Allende : Pour ne pas oublier

Publié le 11 Septembre 2013

Allende : Pour ne pas oublier

Quelques documents, archives, vidéos, infos glanées ces jours derniers pour constituer cet article mémoire vive qui jamais ne s'éteint.

Au Chili le 11 septembre 1973 un coup d'état faisait disparaître le président Allende et avec lui tout espoir de socialisme.

Avec la fin d'Allende commence la traque aux opposants et les morts se succèdent.

40 ans plus tard, même pour ceux qui comme moi n'en ont pas le souvenir, la mémoire collective fait son œuvre et cette expérience unique de l'Unidad popular vit en moi comme l'une des plus belles réussites d'un gouvernement portant nos idéaux.

1. Le film documentaire Salvador Allende
Allende : Pour ne pas oublier

SYNOPSIS:

« Un pays sans documentaire, c’est comme une famille sans photo. Une mémoire vide. » Depuis le coup d’état de Pinochet du 11 Septembre 1973, Patricio Guzman s’acharne à reconstruire la mémoire du Chili. Une ténacité à rebours d’histoire qui tient pourtant son miracle humaniste. Retour sur un film qui, par sa ferveur, sa force, sa beauté, nous parle au présent de politique.

Le film s’ouvre près d’une autoroute, par un mur : le passé ne passe pas, dit pour la première fois la voix off de Patricio Guzman. Aucun esthétisme, mais le son, la lumière bien en face, à cet instant précis. Un archaïsme très efficace de mise en scène où l’on voit, préhistorique, un bras qui s’avance, une pierre à la main pour cogner contre un mur, arracher la couche de peinture grise dont il est recouvert. Derrière les éclats de gris, des couleurs, des formes apparaissent et laissent deviner sous cette peau d’apparence une fresque réalisée trente ans plus tôt pour la campagne présidentielle de Salvador Allende. Les murs alors, dans l’entrelacs des couleurs, portaient des lettres noires et scandaient partout ce nom, Allende. Si la droite possédait les journaux, le peuple tenait les murs. Chaque jour, dans l’impulsivité collective d’un Arte Povera avant l’heure, des sortes de brigades se réunissaient pour peindre avec Roberto Mata, dire et montrer l’art, ses mâchoires politiques, faire de la rue un musée libre pour y mettre l’explicite en besoin : du pain, un toit, du travail.

Un cinéma pour répondre au déni : l’incontournable de l’Histoire.

Guzman pourrait ajouter de la mémoire, tant il s’associe par sa démarche à cet art de la nécessité. C’est bien la démesure, la ténacité de son projet : défaire une amnésie collective par l’accumulation, le martèlement de ce qui a effectivement constitué pendant près de vingt ans la mémoire d’un peuple mis au bâillon par la dictature. Redonner tout un faisceau de preuves, d’images, de paroles pour faire cesser le fatalisme politique. De retour à Santiago, face aux tours de verres qui la placent en semblable de toute mégalopole, une militante de l’Unidad Popular voudrait elle aussi, à l’image de Guzman, bâtir un pont pour les siens : d’un rêve, d’un mythe à l’autre, elle parle à demi-mots de la génération des fils qui, si elle s’étouffe au consumérisme, ne peut reprendre la flamme vide du rêve de leurs parents.

Allende : Pour ne pas oublier
2. Allende de Pablo Neruda

Mon peuple a été le peuple le plus trahi de notre temps. Du fond des déserts du salpêtre, des mines du charbon creusées sous la mer, des hauteurs terribles où git le cuivre qu’extraient en un labeur inhumain les mains de mon peuple, avait surgi un mouvement libérateur, grandiose et noble. Ce mouvement avait porté à la présidence un homme appelé Salvador Allende, pour qu’il réalise des mesures de justice urgentes et arrache nos richesses nationales des griffes étrangères.

(…) le Chili a une longue histoire civile qui compte peu de révolutions et beaucoup de gouvernements stables, conservateurs et médiocres. De nombreux présidaillons et deux grands présidents : Balmaceda et Allende. Curieusement, l’un et l’autre sortent du même milieu : la bourgeoisie riche, qui se fait appeler chez nous « aristocratie ». Hommes de principes, obstinés à rendre grand un pays amoindri par une oligarchie médiocre, ils eurent la même fin tragique. Balmaceda fut contraint au suicide parce qu’il refusait de livrer aux compagnies étrangères nos riches gisements de salpêtre. Allende fut assassiné pour avoir nationalisé l’autre richesse du sous-sol chilien : le cuivre. Dans les deux cas, les militaires pratiquèrent la curée. Les compagnies anglaises sous Balmaceda, les trusts nord-américains sous Allende, fomentèrent et financèrent des soulèvements d’état-major.

Dans les deux cas, les domiciles des présidents furent mis à sac sur l’ordre de nos distingués « aristocrates ». les salons de Balmaceda furent détruits à coups de hache. La maison d’Allende, avec le progrès, fut bombardée par nos héroïques aviateurs.

