Colombie : Déclaration des femmes Arhuaca en défense de la juridiction spéciale indigène pour les droits collectifs des communautés, leur autonomie et la défense de la ligne noire

Publié le 8 Septembre 2021

par comunicaONIC 06 septembre 2021

 

LES PEUPLES INDIGÈNES DE LA SIERRA NEVADA DE SANTA MARTA SE MOBILISENT POUR DÉFENDRE LE DROIT À LA JURIDICTION SPÉCIALE INDIGÈNE LE 03 SEPTEMBRE 2021 DANS LA VILLE DE VALLEDUPAR, CESAR, CONFORMÉMENT AU DROIT D'ORIGINE ET POUR DÉFENDRE LES PEUPLES INDIGÈNES ET LA SIERRA NEVADA DE SANTA MARTA, CŒUR DE LA TERRE :

CONSIDERENT

  • Que les femmes autochtones ont mené une lutte sincère pour la reconnaissance de leurs droits et qu'elles sont porteuses de vie ;
  • Que la Sierra Nevada de Santa Marta est notre maison, dans laquelle nos pères et mères spirituels nous ont laissé avec la mission d'en prendre soin et de la protéger.
  • Que la Terre est notre mère, Ati Seynekun, qu'elle est une femme comme nous et que, conformément à la loi d'origine, nous sommes intrinsèquement liés à elle, de sorte que chacune des affectations qu'elle subit se répercute également sur nos âmes et nos corps.
  • En tant que Zakus, nous veillons à l'harmonie des cycles de la nature, de la communauté et de la famille.
  • Notre Terre Mère a été empalée et violée au nom d'un modèle capitaliste et développementaliste qui dévaste les peuples et a conduit à un écocide dans le monde entier.
  • Que, en conséquence de ce qui précède, nous vivons un moment d'inflexion dans lequel notre Terre Mère est en train de tomber malade et de se vider de son sang à travers l'exploitation des minéraux et les multiples affectations dont elle souffre et qui s'expriment aujourd'hui, principalement, par des phénomènes naturels, la crise climatique et maintenant la pandémie de Covid-19.
  • Que selon la Cour constitutionnelle (arrêt T-568 de 2017), l'autonomie politique et juridique agit comme un instrument de réaffirmation de l'identité des Peuples autochtones, qui, par l'exercice de leurs pratiques traditionnelles, avancent dans le renforcement de leurs autorités internes et dans l'auto-reconnaissance de leurs espaces d'expression collective.
  • Que notre droit au territoire a été reconnu dans des instruments nationaux et internationaux, notamment l'arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l'homme dans l'affaire du Peuple Kichwa de Sarayaku contre l'Équateur et l'arrêt T-009 de 2013 de la Cour constitutionnelle de Colombie.
  • Notre droit à l'intégrité ethnique, territoriale et culturelle a été violé au profit du projet occidental du gouvernement national et des grandes sociétés d'investissement, en ignorant la propriété collective qui est entre les mains des peuples et qui implique la protection des territoires, des peuples et des ressources naturelles, qui ont une identité entre eux.
  • Que la Sierra Nevada de Santa Marta a été reconnue comme territoire ancestral en 1973 par l'UNESCO et qu'elle est actuellement en train de demander à l'UNESCO son système de connaissances ancestrales.
  • Que, de même, notre droit à la consultation préalable, largement reconnu dans la Constitution politique et la jurisprudence constitutionnelle, ainsi que dans le cadre des actions d'organismes internationaux tels que l'Organisation internationale du travail en relation avec la Convention 169, a été violé.
  • Que la violation de la consultation préalable et le piétinement de nos territoires et de nos Peuples ont pour conséquence le mépris de l'autonomie et de l'auto-gouvernement sur lesquels se fondent l'intégrité et l'identité culturelles, spirituelles et politiques qui garantissent notre survie.
  • Que, conformément à cela, l'État colombien et principalement le bureau du procureur général ont ignoré les structures de justice du peuple Arhuaco.
  • Que le peuple Arhuaco est actuellement en danger d'extermination physique et culturelle.
  • Que nous, femmes Arhuaca, avons mené des processus de mobilisation et de transformation, en plaidant pour le respect, la reconnaissance et la garantie des droits des peuples et communautés autochtones.
  • Que depuis la première Assemblée des femmes Arhuaca, nous avons formé le Conseil des enfants et de la famille (2015) comme espace pour protéger notre survie physique et culturelle et garantir le remplacement générationnel conformément aux dispositions de notre loi originelle.
  • Que, en ce qui concerne les processus de participation, de mobilisation et de leadership communautaire, les femmes autochtones en général, et les femmes Arhuaca en particulier, ont subi de multiples formes de violence physique et symbolique, qui répondent à la logique patriarcale à l'intérieur et à l'extérieur de nos Peuples.
  • Que, malgré les tentatives de faire taire nos voix, nous, les femmes, sommes à la tête des processus de défense et de protection de nos territoires et de nos peuples, car depuis des temps ancestraux, nous avons une relation directe avec la nature, et nous jouons donc un rôle de premier plan dans l'épanouissement et la durabilité de nos communautés et dans leur relation avec les écosystèmes, avec la diversité biologique et avec la protection de l'équilibre naturel face aux pouvoirs extractivistes et patriarcaux qui cherchent à faire disparaître les masses d'eau vivantes.

