Pleniere du CNI region Centre Pacifique

Publié le 14 Février 2011

CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE
RÉGION CENTRE PACIFIQUE
DÉCLARATION DU 6 FÉVRIER 2011

XXVIIIe Réunion plénière du Congrès national indigène, région Centre
Pacifique

Communauté indigène coca de Mezcala (Jalisco)

Convoqués et réunis dans la communauté coca de Mezcala (Jalisco), les
peuples, tribus et nations wixáritari de l'État de Durango ; coca,
wixáritari et nahua, du Jalisco ; purhépecha et nahua du Michoacán ; naa
savi, mephaa, nahua et nancue ñomndaa du Guerrero ; triqui, binnizá et naa
savi de l'Oaxaca ; tzeltal et tzotzil du Chiapas ; ñahñu de l'État de
Mexico et nahua du District fédéral, nous déclarons :

C'est dans la communauté coca de Mezcala, avec les connaissances et les
savoirs que nous apportent l'eau, la terre, la chaleur et le cœur de notre
peuple qui est l'île de Mezcala (Tlalquetepeque), que nous avons commencé
les travaux de cette réunion plénière.

L'abri que nous a offert la lagune de Chapala est ce que nous racontent
les anciens de la communauté de Mezcala, puisque Chapala est la mère car
c'est elle qui a donné la nourriture et la vie au village ; les collines,
les bois, qui nous abritent et nous donnent du travail, sont notre père ;
tandis que le cœur du village est né dans l'île de Mezcala, c'est en elle
que se réfugie notre mémoire et notre histoire de lutte. Ainsi, donc,
l'île, les collines, la lagune, les animaux et les plantes sont notre
territoire, notre histoire.

Considérant que face à la guerre de conquête néolibérale capitaliste que
met en pratique le mauvais gouvernement dans nos peuples, nations et
tribus, avec ses instruments pour nous diviser et nous dominer au travers
de projets de production, de dons et d'aumônes, l'autonomie et la libre
détermination constituent le moyen de défense de nos territoires et de
notre culture, nous faisons la déclaration suivante :

Déclaration

La communauté indigène coca nous a montré la lutte de résistance qu'elle a
entreprise tout au long de son histoire pour la conservation de son
territoire. C'est pourquoi nous nous prononçons contre la privatisation et
la manipulation du cœur de son peuple, l'île de Mezcala, étant donné que
l'INAH (1) du Jalisco et le ministère de la Culture, de même que le
conseil municipal de Poncitlán s'obstinent toujours à vouloir s'emparer de
l'histoire de Mezcala et à la transformer en une marchandise de plus. Nous
dénonçons les travaux que la CNA (2) a réalisés dans notre communauté,
prétendant délimiter comme zone fédérale une superficie qui est communale
depuis des temps immémoriaux.

Nous dénonçons les vingt-deux concessions minières octroyées à
l'entreprise canadienne First Majestic Silver Corp. par l'État mexicain
par le biais de son ministère de l'Économie, pour l'exploration et
l'exploitation des minerais sur le site sacré de Wirikuta, et nous
exigeons leur annulation immédiate. Nous affirmons que la vie du monde
dépend des offrandes et des cérémonies que nos frères Wixáritari ont
pratiquées à cet endroit depuis des temps immémoriaux ; c'est d'elles que
dépend que le soleil réapparaisse chaque jour, aussi la destruction de
Wirikuta serait une annonce de mort et d'extermination pour nos peuples
originaires. De même, nous saluons le Front pour la défense de Wirikuta
Tamatsina Wahaa, dont la parole est celle des anciens, des assemblées et
des autorités du peuple wixárika (3), et nous reconnaissons l'intense
participation de la société civile mondiale à cette lutte historique.

De même, nous nous opposons à toutes les attributions et concessions
d'exploration et d'exploitation minières accordées dans tout le pays dans
le dos de nos peuples, sans qu'ils aient été consultés au préalable, dans
le but de détruire nos terres, notre culture et notre existence.

Nous renouvelons notre soutien à la communauté wixárica de Tapurie-Santa
Catarina Cuexcomatitlán (Jalisco), dans sa décision d'exercer son
autonomie dans les faits suivant son propre modèle de développement dans
les domaines de l'éducation et de la gestion de ses forêts. Nous
renouvelons notre opposition à l'exécution du projet routier
Amatitlán-Bolaños-Huejuquilla sur le territoire de Tapurie.

Nous dénonçons l'invasion massive des entreprises multinationales de
culture de l'avocat sur des terres qui ont été reconnues comme appartenant
à la communauté de Tuxpan en 1925, invasion qui se réalise par
l'intimidation des paysans qui renâclent à louer leurs terres et par
l'appropriation illégale des eaux disponibles sur les pentes des volcans
Nieve et Fuego.

Nous refusons la spoliation des forêts de la communauté de Cherán et de
toutes les communautés du plateau Purhépecha opérée par des groupes
paramilitarisés de coupe de bois clandestine dans le but de favoriser la
plantation d'avocats, avec la complicité du gouvernement qui refuse de
poursuivre et de punir ces groupes criminels, qui sont plutôt les
bénéficiaires des projets productifs gouvernementaux.

Nous exigeons le respect de la possession par la communauté nahua de Santa
María Ostula des terres qu'elle a reprises le 29 juin 2009, lieu où a été
fondé le village de Xayakalán. De même, nous exigeons le respect de sa
police communautaire, la fin des arrestations de comuneros pour possession
d'armes à feu, et le châtiment des groupes paramilitaires qui ont
assassiné, blessé par balles et provoqué la migration de dizaines de
familles nahuas d'Ostula et Coire. Nous exigeons la présentation en vie
des comuneros Javier Martínez, Gerardo Vera et Francisco de Asís, ce
dernier étant commissaire aux biens communaux.

