Brésil : Peuple Suruí Paiter

Publié le 22 Mai 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans les états de Rondônia et Mato Grosso, qui, depuis les premiers contacts officiels en 1969 a subi de nombreux changements sociaux. Cela n’a pas amoindri leur culture guerrière motivant la lutte pour la reconnaissance et l’intégralité de leur territoire. Ils cherchent à maintenir vives leurs traditions culturelles, productives et la vie rituelle toutes tournées vers le dualisme entre le village et la selva.

Autodésignation : paiter = vraies personnes, nous-mêmes.

Localisation

La Terre Indigène Siete de Setembre est située dans la région frontalière, au nord de la municipalité de Cacoal (état de Rondônia) et s’étend jusqu’à la municipalité d’Aripunã (état du Mato Grosso). La T.I est baignée par le bassin du rio Branco. Il y a 3 types de couverture forestière dans la T.I : la forêt tropicale ouverte, la forêt tropicale qui est la plus étendue et la plus dense et une zone de tension écologique qui est moins étendue. Le climat qui prédomine est tropical chaud et humide, la température moyenne annuelle est de 24°, et 2 saisons bien définies.

image du contact

Terre Indigène

  • T.I Sete de Setembro – 247.870 hectares, 1375 personnes, réserve homologuée, Rondônia et Mato Grosso, villes : Cacoal, Espigão d’Oeste, Rondolândia.

Population : 1375 personnes (2014)

Langue : mondé de la famille linguistique tupí.

Organisation sociale

Ils sont organisés en moitiés composées de groupes exogames patrilinéaires : Gamep, Gamir, Makor et Kaban. Les Paiter sont polygames. Ils maintiennent le mariage avunculaire, c’est-à-dire la règle du mariage dans lequel un homme épouse la fille de sa sœur. Des mariages ont également lieu entre cousins croisés. La présence des religions baptistes et assemblée de dieu dans les villages a beaucoup contribué à transformer la culture dont l’exemple le plus criant est la disparition des chamans qui ont cessé d’agir en raison de l’interdiction de l’église de leur activité.

Organisation politique

La direction Suruí est diffuse, il y a  des chefs de clans  et villages où les plus puissants possèdent les plus grandes plantations et ont tendance a être les plus généreux pour fournir la boisson de maïs fermenté et produire d’excellentes flèches. Chaque clan a un chef et le mandat change de temps en temps. Cette charge est héréditaire, elle peut passer d’un frère à l’autre quand le chef n’a pas de fils. Des conflits internes ont pu se rencontrer en raison du manque de centralisation politique et manque de consensus entre les dirigeants locaux.

La maloca

 

 

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Traditionnellement les Surui Paiter vivaient dans des malocas composées de groupes familiaux. C’étaient de vastes maisons de forme ellipsoïde, de 25mx8m avec une seule porte dans la partie la plus étroite. La construction était élevée, en forme d’ogive de 8 mètres de haut environ, la structure était en bois et elle était recouverte de paille de palmiers. A l’entrée il y avait un espace commun où étaient entreposés de grands pots en céramiques appartenant aux femmes de la maison et utilisés pour les soupes et la boisson cérémonielle à base de maïs. Dans les autres espaces de la maloca, des poutres répartissaient les espaces des familles nucléaires (un couple et ses enfants). Sur les poutres, 5 à 6 personnes attachaient leurs hamacs. Il y avait peu d’objets, juste de la nourriture venant des plantations pour 2/3 jours, du gibier, du poisson, des galettes de maïs. Au sol il y avait des pots en argile, de petits tapis, des paniers de rangement. Dans le haut des bananes suspendues pour mûrir, du maïs pour les semences, des flèches, des ornements, aujourd’hui on trouve des valises et des paniers avec des vêtements. Le système matrimonial révèle l’occupation des espaces de ces grandes malocas, comme les hommes sont polygames, certains ont 2/3 femmes qui dorment dans les compartiments séparés de leur mari. Chaque groupe familial à un foyer pour la cuisine en plus du foyer commun à l’entrée de la maison. Sous les hamacs il y a des foyers allumés qui sont alimentés la nuit par les femmes.

De nos jours seuls les anciens continuent d’habiter les malocas, les autres ont adopté des maisons en bois dans le style régional dans lesquelles ne vivent qu’une seule famille nucléaire.

