la récente capture du réseau criminel "Los Chuckys del Oriente".

Les membres de cette mafia qui gagnait des millions de dollars en vendant du bois extrait de zones intouchables de l'Amazonie ont été capturés le 17 mai dans la région de Loreto.

Parmi les 19 membres capturés figurent six fonctionnaires de la direction régionale du développement forestier et de la faune de Loreto et pas moins de quatre policiers.

Les officiers arrêtés sont Cynthia Machoa Conde, Jesabel Jordania Vela, Víctor Rodríguez Flores, Luis Yalta Vega, Willy Amasifuén Guerra et Sergio Barbagelata Ramírez.

Les sous-officiers sont Pedro Vela Horna, Juan Matos Clausi et Miguel Achín Herrera. Le commandant de la PNP Ralph Ángeles Fiesas a été détenu à la prison de Lurigancho, où il purge sa peine.

Les chefs de ce réseau, qui opérait depuis 2020 à Loreto, Amazonas, San Martín, Lambayeque, Piura et La Libertad, sont Winder Maslucan Chochabot et Armando Chuque Zárate.

Selon les enquêtes, la bande criminelle a utilisé la modalité du "blanchiment de bois" en déclarant des concessions et des permis d'exploitation forestière dans des communautés indigènes.

Cependant, l'exploitation forestière était réalisée dans d'autres zones intangibles, qu'ils transformaient ensuite et transportaient par voie fluviale, en utilisant des documents tels que le guide de transport forestier (GTF).

Cette dernière modalité est connue sous le nom de "ruleteoe". Une fois cette étape franchie, le matériel illégal était transporté par voie terrestre vers différents entrepôts de bois du pays.

Les actions de ce réseau criminel ont généré des profits allant jusqu'à 112 millions de dollars par an, ce qui a affecté les sanctuaires, les forêts et les réserves naturelles, ainsi que les communautés indigènes.

Arrêtés. L'opération a été menée parnla Diviac et la Feccor à Loreto et dans d'autres villes. Photo : composition : LR

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 18/05/2023

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #pilleurs et pollueurs, #Mafias, #Déforestation

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