La résistance catalane porte un nom : Valmanya

Publié le 20 Août 2014

La résistance catalane porte un nom : Valmanya

image du village brûlé Jean Tosti

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Triste anniversaire…….il y a 70 ans.

Mines de fer de la Pinosa en 1916

Le lieu
Les mines de la Pinosa (La pinouse)

Situées dans les Pyrénées orientales elles se trouvent à une altitude de 1360 mètres sur le territoire de Valmanya dans la vallée de la Lentilla et sur les flancs du mont Canigou.

L’extraction du fer sur le site date de l’époque romaine mais elle fut exploitée principalement entre 1904 et 1931 pendant l’ère industrielle.

Le réseau de mines était éparpillé sur plusieurs communes, Valmanya, St Marsal, Taulis et Corsavy.

La vallée de la Lentilla

(ou Nantilla)

Ce nom lui est donné en raison de la présence de galets ronds en forme de lentilles qui forment le lit du torrent. Petit torrent qui dévale le Canigou , sa vallée était habitée par des peuplades occupées à extraire le minerai de fer.

La guerre de 1939/1945
Le réseau Sainte Jeanne

Le village et la mine avoisinante sont au début de la guerre un lieu propice au maquis et à la résistance, considéré plus sûr que les grandes villes, un réseau d’évasion franco-belge y voit le jour créé par René Horte l’instituteur du village et Abdon Robert Casso un militaire de carrière. L’objectif est de faire passer en Espagne les personnes désireuses de rejoindre la France libre.

La population du village s’implique rapidement et généreusement dans cette activité ce qui fait naître des doutes chez l’occupant qui démantèle le réseau et déporte une grande partie des habitants.

"Ce n'est pas un hasard si les maquisards et les Républicains espagnols s'étaient regroupés sur le territoire de la commune", rappelle le maire Jean-Marc Monserrat. "Ils savaient qu'ils y trouveraient là une population dans sa grande majorité profondément républicaine et qui avait déjà pris fait et cause pour la Résistance, puisque dès 41 le réseau Sainte Jeanne avait mobilisé des habitants dans des opérations de renseignement et d'évasion vers l'Espagne".

Le maquis Henri Barbusse

En 1944 le maquis Henri Barbusse voit le jour au mas Barjau et s’installe quelques jours plus tard dans les mines de la Pinosa. Le groupe de FTP (francs tireurs partisans) est composé de patriotes évadés, de résistants traqués, de réfractaires au STO recrutés à Estagel et dans d’autres villes et de guérilléros espagnols expérimentés.

Le groupe était ravitaillé par la population voisine et parfois les vaches des pâturages.

Le 6 mars 1944 le groupe est repéré et délogé et il se reforme sur les pentes du Canigou en quelques semaines. Le commandement est confié à Julien Panchot, un militant communiste et son frère Barthélémy qui ont acquis une expérience au sein des brigades internationales.

A la recherche de fonds

Après l’attaque de la trésorerie de Perpignan qui est un échec et qui voit la capture et l’exécution de 5 maquisards à Montpellier, le groupe décide d’une action commando à Prades. En effet pour survivre les maquis communistes ne recevaient pas d’aide des américains et ils devaient se débrouiller sur le terrain.

Le 29 juillet, l’attaque ciblée et bien organisée, le groupe met la main sur des sommes importantes. Au cours de l’opération un soldat allemand, un gendarme et un civil sont faits prisonniers et exécutés après un procès sommaire.

Représailles allemandes

Cette attaque des FTP est un affront que ne peuvent supporter les allemands qui décident de liquider le maquis et le 30 juillet des chars allemands et des automitrailleuses arrivent à Prades.

Le 31 juillet, le maquis est averti de l’arrivée des troupes allemandes et met en place un dispositif de sécurité. Les responsables du maquis se concertent avec les guérilléros.

Le plan d’attaque du maquis :

  • Un groupe de 12 guérilleros (groupe Galliano) avec des fusils mitrailleurs et es grenades prend position à 1500 mètres du village sur une hauteur dominant la route.
  • A 800 mètres de là, 8FTPF (groupe TITO) s’installent dans les ruines d’une maison.
  • Sur la crête de Batère, 80 hommes prennent position sur une ligne de 2 kilomètres armés de fusils mitrailleurs et de bombes à mains.
  • Au col de Palomère, 30 hommes prennent position

En tout 150 guérillerros espagnols et 35 FTP participent à l’opération.

Le 1er août les camions allemands arrivent sur la route de Baillestavy.

Les maquisards du groupe Galliano ouvrent le feu et bloquent la progression de la colonne à un kilomètre de Valmanya.

Riposte des allemands, le groupe doit décrocher.

La colonne reprend pas sa progression : on ne sait pas vraiment pourquoi ils se sont méfiés, les hypothèss sont sujte à polémiques encore pour l’instant.

Mais fort heureusement les maquisards ne relâchent pas leur attention.

Par la suite, ils voient arriver les allemands et les miliciens chaussés d’espadrilles, les bottes pendues autour du cou, progresser vers le village.

Les maquisards du groupe TITO postée dans les ruines abandonnées qui surplombent la route lancent les grenades. L’ennemi se disperse, s’ensuit un échange de tirs qui déstabilise la troupe allemande ce qui donne le temps aux habitants de fuir vers le Sola par un sentier qui conduit à Baillestavy et Estoher.

Les allemands ne les poursuivent pas.

image le village vient d'être brûlé

Les victimes

Il reste quatre personnes à Valmanya, deux espagnols et deux personnes âgées (80 et 71 ans dont l’un infirme) qui n’ont pas pu s’enfuir. Il s’agit d’Emitièro Barrena, Pierre-Jean Beaux, José Gimeno et Jacques Romeux.