 

image  Foto: Betty Mindlin, 1970.

La moitié de la selva et la moitié de la plantation

Les membres des clans qui composent la société Suruí partagent le même ensemble de règles sociales et obligations les uns envers les autres. Dans la vie communautaire ils sont séparés en deux moitiés, l’une est liée à la selva et l’autre à la plantation ce qui oblige les familles à s’éloigner pendant les cycles annuels. De cette façon qui vient de la selva devient plantation et vice versa.

Dans la moitié de la plantation il y a une large coopération entre les membres en plus de l’habituelle coopération entre frères et beaux-frères, ces derniers ont l’obligation de s’entraider.

Chaque moitié est alors liée à l'idée que chacun a des engagements à ses côtés, dans les différents types de travail possibles entre la chasse, la plantation et la fabrication d'objets, chacun avec la demande de la plantation ou de la forêt.

 Toutes les activités sont liées autour de la parenté. L’opposition entre la selva et la plantation organise le calendrier annuel des Paiter. La division entre les moitiés détermine différents moments de la vie sociale à travers la production de nourriture, de fruits, de rituels.

La moitié de la selva est installée pendant la saison sèche (de mai à octobre) dans le metare, la selva moins épaisse, à 500, 1000 mètres du village, un endroit qui est interdit à l’autre moitié.

Les íwaiis, la moitié liée à la plantation ont besoin de plus grandes plantations pour leurs offrandes et doivent donc passer plus de temps à ramasser, cuisiner alors que ceux du metare restent dans la selva à la saison sèche et continuent malgré tout à travailler dans les plantations comme les autres.

Les festivités

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De nos jours se réalisent encore :

  • Mapimaí – La création du monde
  • Ngamangaré – de nouvelles plantations
  • Weyzomaré – peinture
  • Hoeyateim – festival du chamn pour contrôler les esprits du village
  • Lawaãwewa – construction de nouvelles maisons
  • Ytxaga – pêche au timbo

Les fêtes et traditions ont subi de nombreuses altérations et beaucoup ont été abandonnées en raison des conflits idéologiques avec les nouvelles religions introduites dans les communautés indigènes. La fête Mapimaí par exemple s’est tenue en 2002 après 12 ans d’absence, en mémoire de la mort d’entre eux.

Les fêtes comme noël et les dates anniversaires sont assimilées à présent par les Paiter.

Culture matérielle

Les femmes produisent des colliers composés de différents éléments comme des graines de tucumã, des dents de singe, des écailles de tatou, des haricots de la selva.

Les femmes fabriquent des objets en fibres, filets, hamacs, porte-bébé (agoiab), des ceintures pour hommes et femmes.

Parfois ces objets sont peints au roucou, ornés de petites bandes de colliers.

La vannerie est un art également féminin, cette vannerie est composée de paniers de tailles variées pour des utilisations aussi variées comme la conservation d’objets, de fils, les nattes, le transport de nourriture etc….

Le grand art Suruí est la céramique noire.

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Les femmes fabriquent de petits pots pour la makaloba (la boisson fermentée de manioc ou de maïs), de petits récipients très jolis avec ou sans becs ; des assiettes en céramique pour les offrandes de nourriture.

La poterie est réalisée selon la technique du rouleau, elle est cuite deux fois au village ou dans la selva, une première combustion est faite dans un four fabriqué avec du bois de chauffage enveloppant toute la poterie. Une seconde combustion se fait en plaçant l’objet dans les braises, la tête en bas.

L’argile pour la poterie est récoltée par les hommes et les femmes dans le sud du territoire. C’est une argile de très belle qualité.

Les hommes quand à eux fabriquent des flèches en bambou ornées de poils de pécaris, de coton peint au roucou, de motifs peints au genipapo. Chaque flèche ç un style particulier propre à chaque homme, sa marque de fabrique en sorte.

D’autres objets sont fabriqués par les hommes : le betinga ou tremeta, un labret porté dans la lèvre inférieure par les hommes et les femmes, constitué de résine de jatoba poli et poncé pendant des heures.

Les maracas ou hochets de jambe mixangáp sont confectionnés pour être utilisés lors des fêtes.

Ce sont les hommes qui font les tatouages et percent les lèvres des enfants de 7/8 ans.

Ce sont eux qui construisent les malocas, la maison d’isolement et les tapiris.

