Brésil – Le peuple Guajajara

Publié le 3 Septembre 2019

Par Antônio Cruz/Abr — Agência Brasil [1], CC BY 3.0 br, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3099154

Les Guajajara sont l’un des peuples les plus nombreux du Brésil. Ils vivent dans plus de 10 Territoires Indigènes (TI) situés sur la marge orientale de l’Amazone, dans l’état de Maranhão principalement. Leur histoire de contact avec les fronts colonisateurs a été marquée par des ententes avec les blancs suivies de leur rejet complet, par des émeutes et des tragédies dont la révolte de 1901 contre les missionnaires capucins sera considérée comme la dernière guerre indienne au Brésil.

Autre nom : tenetehára

L’appellation tenetehára comprend également le peuple Tembé.

Guajajara = nous sommes les vrais êtres humains.

Tenetehára peut être parfois traduit par « indien » excluant de cette catégorie les groupes de langue macro-jê qui sont aussi appelés áwa (sauvages, courageux).

Langue : tupi guaraní. Les langues les plus proches sont l’Asurini (de Tocantins), l’avá (Canoiero), la parakanã, le suruí du Pará, le tapirapé et le tembé.

Leur langue est dénommée « ze’egete » = il parle bien.

Il y aurait 4 dialectes mutuellement intelligibles.

Dans les villages Guajajara, ils parlent principalement leur langue indigène, le portugais remplit la fonction de langue franque comprise par la majorité.

Localisation

Etat de Maranhão, dans les régions des rivières Pindaré, Grajaú, Mearim et Zutuia.

Ce sont des terres couvertes par la haute forêt amazonienne et des forêts de savanes plus basses, en transition entre la forêt amazonienne et la savane elle-même. Ils ne vivent pas dans les savanes. Leur région d’origine serait le cours moyen du rio Pindaré.

Les Territoires Indigènes

TI Lagoa Comprida  Aldeia Felipe Bone (TI Lagoa Comprida) dos Guajajara. Foto: Peter Schröder, 2000

  • T.I Araribóia – Villes : Amarante, Grajaú, Santa Luzia. 413.288 hectares (autre peuple y vivant : Guajá). Réserve homologuée dans l'état du Maranhão.
  • T.I Bacurizinho – Ville : Grajaú . 8432 hectares, 3663 personnes. Réserve homologuée.
  • T.I Bacurizinho réétudiée - 51.608 hectares, ville Grajaú. Réserve déclarée dans l'état de Maranhão.
  • T.I Cana-Brava – Villes : Barra do Corda, Grajaú. 137.329 hectares. Réserve homologuée.
  • T.I Caru – Ville : Bom Jardím . 172.667 hectares (autre peuple y vivant : Guajá). Réserve homologuée.
  • T.I Governador Ville : Amarante. 41.644 hectares (autre peuple y vivant : Tabajara). Réserve homologuée.
  • T.I Lagoa Comprida – Ville : Barra do Corda .13.198 hectares. Réserve homologuée.
  • T.I Morro Blanco – Ville : Grajaú. 49 hectares. Réserve homologuée.
  • T.I Rio Pindaré – Villes : Bom Jardím, Monção . 15.002 hectares (y vivent les Tabajara, Guaraní, Krenyê, Kokuiregatejê). Réserve homologuée.
  • T.I Rodeador – Ville : Barra do Corda 2319 hectares. Domaine indigène.
  • T.I Urucu-Juruá – Ville : Grajaú. 12.697 hectares. Réserve homologuée.
  • T.I Villa Real - en cours d'identification. Ville : Barra do Corda.

Les T.I Araribóia, Bacurizinho et Cana Brava abritent environ 85% de la population Guajajara (2002). Dans certaines réserves ils partagent leur espace avec d’autres peuples.

Population : 27.616 personnes (2014)

Crianças guajajara da escola da aldeia Cana Brava (TI Cana Brava) com professora timbira. Foto: Peter Schröder, 2000

Histoire de la colonisation

rio Pindaré Por Nando cunha - Obra do próprio, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15705785

Les premiers contacts avec les blancs ont lieu en 1615 sur les rives du rio Pindaré avec une expédition d’exploration française.

Dans le milieu du XVIIe siècle, les Tetenehára sont isolés au milieu du rio Pindaré par une expédition protugaise de recherche d’esclaves .

