Haïti : 4,9 millions de personnes en insécurité alimentaire

Publié le 21 Mars 2023

Agriculteur haïtien.  Auteur : Kendra Helmer, USAID. Licence : libre d'utilisation CC0
Le niveau d'insécurité alimentaire, qui avait déjà augmenté en octobre 2022 de 44% à 48%, s'élève maintenant à 49%.

Près de la moitié de la population haïtienne a besoin d'une assistance humanitaire urgente pour la période de mars à juin 2023 selon un communiqué de presse de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) publié sur son site web où elle avertit que 4 millions 900 mille haïtiens sont en situation d'insécurité alimentaire.

Le communiqué de presse précise que :

"Quinze (15) des trente-deux (32) zones analysées sont en situation critique (phase 4 de l'IPC ou phase d'urgence). Les ménages des zones rurales souffrent d'un déficit alimentaire extrême, malgré l'utilisation de stratégies d'adaptation irréversibles. Il s'agit principalement des zones du Sud affectées par le séisme du 14/08/21 (4 des 9 zones analysées), le Haut plateau et ses extensions dans le Nord et l'Artibonite, le Nord-Est, le Nord-Ouest, la Gonâve et 3 communes de l'aire métropolitaine les plus affectées par les activités des gangs armés (Cité Soleil, la commune de Port-au-Prince, plus précisément les quartiers les plus précaires et la commune de Croix-des-Bouquets)".

Les causes

Selon le communiqué, l'aggravation de l'insécurité alimentaire en Haïti est le résultat de la flambée des prix, liée à la forte volatilité de la monnaie haïtienne par rapport au dollar américain et à la propagation de la violence causée par les bandes armées, qui paralyse de plus en plus les activités économiques dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, dans la péninsule sud et dans une grande partie de l'extrême nord, ainsi que de la mauvaise performance des dernières campagnes agricoles, de la résurgence de l'épidémie de choléra et de la baisse de l'aide humanitaire.

Les conséquences

En conséquence, les prix des biens de consommation essentiels augmentent régulièrement sur tous les marchés, en particulier ceux des produits alimentaires.

Selon la dernière analyse de la CNSA, les ménages souffrent de déficits alimentaires extrêmes dans 15 des 32 zones analysées et se trouvent dans une situation critique (phase 4 de l'IPC ou phase d'urgence), malgré l'utilisation de stratégies d'adaptation.

Les principales zones affectées sont le Grand Sud (départements du Sud, de la Grande Anse et des Nippes/Sud-Ouest d'Haïti), terriblement touché par le tremblement de terre d'août 2021, le Haut Plateau central et ses extensions dans le Nord et l'Artibonite, le Nord-Est, le Nord-Ouest, l'île de la Gonâve et 3 communes de la zone métropolitaine de la capitale, les plus dévastées par les activités des gangs armés (Cité Soleil, la commune de Port-au-Prince, avec la plus forte incidence dans les quartiers les plus précaires, et la commune de Croix-des-Bouquets).

En octobre 2022, dans un communiqué de presse, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont indiqué que 4,7 millions de personnes étaient confrontées à une faim aiguë (IPC 3 et plus), dont 1,8 million de personnes en phase d'urgence (IPC 4) et 19 000 personnes en situation de catastrophe (IPC 5), pour la première fois en Haïti.

Assistance à l'insécurité alimentaire

La CNSA avait alors recommandé une aide alimentaire d'urgence pour ces personnes, à répartir sur la période d'octobre 2022 à février 2023. Cependant, aucune mesure n'a été prise au niveau institutionnel et le gouvernement s'est contenté de constater la dégradation accélérée des conditions de vie de la population, en proie à la violence, à l'extorsion et à l'impunité des gangs qui se développent, sans prendre aucune mesure.

Grâce à une assistance alimentaire d'urgence exceptionnelle, la situation extrême dans la commune de Cité Soleil (au nord de la capitale) s'est améliorée pour la première fois, la proportion de ménages en situation de catastrophe (IPC phase 5) passant de 5% à 0%, selon la CNSA, qui considère que des efforts humanitaires sont encore nécessaires pour éviter la détérioration de la situation de ces ménages.

"Les zones HT03 et HT04 de l'Artibonite, classées IPC 3 et plus, sont mal desservies et caractérisées par un taux élevé d'insécurité alimentaire d'environ 50%, en raison de la violence des gangs, qui réduit considérablement l'accès de la population aux services de base et aux opportunités de revenus, nécessitent une attention particulière".

Face à l'aggravation de la situation, la Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire recommande une action urgente pour soutenir les secteurs affectés de la population et insiste sur un soutien immédiat aux ménages agricoles décapitalisés par les chocs économiques et climatiques.

"En raison de la gravité de la situation, une action urgente est nécessaire pour soutenir environ 50 % de la population. Il est souhaitable de lier les interventions d'urgence et de développement afin de réduire la vulnérabilité des ménages. Les ménages agricoles sous-capitalisés, en raison des chocs économiques et climatiques et des mauvaises performances des saisons agricoles précédentes, ont besoin d'un soutien immédiat pour la mise en œuvre de la campagne du printemps 2023. Dans le cas contraire, cette campagne serait gravement compromise et les conditions de sécurité alimentaire de ces groupes s'aggraveraient."

* Image : Agriculteur haïtien.  Auteur : Kendra Helmer, USAID. Licence : Utilisation libre CC0

traduction caro d'un article paru sur kaosenlared le 20/03/2023

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