Activités productives

Femme revenant de la plantation  Foto: Betty Mindlin, 1979.

Ils ont une grande maîtrise de l’agriculture et les plantations familiales sont cultivées par groupes de frères. Les espèces plantées sont le maïs, le manioc, les pommes de terre, les ignames, les haricots, le riz, les bananes, les amandes, les papayes, le coton et le tabac0

Le système utilisé est celui de l’agriculture coivara (mode d’agriculture traditionnel avec la technique de l’abattis brûlis). Les plantations sont abandonnées au bout de deux ans.

La division sexuelle du travail

Les hommes s’occupent de ces tâches : chasse, abattage des arbres pour les plantations, construction de flèches et des malocas.

Les femmes s’occupent de ces tâches : tissage, poterie, vannerie, cuisine, récolte, s’occuper des enfants.

Ensemble ils plantent et ils pêchent.

La collecte est également importante : fruits de la forêt, racines, miel, larves, cœurs de palmier et fibres, bois pour les constructions et les objets.

La vente de café a commencé à partir de 1981 apportant un revenu monétaire utilisé pour l’achat de produits indispensables (vêtements, outils, nourriture).

La chasse et la pêche

Ce sont de bons chasseurs et pêcheurs, la chasse peut durer une journée entière. Les techniques utilisées sont les pièges et les caches pour attirer les animaux. Ils utilisent des armes à feu à présent car il y a une difficulté à se procurer du bambou pour réaliser les flèches.

Espèces chassées : tatous, pécaris, tinamous, hoccos, pénélopes, fourmilier, singes (sauf ceux qui entrent dans les tabous).

D’autres espèces sont tabous : le jaguar, le jabuti, le tapir, le caïman Les cerfs, les fourmiliers et les tapirs sont interdits en particulier aux enfants. Les Suruí ne consomment ni reptiles ni amphibiens, ni éperviers, souris, chauves-souris.

Le produit de la chasse est réparti dans les relations proches.

Les poissons pêchés et consommés sont ceux qui ont des écailles et non du cuir, car selon l’ONG Kanindé, ils sont considérés comme vecteurs de maladies.

Le paraquê (anguille électrique) n’est pas consommé car il est considéré comme spécial.

Ils pêchent dans tous les cours d’eau y compris les igarapés avec des arcs et des flèches, le timbo (liane qui empoisonne l’eau et asphyxie les poissons) à la saison sèche, avec des hameçons, des fils de nylon et des filets , ces derniers objets ont été introduits et sont devenus des méthodes les plus courantes.

Elevage

L’élevage est devenu une activité importante avec un corral pour certains. Ce sont souvent de petits élevages familiaux pour la consommation, la production laitière ou la vente sur le marché de la viande.

Cosmologie et rituels

Le chamanisme joue un rôle central dans la vie sociale, les problèmes liés à la santé et la maladie, c’est un lien intrinsèque avec l’univers surnaturel.

Plusieurs catégories d’esprits existent rendent les hommes malades. Ce sont eux qui sont invoqués qui peuvent éviter ou conjurer la maladie.

Des récits sont associés à ces esprits.

Selon leur cosmologie, les âmes doivent traverser un chemin plein de dangers. Des âmes courageuses parviennent à les traverser et atteindre une maison éternelle et se retrouvent avec tous ceux qui étaient chamans.

Les lâches ou ceux qui ont commis l’inceste meurent une deuxième fois ou restent dans les villages d’âmes impressionnables.

Le nom des morts ne doit jamais être prononcé afin que leur âme n’erre pas chez les vivants et qu’elles puissent faire le voyage final en paix.

Rites de passage

La fête de la jeune fille se démarque dans laquelle on retrouve l’ensemble des groupes Mondé et d’autres groupes Tupí. Ce rite marque le passage de la jeune femme de l’enfance à l’adolescence avec l’apparition des premières règles. Les jeunes filles doivent rester isolée dans une maloca pendant un certain temps.

La couvade est un autre rite pratiqué par les Suruí, pendant 7 jours les parents doivent rester isolés après la naissance de leur enfant et respecter certains tabous dont celui d’éviter de manger certaines espèces d’animaux.

Associations/soutiens

KANINDE

Aquaverde, une association française qui soutient les Surui Paiter.

Livre illustré de dessins d'enfants

Nós, Paiter Suruí, Nossa terra e as mudanças do clima

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Suruí Paiter

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