Les missions jésuites installées à partir de 1653 jusqu’en 1755 leur offrent une certaine protection contre l’esclavage mais entraîneront par ailleurs le début d’un système de servilité et de dépendance.

Après l’expulsion des jésuites ils récupèrent une partie de leur territoire ancien ainsi que leur indépendance. Ils réduisent les contacts avec les colons.

Au milieu du XIXe siècle ils s’intègrent progressivement aux systèmes régionaux de mécénat dans une situation  d’exploitation extrême (en temps que collecteurs ou rameurs). Il y aura des périodes de réactions de rejet.

La plus grande rébellion des Guajajara est causée par l’initiative colonisatrice er missionnaire de la communauté religieuse capucine dans la région de Cana Brava à Alto Alegre au début de 1897.

En 1901 le chef Cauiré Imana réussit à réunir un grand nombre d’indiens vivant dans les villages pour détruire la mission et expulser tous les blancs de la région entre Barra do Corda et Grajaú.

Ils seront vaincus quelques mois plus tard par une milice composée de contingents de l’armée, de la police militaire, d’individus appartenant à la population régionale et de guerriers Canelas, ils seront ensuite persécutés pendant plusieurs années. Ce qui occasionnera de nombreuses victimes surtout du côté des Guajajara. C’est l’un des incidents les plus importants de l’histoire de ce peuple.

Dans les années 60/70 des conflits sanglants ont lieu avec l’expansion incontrôlée des domaines terriens dans le centre de l’état du Maranhão.

Pendant quatre décennies les Guajajara vont résister contre la population illégale à Cana Brava (São Pedro do Cacetes) avec un soutien sporadique du gouvernement fédéral.

A partir des années 80 de nouvelles menaces sont créées avec le programme Carajas grande et l’avidité des entreprises forestières régionales.

Activités de subsistance 

dioscorea alata Par Tauʻolunga — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=843049

La culture est leur principale ressource alimentaire et de revenus de compléments. Ils cultivent le manioc, le macajeira (une sorte de manioc), le maïs, le riz, les citrouilles, les pastèques, les haricots, les ignames, le cará (dioscorea alata, igname ailée), les arachides et le sésame.

Les semis et le travail du sol a lieu de mai à novembre pendant la saison sèche.

Les surfaces cultivées vont de 1.25 à 3.35 hectares par unité de logement.

Certains villages entretiennent de grands champs communaux dans le cadre de projets communautaires pour cultiver du riz et des fruits destinés à la vente.

La pêche

Par J. F. Hennig — Bibliothèque nationale de France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10486520

Elle a lieu dans les villages riverains.

Les Guajajara connaissent traditionnellement 36 espèces différentes de poissons dont les plus communes sont

Acará (pterophyllum altum) ou scalaire haut

Cascudo, lampreia (petromyzontinae)

Mandi  (pimelodus spp.)

Pacu (mylossoma spp., myleus spp., metynnis spp. Mylophus spp.)

Le piau (leporinus fasciatus, leporinus affinis, leporinus frideric) ou léporinus à bandes, léporinus de frideric

Le traira (hoplias malabaricus)

La chasse

 

 

pécari à collier Par EEIM — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29112455

Elle est ces dernières années de moins en moins productive à cause de la concurrence des blancs et de la délimitation de zones respectives.

Ils chassaient autrefois 56 espèces d’animaux dont les plus communes sont

Le caititu (tayassu tajacu) ou pécari à collier

Le cutia ou cotia (desyprocta aguti) ou agouti

Le jacamin (psophia viridis) ou agami vert (oiseau)

Le jacu (penelope obscura) ou pénélope yacouhou (oiseau)

Le queixada (tayassu pecari) ou pécari à lèvres blanches

Ainsi que des singes et des tatous.

La cueillette

La cueillette est encore effectuée mais elle est remplacée peu à peu par la culture fruitière dans les vergers et les champs.

Ils plantent plus de 30 espèces d’arbres fruitiers et de palmiers.

Le seul produit forestier encore récolté en grande quantité à des fins commerciales est le miel.

Les relations économiques avec les blancs reposent sur les échanges matériels et monétaires.

Les sources de revenus les plus courants sont le commerce de produits agricoles, la vente d’artisanat et le travail temporaire pour les colons ou permanents pour la funai.

source  pib socioambiental

Ci-dessous deux articles traduits en complément de cet article sur les Guajajara : 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Guajajara

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