)…) Allende ne fut jamais un grand orateur. Gouvernant, il ne prenait aucune décision sans consultations préalables. Il était l’incarnation de l’anti-dictateur, du démocrate respectueux des principes dans leur moindre détail. Le pays qu’il dirigeait n’était plus ce peuple novice de Balmaceda, mais une classe ouvrière puissante et bien informée. Allende était un président collectif ; un homme qui, bien que n’étant pas issu des classes populaires, était un produit de leurs luttes contre la stagnation et la corruption des exploiteurs. C’est pourquoi l’œuvre réalisée par Allende dans un temps si court est supérieure à celle de Balmaceda ; mieux, c’est la plus importante dans l’histoire du Chili. La nationalisation du cuivre fut une entreprise titanesque. Sans compter la destruction des monopoles, la réforme agraire et beaucoup d’autres objectifs menés à terme sous son gouvernement d’inspiration collective.

Les œuvres et les actes d’Allende, d’une valeur nationale inappréciable, exaspérèrent les ennemis de notre libération. Le symbolisme tragique du palais du gouvernement, on na pas oublié la Blitzkrieg de l’aviation nazie contre des villes étrangères sans défense, espagnoles, anglaises, russes ; le même crime se reproduisait au Chili ; des pilots chiliens attaquaient en piqué le palais qui durant deux siècles avait été le centre de la vie civile du pays.

J’écris ces lignes hâtives pour mes Mémoires trois jours seulement après les faits inqualifiables qui ont emporté mon grand compagnon, le président Allende. On a fait silence autour de son assassinat ; on l’a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autorisée à accompagner son cadavre immortel. La version des agresseurs est qu’il l’on découvert inanimé, avec des traces visibles de suicide. La version publiée à l’étranger est différente. Aussitôt après l’attaque aérienne, les tanks –beaucoup de tanks- sont entrés en action, pour combattre un seul homme : le président de la République du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son cœur généreux, entouré de fumée et de flammes.

L’occasion était belle et il fallait en profiter. Il fallait mitrailler l’homme qui ne renoncerait pas à son devoir. Ce corps fut enterré secrètement dans un endroit quelconque. Ce cadavre qui partit vers sa tombe accompagné par une femme seule et qui portait toute la douleur du monde, cette glorieuse figure défunte s’en allait criblée, déchiquetée par les balles des mitrailleuses. Une nouvelle fois, les soldats du Chili avaient trahi leur patrie.

Pablo Neruda (J’avoue que j’ai vécu)
Neruda-Allende.jpg Fotos para la reseña del libro "Pablo Neruda. Álbum, galería de más de 450 imágenes" Pablo Neruda, Álbum - Fotos Presentación del Libro Neruda

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3. Le film La bataille du Chili
Allende : Pour ne pas oublier

La Bataille du Chili (La batalla de Chile) est un film réalisé par Patricio Guzmán en 1973. C'est une coproduction chilienne, française, cubaine et vénézuélienne.

Ce film fut réalisé neuf mois avant le coup d'État militaire au Chili. D'après son auteur, il s'agit d'un document très important car « c’est la preuve cinématographique, jour après jour, de l’agonie d’une expérience révolutionnaire qui touche le monde entier parce qu’elle se présente comme une expérience pacifique du passage au socialisme ».|

Il a été récompensé de six grands prix en Amérique latine et en Europe. La revue américaine Cineaste l'a qualifié de l'un des dix meilleurs films politiques du monde.

Le film est constitué de trois parties :

  • L'Insurrection de la bourgeoisie (La insurreción de la burguesía), 1975
  • Le Coup d'État miliaire (El golpe de estado), 1977
  • Le Pouvoir populaire (El poder popular), 1979.

première partie

deuxième partie

Allende : Pour ne pas oublier
4. Le programme des évènements en Ile de France

Les liens entre la France et le Chili sont nombreux, à commencer par les exilés chiliens qui viennent se réfugier dans la capitale à partir de septembre 1973, après le coup d’État du général Augusto Pinochet.

Pour commémorer ce passé commun fait d’entraide et d’échange, des événements sont prévus à travers l’Île-de-France : des expos photos, des rassemblements, un concert en hommage à Victor Jara, de colloques sur l’avenir du Chili, du théâtre et des projections-débats.

Toutes ces activités traiteront de l’exil politique des chiliens pendant la dictature : le problème de la double-identité, la figure d’Allende, les disparus, le Chili d’hier et d’aujourd’hui, l’évolution de la mémoire, la littérature chilienne de l’exil.

Soulignons la présence d’invités de marque, comme le réalisateur Costa-Gavras, l’avocat Juan Guzman ou encore le metteur en scène Adel Hakim.

Allende : Pour ne pas oublier
5. Le hors série de l'Humanité dimanche

Ce nouveau hors-série exceptionnel de l’Humanité est accompagné d’un CD conçu par le groupe Zebda autour de la figure du grand musicien martyr Victor Jara, auquel ils rendront également hommage sur la grande scène de la Fête de l’Humanité, samedi 14 septembre.

Le hors-série Chili, l'espoir assassiné (8 euros) à commander ici

6. Le rendez-vous 40 ans après à Orly ville

(avec des musiques choisies par bibi : essayez d'écouter ne serait-ce qu'une fois la chanson de Santa Maria de Iquique des Quilapayun.....)

7. Un blog sur Allende

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire, #Chili

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R
Ton article est une belle référence; Je le reposterai aujourd'hui.<br /> Amitiés.
C
Bonjour Roger,<br /> <br /> Merci, tu peux le reprendre sans problème.<br /> J'avais mis de côté depuis un certain tant tout ce que je voulais y voir figurer.<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> caro