Nous refusons les travaux d'exploration et d'exploitation minières que
réalisent des entreprises nationales et multinationales sur le territoire
communal des communautés qui constituent la Coordination régionale des
autorités communautaires de la Costa Chica et de la Montaña du Guerrero.

Nous exigeons la déclaration d'innocence et la libération inconditionnelle
des frères amuzgos Silverio Matías Domínguez, Genaro Cruz Apóstol et David
Valtierra Arango, qui ont été condamnés en première instance pour le délit
fabriqué d'enlèvement afin de détruire la radio communautaire ñomndaa "La
palabra del agua", de la commune de Xochistlahuaca (Guerrero) et de
favoriser les intérêts de la cacique locale Aceadeth Rocha.

Nous exigeons la reconnaissance de l'Université interculturelle des
peuples du sud de l'État de Guerrero, car c'est une université impulsée
par les peuples indiens pour préparer des professionnels qui défendent les
intérêts de leurs propres peuples.

Nous condamnons la répression gouvernementale et paramilitaire déclenchée
contre nos peuples, et en particulier contre le peuple triqui d'Oaxaca,
les communautés, caracoles et Conseils de bon gouvernement zapatistes du
Chiapas, la communauté nahua d'Ostula (Michoacán) et la communauté tzotzil
de Mitzitón (Chiapas).

Nous nous opposons au déplacement forcé de ceux qui constituent la commune
autonome de San Juan Copala, et nous exigeons des garanties pour leur
retour ; nous rejetons la militarisation de la région triqui et exigeons
le châtiment des groupes paramilitaires qui agissent dans la zone ; nous
exhortons les femmes, les hommes, les enfants, garçons et filles, les
anciens et les anciennes qui constituent le peuple triqui à reconstruire
l'unité de leur peuple, sans distinction d'organisations et sans
l'ingérence d'intérêts extérieurs qui provoquent la confrontation au sein
du peuple triqui.

Nous refusons la spoliation des territoires qui correspondent aux peuples
ikoot et binnizá dans la région de l'isthme de Tehuantepec pour installer
des champs d'éoliennes, spoliation perpétrée par des entreprises
multinationales comme Preneal, Endesa, Iberdrola, Gamesa et Eurus, en
complicité avec tous les niveaux de gouvernement.

Nous nous prononçons contre l'arrestation de 140 adhérents à La Otra
Campaña, membres de l'ejido de San Sebastián Bachajón (Chiapas), par les
polices fédérale et de l'État et des éléments de l'armée mexicaine, le 3
février de l'année en cours, alors qu'ils réalisaient une protestation
après avoir été dépossédés du guichet des entrées des cascades d'Agua Azul
par un groupe de militants du PRI (4).

Nous refusons la spoliation de terres de la communauté nahua de Tláhuac de
la part du gouvernement du District fédéral dirigé par Marcelo Ebrard pour
la construction sur ses terres de la ligne 12 du métro et de la
"Super-voie" ouest.

Nous renouvelons notre opposition à la construction de l'aqueduc du
barrage de Novillo par le gouvernement fédéral, le gouvernement de l'État
et l'entrepreneur Carlos Slim, qui prétend détourner la presque totalité
des eaux du fleuve Yaqui vers la commune d'Hermosillo (Sonora) pour
favoriser les intérêts immobiliers, touristiques et agro-industriels du
grand capital, projet qui provoquerait l'extermination de la tribu yaqui.

Nous appelons à reconnaître le rôle, le travail et les droits des femmes
indigènes à l'intérieur de nos communautés et dans la lutte pour la
libération de nos peuples, tribus et nations.

Quinze ans après la signature des accords de San Andrés entre le
gouvernement et l'Armée zapatiste de libération nationale, nous
revendiquons leur contenu et les proclamons, une fois de plus, loi suprême
de nos peuples.

Nous reconnaissons l'extraordinaire travail réalisé en faveur de nos
peuples par l'évêque don Samuel Ruiz tout au long de sa vie, et nous nous
unissons à la douleur causée par son départ.

Nous saluons la réalisation prochaine de la XXIXe réunion du Congrès
national indigène de la région Centre et Pacifique, les 5 et 6 mars de
cette année, dans la communauté de Nurío, dans le but de commémorer dix
ans de la Marche de la couleur de la terre et le Troisième Congrès
national indigène.

Fait en la communauté coca de Mezcala (Jalisco), le sixième jour du mois
de février 2011.

POUR LA RECONSTITUTION INTÉGRALE DE NOS PEUPLES
JAMAIS PLUS UN MEXIQUE SANS NOUS

LE CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE DANS LA RÉGION CENTRE PACIFIQUE


(1) Institut national d'anthropologie et d'histoire (NdT).
(2) Commission nationale de l'eau, aussi appelée "Conagua" (NdT).
(3) Wixáritari est le pluriel de Wixárica, peuple appelé Huichol par les
conquérants (NdT).
(4) Sur cette affaire, voir notamment courrier du CSPCL du 5 février (NdT)

Traduit par el Viejo.

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #indigènes et indiens

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Commenter cet article
C
<br /> ces peuples sont une merveille dans notre monde corrompu et par leur combat sont une preuve que la volonté humaine peut arriver à vaincre toutes les politiques de merde et aider à maintenir un<br /> savoir , une culture vivants dans ces communautés. En tout cas , ils ont la rage de vaincre et veulent s'en sortir et ses valeurs se transmettent d'une génération à l'autre.<br /> <br /> <br />