Les allemands les torturent et les exécutent à la mitraillette.

Une vieille femme qui travaillait dans un champ fut harcelée par les allemands encerclé pendant douze heures et frappée par les nazis.

Une femme plus jeune, enceinte de trois mois a subi le viol de 14 soldats et miliciens sous les yeux de ses enfants.

Incendie et pillage du village le soir du 1er août, même les animaux sont abattus par l’ennemi assoiffé de rage et de haine.

La résistance catalane porte un nom : Valmanya

la descente du corps de Julien Panchot

Julien Panchot

Les 2 et 3 aout les allemands attaquent le maquis qui doit se disperser et pendant le retrait Julien Panchot est blessé à la jambe et ne pouvant plus fuir il tombe dans les pattes de l’ennemi. Capturé et abominablement torturé il sera exécuté le 2 août 1944, assis car n’ayant plus la force de se tenir debout, devant un mur à la Pinosa.

Un jeune maquisard du nom de François Cabausell sera porté disparu

Le village n’a pas dit son dernier mot

Les allemands et les miliciens français repartent le 3 août vers Vinça. Deux kilomètres après Baillestavy, René Horte, l’instituteur et son groupe leur tombent dessus et les attaquent à la grenade. Ceci est l’ultime acte de résistance face à l’envahisseur.

Le village compte aussi deux déportés, Carmen Bartoli et Abdon Sennen-Casso.

La croix de guerre

Valmanya a reçu la croix de guerre et voici la citation qui l’accompagne :

« Durement meurtri dans sa chair comme dans ses pierres le village de Valmanya restera un exemple admirable et douloureux de l’inébranlable fidélité à une patrie dont il bien mérité ».

Citation à l'ordre du corps d'armée de la commune de Valmanya ICI

Un guérillero : Manuel Gracia Galliano (militant du PCE)

Le 29 juillet 1944, il participa à l’assaut de Prades (Pyrénées-Orientales) mené conjointement par les FTP et les GE. La section qu’il commandait attaqua la Villa Margueritte, siège local de la Siecherheitspolizei (connue plus généralement sous le nom de « Gestapo »). Il participa également aux combats (1, 2 et 3 août 1944) que les GE et les FTP (maquis « Henri Barbusse ») livrèrent dans le massif du Canigou contre les forces allemandes et la Milice des Pyrénées-Orientales et de l’Aude qui avaient pour objectif de les détruire en même temps que le village de Valmanya jugé trop favorable au maquis. Commandant un groupe de dix hommes, il se posta en embuscade sur un éperon rocheux, peu avant l’entrée de Valmanya, sur la rive droite de la Lentilla, opposée à celle où est établie la route départementale et sur laquelle progressait la colonne allemande. Le combat que Galiano et ses hommes livrèrent contre les Allemands permit à la plupart des habitants du village de fuir dans la montagne ; les quatre qui restèrent furent assassinés. Galiano et son groupe demeurèrent ensuite cachés pendant trois jours, attendant que les forces allemandes et miliciennes aient quitté Valmanya, après l’avoir pillé et mis à sac. À cette époque, Galiano
était « capitaine » de GE. Ses deux faits d’armes à Prades et à Valmanya justifièrent l’obtention de la croix de guerre avec étoile de bronze. La citation (15 janvier 1947) du général de corps d’Armée Bergeron, commandant la 5e région militaire (Toulouse), fut certifiée par Georges Delcamp*, lieutenant-colonel.

Lien

sources :, wikipédia, le site de la ville de Valmanya

Dont voici les liens des articles qui nous intéressent :

-photographies d'août 1944

- Les évènements

-Rapport de René Horte

- Victimes

- Poème de monsieur Alain Taurynia du 25 avril 1982

PC : Je n’ai pas illustré directement cet article avec les images, juste mis les liens pour voir celles qui existent car je ne sais pas si ses images sont d’accès libre. Pour autant, ce serait bien que l’on puisse fournir du matériel libre de droit ou sous licence aux encyclopédies libres comme wikipédia.

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire

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P
J ai randonne il a quelques années à la mine de la pinouse sans savoir ce qu était ce lieu. Une étrange atmosphère se dégageait des ruines. Un article régional sur le maquis en pays catalan m a tout de suite mise sur la voie, j ai cherche les photos sur Internet et oui c était bien la...bravo à ces hommes et femmes très courageux il faut honorer leur mémoire
C
Je pense qu'en effet dans ce genre d'endroit on doit ressentir des vibrations, l'histoire et le sang qui a coulé laissent des traces, du moins pour ceux qui y sont sensibles.
T
Recemment j'ai acheté un livre sur les maquis en France sous l'occupation,ouvrage ecrit par monsieur Bernard Crochet.Sur les maquis du Languedoc-Roussillon ,celui,dont le chef était monsieur Julien Panchot,il a ete malheureusement oublié.Dommage,il meritait avec son groupe de combattants resistants d'etre cité.
C
Je peux pourtant vous assurer que j'en ai parlé dans cet article car je me souviens bien que son martyre m'avait marquée.
G
Beau, très beau et très fort.<br /> Merci
C
Bonjour Gérard,<br /> <br /> Contente que ça te plaise mais j'ai fais un résumé de ce qu'il y a sur le site de la mairie. J'ai navigué à vue car j'ai lu encore des choses contradictoires (et honteuses à mon avis) comme c'est chaque fois le cas quand on parle de la résistance et des maquis.<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> caro