NOUS DÉCLARONS QUE :

  • EN TANT QUE FEMMES ARHUACA, NOUS REJETONS l'ingérence des institutions ; nous comptons sur la justice et les systèmes de gouvernement guidés par Zaku (la Terre Mère) !
  • NOUS REJETONS la construction de l'exercice dialogique par les institutions de l'État et en relation avec les peuples et les communautés autochtones, fondée sur le racisme structurel et le mépris de nos droits à l'autogestion et à l'autonomie.
  • NOUS CONDAMNONS la saignée de la Terre Mère, Ati Seynekun, par l'État colombien et les projets de méga-investissement qui détruisent les ressources naturelles et menacent nos territoires, mettant en péril notre relation avec eux et les fondements de notre intégrité culturelle.
  • NOUS NOUS OPPOSONS ABSOLUMENT ET AVEC DETERMINATION à l'ingérence des autorités étatiques dans les affaires de nos peuples et à la violation du droit à la consultation préalable.
  • NOUS REJETONS le mépris et la méconnaissance systématiques et répétés par le gouvernement national de l'obligation internationale et constitutionnelle de protéger nos droits territoriaux et environnementaux.
  • NOUS REJETONS l'ingérence du Bureau du Procureur général dans les pratiques qui concernent uniquement et exclusivement les Peuples et qui s'inscrivent dans le cadre de l'exercice du droit à l'autonomie et de la juridiction spéciale indigène, reconnue à l'article 246 de la Constitution nationale.
  • NOUS EXIGEONS que toutes les institutions garantissent le respect de la directive 012 de 2016, dans le respect des autorités de justice du peuple Arhuaco.
  • NOUS EXIGEONS que l'État colombien se conforme et respecte nos droits à l'autonomie, à l'autogestion et au territoire, ainsi que les droits environnementaux qui sont intrinsèquement liés à nos modes de vie.
  • NOUS DEMANDONS au gouvernement national de respecter les territoires et les écosystèmes et, parallèlement, de condamner l'écocide dont ils font l'objet, protégeant ainsi le réseau de lieux sacrés associés à l'eau.
  • NOUS DEMANDONS aux organismes internationaux de mettre en place des processus de suivi afin que les droits des peuples autochtones soient garantis de manière réelle et effective.
  • NOUS PROMOUVONS une lutte politique et spirituelle contre l'écocide et l'extermination de nos peuples, en tant que femmes et gardiennes de nos communautés, peuples et territoires.
  • NOUS REJETONS les stratégies systématiques de fragmentation des quatre peuples de la Sierra Nevada de Santa Marta qui sont mises en œuvre par le gouvernement national.
  • NOUS NOUS OPPOSONS aux actions d'exclusion et de discrimination ainsi qu'aux expressions racistes et folkloriques concernant notre exercice de l'autonomie gouvernementale et l'administration de la justice.
  • NOUS DEMANDONS l'adoption de mesures qui sauvegardent notre territoire ainsi que notre diversité ethnique et culturelle.

LES PEUPLES AUTOCHTONES DE LA SIERRA NEVADA DE SANTA MARTA DÉFENDENT LE DROIT À LA JURIDICTION SPÉCIALE AUTOCHTONE.
LA SIERRA NEVADA DE SANTA MARTA, LE CŒUR DE LA TERRE, ET LES PEUPLES ANCESTRAUX SE RESPECTENT !

Traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 06/09/2021

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