Pierres

Pierres plates qui ricochent traversent en trois bonds les ruisseaux

Pierres qui s’entrelacent dans les murets se réchauffant contre le vent

Pierres en étincelles fabriquent le feu des hommes fort à propos

Pierres grimpant à l’assaut des exploits architectes des maîtres du temps

Pierres en cathédrales qui dominent les splendeurs du Machu Picchu là-haut

Pierres tombales froides et lugubres aux noms si chers gravés pour longtemps

Pierres- bijoux turquoises taillées sculptées portées sur les tendres peaux

Pierres sèches se comptant une à une pour former le muret anti-peste d’antan

Pierres dans les champs par milliers cassant les herses et leurs dents en crocs

Pierres portées en blocs énormes pour grimper aux pyramides en s’échelonnant

Pierres pour lyncher les infidèles qui aux yeux des croyants sont pires que des veaux

Pierres dans les rocailles offrant le contraste aux fleurs du printemps

Pierres qui s’éboulent gaiement en rigolant descendant les pistes sans cordeau

Pierres en escaliers parcourant les sentiers des hommes premiers dans l’ère du temps

Pierres en suspens surveillant la planète telles des sentinelles en escabeau

Pierres pour traverser en sautant d’un pied sur l’autre le gué du torrent

Pierre dans le cœur de certains hommes froids cruels tels des animaux

Pierre à la place de leur cœur sur laquelle rebondissent tous les sentiments

Pierres infinies dans le lit des cours de notre vie. Pierres polies comme des joyaux

Pierres infinies, compagnes des hommes à jamais liées à leurs tourments

Carole Radureau (26/12/2012)

Poème librement inspiré du poème PIERRES de Louis Aragon ( Le nouveau Crève-coeur)

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