Chiapas : Le Frayba suspend les brigades d'observation dans la communauté zapatiste en raison de menaces

Publié le 1 Juillet 2022

Redacción Desinformémonos
30 juin 2022 


Mexico| Desinformémonos. Le Centre des Droits de l'Homme Fray Bartolomé de las Casas (Frayba) a annoncé qu'il suspendait le campement des Brigades d'Observation Civile (BriCO) dans la communauté zapatiste de Nuevo San Gregorio, au Chiapas, en raison de menaces sur la vie de ses membres par des personnes extérieures au territoire.

"Les menaces, le harcèlement et l'intimidation du groupe de personnes s'ajoutent à l'omission de l'État mexicain de faire face à cette situation, bien qu'il ait été informé des faits par le Frayba", a déclaré Frayba dans un communiqué.

À Nuevo San Gregorio, territoire récupéré en 1994 par l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), des attaques et agressions armées ont été enregistrées depuis novembre 2019, qui se sont intensifiées ces dernières semaines. La violence à l'encontre des bases de soutien de l'EZLN (BAEZLN) va de l'intimidation et des menaces de mort à la violence sexuelle et à la torture, en passant par les agressions physiques, le vol de bétail et la destruction de biens, les coupures d'eau, la surveillance par les agresseurs, l'obstruction, le contrôle et la collecte du libre transit, ainsi que les enlèvements de personnes.

"En 28 ans de travail de BriCOs, les camps d'observation ont rarement dû être suspendus en raison des menaces et du risque sérieux pour la vie des observateurs. L'État mexicain ne protège pas le droit de défendre les droits de l'homme, bien qu'il ait signé et ratifié la Déclaration des Nations unies sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et institutions de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus", a critiqué le Frayba.

Il a souligné que les membres de la BriCO ont été la cible de menaces ces dernières semaines, outre le fait que les 10, 15 et 19 juin, les brigades ont à nouveau enregistré des agressions "qui mettent en danger la vie, la sécurité et l'intégrité personnelle des BAEZLN, ainsi que le risque de déplacement forcé de toute la communauté et de graves violations du droit de libre transit dans la région".

Jusqu'à présent en 2022, les brigades ont documenté 21 agressions contre cinq familles de la base de soutien zapatiste dans la communauté, qui a été clôturée avec du fil barbelé par le groupe agresseur et dépossédée de 155 hectares de terres.

Le Frayba a assuré que malgré la suspension du camp BriCO, il continuera à documenter et à dénoncer la situation de violence contre la communauté zapatiste de Nuevo San Gregorio, ainsi qu'à exiger que l'État intervienne efficacement pour protéger la population.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué complet :

Depuis novembre 2019, la communauté Nuevo Poblado San Gregorio (Nuevo San Gregorio), territoire récupéré en 1994 par l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), fait l'objet d'une attaque constante, par un groupe de personnes issues des communautés environnantes de l'ejido San Gregorio, Ranchería San Andrés Puerto Rico, Rancheria Duraznal et Rancheria Rancho Alegre, qui ont dépossédé environ 155 hectares faisant partie du territoire collectif de la municipalité autonome rebelle zapatiste Lucio Cabañas, du Caracol 10 "Floreciendo la Semilla Rebelde", de la Junta de Buen Gobierno "Nuevo Amanecer en Resistencia y Rebeldía por la Vida y la Humanidad" au Chiapas, Mexique. Le Centre des droits de l'homme Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba) a constamment documenté et dénoncé aux trois niveaux de gouvernement les agressions, les tentatives de déplacement forcé et la dépossession territoriale du processus d'autonomie zapatiste. 

Le 3 mars 2021, un camp des Brigades civiles d'observation (BriCO) a été installé dans la communauté. Jusqu'à présent, en 2022, les brigadistes ont recensé 21 agressions contre 5 familles (27 personnes) vivant à Nuevo San Gregorio, allant de l'intimidation, des menaces de mort, de la violence sexuelle et de la torture, aux agressions physiques, au vol de bétail et à la destruction de biens, en passant par les coupures d'eau, la surveillance, l'obstruction, le contrôle et la collecte du libre passage, ainsi que l'enlèvement de personnes. Le territoire a été clôturé par des fils barbelés, privant les personnes concernées du droit à une vie digne, à la nourriture, à la santé et à l'éducation.

Les menaces, le harcèlement et l'intimidation dont fait l'objet ce groupe de personnes sont aggravés par le fait que l'État mexicain ne fait rien pour remédier à cette situation, bien qu'il ait été informé des faits par le Frayba. Ce fait aggrave le risque pour la vie, la sécurité et l'intégrité de la population, ainsi que pour les observateurs de la BriCO, qui ont été la cible de menaces ces dernières semaines. 

Au cours des deux dernières semaines, le groupe agresseur a intensifié ses actions de dépossession et a formulé de sérieuses menaces à l'encontre des BriCOs. Les 10, 15 et 19 juin 2022, les brigades ont à nouveau enregistré des agressions mettant en danger la vie, la sécurité et l'intégrité personnelle des BAEZLN, ainsi que le risque de déplacement forcé de toute la communauté et de graves violations du droit à la libre circulation dans la région. Comme l'enlèvement, les mauvais traitements et l'extorsion qui ont eu lieu le 19 juin d'une grue et du personnel engagé par l'organisation El Puente pour une période de 7 heures. Le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays ont été informés de cette situation, ainsi que les ambassades dont les citoyens se trouvaient dans la communauté. Malgré cela, les trois niveaux de gouvernement ont maintenu un silence sépulcral face aux faits. 

Face à cette situation, nous, au Frayba, avons pris la décision de suspendre le camp d'observation de Nuevo San Gregorio, afin de protéger la vie et l'intégrité des observateurs nationaux et internationaux. 

En 28 ans de travail de BriCO, il n'a été que très rarement nécessaire de suspendre les camps d'observation en raison des menaces et du risque sérieux pour la vie des observateurs. L'État mexicain ne protège pas le droit de défendre les droits de l'homme, bien qu'il ait signé et ratifié la Déclaration des Nations unies sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus. 

Ce contexte met en danger l'autonomie et l'autodétermination des peuples, ainsi que le travail de défense et de promotion des droits de l'homme que nous réalisons depuis le Frayba, néanmoins, nous continuerons à signaler ces actes criminels qui lient les violations aux droits de l'homme, Nous persisterons également à influencer les mécanismes correspondants pour la défense des droits fondamentaux, afin que le gouvernement fédéral et les gouvernements des États se réveillent et agissent efficacement contre les groupes d'agresseurs qui procèdent à des actes criminels face à ce qui est aujourd'hui une impunité permanente qui s'approfondit. 
 
Depuis le Frayba, nous continuerons à documenter et à dénoncer la situation des BAEZLN de Nuevo San Gregorio et à exiger le respect des territoires autonomes. C'est pourquoi nous appelons la société civile nationale et internationale à se lever pour la vie, pour la défense du territoire, pour la sécurité et l'intégrité personnelle des habitants de la communauté et à exiger avec force que l'État mexicain remplisse son obligation de garantir et de protéger le travail de défense des droits de l'homme. 

traduction caro d'un communiqué du Frayba paru sur Desinformémonos le 30/06/2022

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