Etats-Unis : Peuples athapascans de la Eel river

Publié le 21 Avril 2023

 

Pêche dans la Eel River

Les peuples dénommés Athapascans sont des peuples autochtones locuteurs d’une langue athapascane, grande famille linguistique que l’on connaît souvent par ses représentants un peu plus emblématiques comme les Apaches ou les Navajos. C’est la famille de langues la plus importante des Etats-Unis, que l’on retrouve en Alaska jusque dans le sud-ouest des Etats-Unis. Les Athapascans de la Eel river dont il est question dans cet article font partie des peuples Athapascans de la Côte Pacifique, sous-groupe de la Californie, situés dans les alentours de la Eel river.

Ces peuples sont les Wailaki, les Lassik, les Nongatl et les Sinkyone (Sinkine) qui vivaient traditionnellement dans les comtés actuels de Mendocino, Trinity et Humboldt sur ou près de la Eel river et de la rivière Van Duzen dans le nord-ouest de la Californie.

Les langues

Ce sont des dialectes du wailaki, groupe de la côte pacifique de la famille linguistique athapascane qui est largement représentée en Alaska, au Canada et dans le sud-ouest des Etats-Unis.

 

By Kmusser - Self-made, based on USGS data., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7364081

By Babbage - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=93054155

 

Sous-groupe athapascan de Californie

  • 32. Hupa

1c. Hupa

1d. Whilkut

  • 33. Mattole-Bear river
  • 34. Wailaki ou Eel river, ou athapascan Eel river, éteint

1f. Nongatl

1g. Lassik

1h. Shelter Cove

  • Sinkyone, éteint

1i. Lolangkok sinkyone

1j. Eel rver wailaki

1k. Pitch wailaki

1l. North Fork wailaki

1m. Kato

Source : californiaprehistory.com

 

Les Whilkut, Nongatl et Lassik ont été anéantis pendant la guerre des Bald Hills dans les années 1860.

Certains Wailaki sont membres des tribus indiennes de Round Valley

Les tribus

Les peuples Wailaki et Sinkyone ont des articles séparés

NONGATL

 

Le nom : c’est un mot hupa qui veut dire athapascan du sud

Ils vivaient traditionnellement sur le territoire situé autour des rivières Van Duzen, et Eel river jusqu’à son cours supérieur prés de Dinslore, le long des ruisseaux Yager et Larabee. Ils avaient au moins 35 villages.

Leur population estimée par Kroeber e 1925 était de 1770 personnes.

 

LASSIK

 

Lucy Young, femme Lassik By Clinton Hart Merriam? - https://oac.cdlib.org/ark:/13030/tf0b69p10x/?brand=oac4, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=79536319

Du nom de leur dernier chef Lassik.

Ils avaient environ une vingtaine de villages occupant une petite partie de la Eel river au sud jusqu’au ruisseau Kekawaka et ses affluents à l’est, la rivière Van Duzen, les ruisseaux Larabee et Dobbyn, le cours supérieur de la rivière North Fork, de la Eel river et de la Mad river.

Leurs voisins étaient au nord les Whilkiut de la vallée de la Mad river et de Redwood creek, à l’est les Wintun de South Fork Trinity river, au sud les Wailaki dont ils étaient séparés par Kekawaka creek, à l’ouest les Sinkyone à Southfork sur la Eel river.

Leurs maisons étaient de forme conique en écorce d’épinette de Douglas. Ils n’avaient ni hutte à sudation ni maisons de danse. Leur vannerie était torsadée, différente de celle des Hupa, par leur ornementation. Pour chasser les cerfs, ils suivaient leur piste fraîche jusqu’à ce que l’animal soit incapable de se nourrir ou de se reposer par épuisement. Ils avaient des liens maritaux avec les Wintun dont ils ont assimilé les coutumes de deuil.

Leur dialecte ressemblait à la langue hupa dans sa morphologie et au wailaki dans sa phonologie.

La plupart d’entre eux ont péri pendant les premières années d’occupation du pays par les blancs. Une prime était placée sur leur tête et le trafic d’enfants comme esclaves était lucratif et effréné. Quelques familles de descendants des Lassik vivent encore dans le voisinage de leurs anciennes maisons.

 

WHILKUT

 

Lake, Calif. Aug. 11, 1918; Photo contributed by: UC Berkeley, Bancroft Library Blind man, Nelinjak. Blue Lake, Humboldt Co., Calif. Aug. 11, 1918.

 

Noms : Whiylqit, Hwil'-kut, Hoilkut, Hoilkut-hoi 

Le nom tribal whilkut est une adaptation du nom hupa pour Redwood Creek

Ils étaient nommés également indiens de Upper Redwood Creek ou indiens de Mad river

Leur dialecte était similaire à celui des Hupa (vois plus hait dans langues).

Ils habitaient la zone proche d’Upper Redwood Creek, le long de la Mad river sauf près de l’embouchure.

