Les trois petits cochons et le grand méchant loup yankee
Publié le 6 Juillet 2013
Il était une fois trois petits cochons
Ils avaient des maisons grandes et dignes
Mais un jour sur leurs terres, l’horizon
Se voila d’une menace portant pour insigne
La soumission.
La maison de nif-nif
étendait à perte de vue ses champs d’œillets
telle une tache de sang rouge vif,
ses parterres resplendissaient
décourageant les velléités
d’ennemis aux dents longues acérées.
Le grand méchant loup yankee
d’un coup de faux aiguisée à la monsanto
plia les champs aux têtes rouges.
Nif-nif, dépité, sa queue en tire-bouchon
pendant entre ses pattes
se plia tel le champ du passé.
Il n’eut pas honte, non,
ça faisait bien longtemps qu’il avait perdu
la fiche de culture des œillets
de la liberté.
La maison de nouf-nouf flottait sur un radeau.
A son bord la liberté sein nu,
bonnet phrygien au vent,
voguait, que vogue le radeau
au fil des torrents et du temps,
tenant en ses mains les clés de la révolte.
Sur la façade de la maison de nouf-nouf
trois mots écrits :
Liberté- égalité-fraternité
Le grand méchant loup yankee
d’un coup de chalumeau enragé
fit fondre les lettres de sang doré,
d’un coup de clé énergique,
il vissa autour de la taille de la Marianne
une ceinture de chasteté made in USA,
et sur son sein nu il inséra
le soutien-George de la honte à la bannière étoilée.
Nouf-nouf, dépité, son pis pendant
sous ses pattes porcines,
se plia à la sentence divine,
bon an mal an, sans chercher plus loin.
Il n’eut pas honte, non,
ça faisait bien longtemps qu’il avait perdu
la table des droits de l’homme
et sa mise en application.
La maison de naf-naf flottait sur les rizières.
Le riz fertilisé à la sueur et aux chants
des ouvriers de la misère
fleurait bon la chanson de la liberté
sur un air de Bella ciao.
Les pieds dans l’eau, les idées
portées haut un temps, flambèrent
et puis retombèrent.
Le grand méchant loup yankee
d’un coup d’épandage de roundup
fit disparaître la maison des rizières,
brûlant jusqu’à la moelle entière
les racines de lutte de demain.
Naf-naf, dépité, son museau chafouin pendant,
rosit d’une légère confusion
mais pas plus que de raison.
Puis,
il se plia aux ordres ultimes.
Il n’eut pas honte, non,
ça faisait bien longtemps qu’il avait perdu
le goût du riz, le goût du combat
pour l’émancipation de la vie.
Il avait dans ses bottes brunes
autant de sang que le loup yankee.
Comme vous l’aurez compris
la morale de cette histoire est changée
car dans la vraie vie
aucun petit cochon n’a résisté
contre la vindicte du grand méchant loup.
Celui-ci gagne à tous les coups
pour peu qu’on lui laisse occuper le terrain.
Sur la planète, un noyau de résistance
bâtit ses maisons autour d’une maloca* de combat,
celle-ci est forte,
elle est construite avec des bambous solides,
solidaires et unis
contre l’adversité.
Carole Radureau (06/07/2013)
* Maison communautaire des peuples d’Amazonie en particulier
Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons