Le peuple Achuar réaffirme son rejet de GeoPark sur son territoire ancestral

Publié le 2 Août 2018

Servindi, le 29 juillet 2018 - La Fédération de la Nationalité Achuar du Pérou (FENAP) a réaffirmé son rejet de l'entrée de la compagnie pétrolière GeoPark dans les territoires ancestraux du peuple Achuar en Amazonie péruvienne.

La société, basée au Chili, est autorisée à explorer le bloc 64 qui chevauche une partie importante du territoire ancestral Achuar dans le bassin de la rivière Pastaza.

Quelques jours avant l'assemblée annuelle des actionnaires de GeoPark, la FENAP a accusé GeoPark de fomenter des conflits entre les communautés indigènes de la région.

La semaine dernière, une nouvelle vidéo a été affichée sur Amazon Watch, où des représentants de dizaines de communautés Achuar se sont mobilisés pour s'opposer à GeoPark.

La vidéo a été lancée le 20 juillet après une audience à Iquitos, au Pérou, au cours de laquelle la FENAP a souligné sa demande d'annulation du bloc 64 parce qu'il a été créé en 1995 sans la consultation ou le consentement des communautés Achuar.

Jeremías Petsein Peas, président de la FENAP, qui comprend 45 communautés Achuar vivant dans les bassins de Pastaza et de Morona :

"A plusieurs reprises, comme lors de l'assemblée ordinaire de la FENAP, nous avons dit non à la société GeoPark. Nous avons vu toutes les conséquences négatives, comme la pollution, qui surviennent sur notre territoire lorsque la compagnie pétrolière entre sur notre territoire. Au nom de la FENAP, je rejette catégoriquement l'entrée de la société GeoPark sur notre territoire" Jeremías Petsein.

Ils ont averti que ce litige présente un risque évident pour GeoPark, en particulier avec le précédent de la révocation des contrats pétroliers sur les lots 116 en 2017, faute de consultation préalable.

Dans sa mise à jour opérationnelle pour le deuxième trimestre de 2018, Géopark a annoncé qu'il avait complété une étude d'impact environnemental pour commencer l'exploitation du champ Situche Central dans le bloc Morona du lot 64.

Il a expliqué qu'il a soumis l'étude au Service National de Certification Environnementale (SENACE) le 2 juillet 2018, après plus d'un an de collecte d'informations auxquelles les communautés locales ont été associées.

Défaillances et territoire contesté


L'intention d'imposer des activités pétrolières dans le bloc 64 est une histoire d'échec face à la résistance inébranlable du peuple Achuar. En fait, au moins trois compagnies pétrolières - Talisman, Occidental et ARCO - ont essayé de commencer les opérations sur ce lot ont échoué, en partie à cause des campagnes de résistance Achuar.

De plus, GeoPark refuse de reconnaître que les puits de production du champ Situche Central sont situés en territoire contesté.

La région est revendiquée à la fois par un petit groupe de communautés Achuar pro-pétrole et par une majorité de communautés Achuar au sein du bloc 64 qui s'opposent avec véhémence à l'activité pétrolière.

Relance du conflit


Il convient de noter que la présence pétrolière est associée à la promotion du conflit. En 2009, Talisman Energy, alors concessionnaire, a transporté en hélicoptère des hommes Achuar armés de fusils de chasse pour affronter les familles de la FENAP qui s'étaient rassemblées à  Situche Central pour protester contre les opérations pétrolières.

En 2014, le ministère public a porté plainte contre Talisman pour avoir commis un crime contre l'humanité sous la forme d'une "tentative de génocide" pour avoir provoqué une confrontation qui a presque entraîné des violences physiques entre les membres des familles Achuar.

Dans sa dernière déclaration publique, la FENAP accuse également GeoPark d'utiliser des stratégies similaires pour tenter de diviser et de vaincre le peuple Achuar.

"GeoPark trompe ses actionnaires et investisseurs sur la situation conflictuelle à laquelle il est confronté dans le bloc 64 au Pérou. Ses investisseurs doivent s'attendre à ce que l'activité de GeoPark sur le territoire Achuar soit un désavantage, plein de risques juridiques, financiers et de réputation. Les compagnies pétrolières plus grandes et plus sophistiquées n'ont pas avancé là-bas ; pourquoi GeoPark pense-t-il qu'il réussira" Andrew Miller, Directeur du Plaidoyer pour Amazon Watch.

Un lot de pétrole non viable ?


Le lot 64, situé au nord de l'Amazonie péruvienne à la frontière avec l'Équateur, a été créé en 1995. Depuis cette date, plusieurs compagnies pétrolières internationales ont acquis la concession puis l'ont abandonnée.

La  dernière à partir fut Talisman, qui annonça son départ en septembre 2012 et transféra la concession à la compagnie pétrolière d'Etat PetroPeru en 2013. GeoPark a acquis la concession en octobre 2014 et a reçu l'approbation du gouvernement pour poursuivre les activités d'exploration en décembre 2016.

De plus, des entreprises comme GeoPark n'auraient pas les capitaux nécessaires pour mener des opérations comme  celles du lot 64 sans le financement d'institutions financières américaines comme JPMorgan Chase et BlackRock.

La recherche d'Amazon Watch a documenté que ces institutions ont d'importants investissements dans GeoPark et d'autres compagnies pétrolières qui ont l'intention d'opérer dans la forêt amazonienne et a expliqué les risques en termes de changement climatique, de droits des peuples indigènes et de risques financiers.

traduction carolita d'un article paru sur servindi.org le 29 juillet 2018

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article