Il y avait 4 sous-groupes :

La plupart des auteurs considèrent que les Chilula étaient un peuple à part des Whilkut, ils sont considérés comme une 4e tribu (sous-groupe) de Whilkut et sont appelés Chilula Whilkut.

On sait peu de choses de la culture whilkut au-delà de la similitude avec celle du peuple Hupa.

Suite à la ruée vers l’or dans le nord-ouest de la Californie, des itinéraires traversèrent leur territoire et leur population par ailleurs peu importante a été très réduite après la guerre de Bals Hills.

Le nombre de guerriers était estimé au début de la guerre à 250/350.

Les survivants sont ensuite amenés dans la réserve Hupa après sa création.

Après 1870, certains retournent dans leurs maisons traditionnelles où ils ont continué à vivre.

En 1910 il restait environ 50 Whilkut et en 1972, 20/25.

Les descendants ont été incorporés aux Hupa dans :

 

Eel river - By Robert Ashworth from Bellingham, WA., USA - The Eel River, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=66740332

 

Eel river (la rivière de « l’anguille »)

 

C’est une rivière (fleuve) majeure mesurant 315 km de long, du nord-ouest de la Californie. La rivière et ses affluents forment le 3e plus important bassin versant entièrement en Californie drainant une zone accidentée de 9540 km2 dans 5 comtés. Elle coule vers le nord, à travers les chaînes côtières à l’ouest de la vallée de Sacramento se jetant dans l’océan Pacifique en aval de Fortuna et juste au sud de Humboldt bay.

Cette rivière assure la recharge en eaux souterraines, les loisirs et l’approvisionnement en eau industrielle, agricole et municipale.

C’est un système parmi les plus dynamiques de Californie en raison de la géologie instable de la région et de l’influence des grandes tempêtes du Pacifique. Le débit est très variable, les débits moyens en janvier et février sont plus de 100 fois plus importants qu’en août et septembre.

Le bassin fluvial était peuplé par quelques tribus amérindiennes avant et pendant des décennies avant la colonisation européenne de la Californie. Cette région est restée peu fréquentée jusqu’en 1850 lorsque Josiah Gregg et son équipe d’exploration sont arrivés à la recherche de terres pour la colonisation.

Certaines des plus anciennes preuves concrètes d’habitation humaine se trouvent sur un site de pétroglyphes près de la partie supérieure de la Eel river découvert en 1913, qui peut avoir 2500 ans.

 La rivière a été nommée après avois échangé une poêle à frire à un groupe de pêcheurs Wiyot contre un grand nombre de lamproies du Pacifique que les explorateurs pensaient être des anguilles.

Ecologie

Le bassin versant de la Eel river se situe dans l’écorégion d’eau douce et côtière de l’Oregon et de la Californie du nord, se caractérisant par des forêts de conifères tempérées composées en grande partie de sapins de Douglas et de pruches de l’ouest. Il y a également de nombreux peuplements de séquoias dans le bassin versant, ces arbres qui sont parmi les plus hauts de Californie.

Les mammifères aquatiques comprennent le castor, le rat musqué, le raton laveur, la loutre de rivière et le vison.

La rivière abrite les migrations de plusieurs poissons anadromes, le quinnat, la saumon coho, la truite arc-en-ciel, la truite fardée côtière. Dans son état naturel, c’était le 3e plus grand système fluvial producteur de saumons et de truites arc-en-ciel en Californie (+ 1 million de poissons frayant chaque année).

Les impacts humains ont entraîné un déclin spectaculaire des populations de saumons et de truites arc-en-ciel dans le système de la Eel river. En 2010, seuls 3500 saumons et truites arc-en-ciel sont retournés dans la rivière pour frayer.

La rivière protège aussi des espèces rares et menacées et 15 espèces de poissons indigènes d’eau douce. La principale espèce est la lamproie du Pacifique (entosphenus tridentatus) puis le meunier de Sacramento, l’épinoche à 3 épines pour en citer quelques-uns.

Lamproie du Pacifique By Dave Herasimtschuk, US Fish & Wildlife Service - https://www.nps.gov/subjects/fishing/jawless-fish.htm, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=78316420

 

Parc d'état de Humboldt redwoods By Jason Sturner - Rockefeller Forest, Humboldt Redwoods State Park - Coast Redwood (Sequoia sempervirens), CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10511028

Quelques détails de leur mode de vie commun

 

Les visages des filles étaient tatoués à l’adolescence.

Les femmes Sinkyone avaient des lignes horizontales tatouées sur les joues et de larges rayures comme les Hupa.

L’artisanat

 

Exemple de vannerie wilkhut

 

Ces peuples fabriquaient des paniers dans le même style que celui du nord de la Californie (twining), mais moins décorés que ceux des Yurok.

De grandes pirogues étaient utilisées par les Sinkyone pour se déplacer sur la Eel river. D’autres utilisaient des canots plus petits avec une seule pagaie. Des radeaux de rondins étaient utilisés pour le transport, poussés par des perches en eau peu profonde ou tirés par des nageurs.

Les fibres d’iris servaient à fabriquer de la corde ou de la ficelle qui seraient transformées en filets, attachés ensuite à des perches, ils étaient utilisés à la pêche.

Des morceaux de corne d’élan servaient à façonner le bois en arcs et flèches.

Des poinçons en os et des aiguilles en os étaient utilisés pour la couture.

Le commerce

 Des coquillages de dentalium étaient enfilés sur des ficelles et utilisés comme monnaie d’échange. C’étaient des coquillages plus petits et parfois brisés eu lieu des longs coquillages tubulaires utilisés par les tribus vivant plus a nord.

Les cérémonies

Les Athapascans du sud avaient des cérémonies plus simples que ceux du nord. Certaines cérémonies étaient réalisées dans les maisons rondes qui servaient de salle de danse.

Les danses servaient à célébrer le saumon, les chiens, les coyotes, les glands, les bulbes de camas, le trèfle.

L’une des cérémonies les plus importantes était le rite de passage des filles.

Lors des fêtes ils utilisaient des tambours en cuir et des flûtes pour s’accompagner de musique.

L’habitat

 

Exemple d'habitat 

Les maisons des athapascans du sud étaient en forme de cône, avec des écorces appuyées contre des poteaux s’inclinant et se rejoignant au sommet. Le plancher était en-dessous du niveau du sol chez les Sinkyone et Wailaki), une place pour le feu se trouvait au milieu de la maison. Deux familles vivaient par maison, chaque village avait une hutte à sudation circulaire. Certains groupes campaient dans les collines l’été pour la chasse et la cueillette.

L’alimentation

 

Saumon quinnat ou chinook (en danger) Par US government — Page 4 of U.S. Government Printing Office Pamphlet 1996-792-501: Lake Washington Ship Canal Fish Ladder, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2786922

La nourriture de base était constituée de glands tombés sous les très nombreux chênes du territoire. Ils collectaient également des pignons de pin, des baies, des plantes.

Le poisson était une ressource importante pour les Sinkyone (plus que les glands).

La viande chassée était celle du wapiti et du cerf qui étaient nombreux dans les montagnes.

 

image

 

L’Habillement

Les peaux de ces animaux servaient à confectionner les habits.

En été, ils ne portaient pas beaucoup de vêtements. Les hommes enroulaient un morceau de peau de daim autour de leurs hanches.

Les femmes portaient des jupes en forme de tablier, une pièce devant, une derrière, de la taille aux genoux.

Des robes étaient confectionnées en peaux de lapin ainsi que des couvertures (il fallait une centaine de peaux pour une seule couverture !).

Des mocassins en peau de daim servaient en été pour se protéger des morsures de serpents à sonnette.

 

La guerre de Bald Hills 185861864

 

À partir du 12 décembre 1861, ce théâtre d'opérations fut intégré au District of Humboldt dont le quartier-général se trouvait à Fort Humboldt. La guerre des Bald Hills était essentiellement une guerre asymétrique prolongée requérant des garnisons pour protéger les colons, escorter les convois et effectuer de longues patrouilles débouchant parfois sur des escarmouches.

Cette guerre est menée par les forces de la milice de Californie, des volontaires de et des soldats de l’armée américaine contre les Chilula, Lassik, Hupa, Nongatl, Mattole, Sinkyone, Tsungwe, Wailaki, Whikut et Wiyot. Plusieurs causes à cette guerre dont la plus importante est l’empiètement de la chasse et du pâturage commerciaux sur les plantes alimentaires par les troupeaux de bovins et de porcs des colons. Des cerfs et des élans sont tués pour leurs peaux par des chasseurs, les glands dont les peuples dépendent pour aliment de base sont rongés ou détruits par les porcs et le bétail. A partir de 1856 des milliers d’acres de terres indigènes sont préemptés pour la culture du blé, de l’avoine, de l’orge, des pommes de terre et le pâturage du bétail ou des porcs. Ces terres se trouvent dans la vallée de la Eel river, de la Mad river, de la Bear river et la baie de Humboldt.

Au cours de 1863 et 1864, la soi-disant guerre de deux ans, le conflit a pris fin. Le colonel Lippett a été relevé le 13 juillet 1863 par le lieutenant-colonel Stephen G. Whipple du 1er bataillon California Volunteer Mountaineers , un ancien agent indien, homme politique local et rédacteur en chef, qui a préconisé une exécution plus active de la guerre avec les hommes. Sous son commandement du district de Humboldt, il a commencé une campagne plus active de patrouilles prolongées et d'escarmouches incessantes par toutes les unités de soldats volontaires de Californie. Les opérations de Whipple ont finalement contraint la plupart des tribus à faire la paix en août 1864. Cependant, certaines opérations se sont poursuivies jusqu'à la fin de 1864 avant que les hostilités ne cessent complètement. Les volontaires de Californie sont restés dans les garnisons locales jusqu'à ce qu'ils soient rassemblés après la fin de la guerre civile en 1865.

Sources : fastcards.califa.org, wikipedia, californiaprehistory.com

Article complémentaire

Les peuples autochtones de Californie

 

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