Cocomagnanville a été créé en hommage à Pierre Kerhervé, mon grand-père coco qui m'a permis de devenir l'adulte que je suis. Ce blog évolue au fil du temps, des connaissances et de la maturité de son auteure. Il est à présent presque essentiellement dédié aux peuples originaires de l’Abya Yala (les Amériques) et je me suis appliquée à documenter chaque peuple et culture qui la composent. A présent, les lecteurs qui le souhaitent pourront retrouver cette base de donnée sur un site que je leur ai dédié : Peuples autochtones d'Abya Yala.
Recherche : tous les Yanomami de 9 villages touchés par l'exploitation minière sont contaminés par le mercure
Publié le 6 Avril 2024
En 2023, 308 autochtones Yanomami et Ye'kwana sont morts sans que les agents de santé puissent servir les communautés vulnérables en raison de la peur des mineurs, selon un rapport publié en janvier de cette année 📷 Bruno Kelly/ISA
Une enquête réalisée auprès des autochtones du peuple Yanomami, du sous-groupe Ninam, de neuf villages situés dans le Roraima, a montré que tous les participants étaient contaminés par le mercure. Les niveaux d'exposition les plus élevés ont été détectés chez les autochtones vivant dans les villages les plus proches des mines d'or illégales.
L'étude « Impact du mercure sur les zones protégées et les populations forestières d'Amazonie : une approche intégrée santé-environnement » a été réalisée par l'École Nationale de Santé Publique Sergio Arouca (Ensp/Fiocruz), en partenariat avec l'École Polytechnique de Santé Joaquim Venâncio. (EPSJV/Fiocruz), qui a bénéficié du soutien de l'Instituto Socioambiental (ISA).
Les chercheurs ont identifié la présence de métal lourd dans des échantillons de cheveux provenant d’environ 300 personnes analysées, dont des enfants et des personnes âgées.
"Ce scénario de vulnérabilité augmente de façon exponentielle le risque de maladie pour les enfants vivant dans la région et, potentiellement, peut favoriser l'émergence de manifestations cliniques plus graves liées à une exposition chronique au mercure, notamment chez les enfants de moins de 5 ans", explique le coordinateur de l'étude, Paulo Basta, médecin et chercheur à l'Ensp/Fiocruz.
L'étude a réalisé des collectes dans la région de l'Alto Rio Mucajaí, en octobre 2022. Ce lieu est la cible d'exploitations minières illégales depuis des décennies, ce qui provoque la destruction de l'environnement, l'insécurité, la violence et des dommages à la santé des populations indigènes.
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Site à Surucucus (RR). L’exploitation minière persiste en terre autochtone Yanomami et favorise un étranglement des services de santé 📷 Bruno Kelly/ISA
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Chemin vicinal qui donne accès aux ports miniers du rio Uraricoera (RR). La déforestation liée à l'exploitation minière a totalisé 238,9 hectares en 2023 📷 Bruno Kelly/ISA
« Le garimpo est le plus grand mal que nous ayons aujourd’hui en Terre Yanomami. Il est nécessaire et urgent de procéder à une désintrusion, d’éloigner ces envahisseurs. Si l'exploitation minière continue, la contamination, la dévastation, les maladies comme le paludisme et la malnutrition subsistent également et c'est le résultat de cette recherche, c'est une preuve concrète ! », souligne le vice-président de l'Association Hutukara Yanomami (HAY), Dário Vitório Kopenawa.
Sur les 287 échantillons de cheveux examinés, 84 % ont enregistré des niveaux de contamination au mercure supérieurs à 2,0 µg/g . 10,8 % étaient supérieurs à 6,0 µg/g, un indice considéré comme élevé, qui nécessite une attention particulière et des investigations complémentaires.
Dans les deux zones de contamination, il est nécessaire de notifier les cas au Système d'information sur les maladies à déclaration obligatoire (Sinan), afin de produire des statistiques officielles sur le problème dans la région.
Les chercheurs soulignent que les peuples autochtones ayant des niveaux de mercure plus élevés présentaient plus fréquemment des déficits cognitifs et des lésions nerveuses dans les extrémités, telles que les mains, les bras, les pieds et les jambes.
Comme le conseille l'Organisation mondiale de la santé (OMS), des niveaux supérieurs à 6 microgrammes de mercure par gramme de cheveux (μg.g-1) peuvent avoir de graves conséquences sur la santé, en particulier pour les groupes vulnérables. Il n’existe donc aucune limite sûre d’exposition au Hg.
En plus de détecter le mercure, les recherches ont mené des examens cliniques pour identifier les maladies chroniques non transmissibles, telles que les troubles nutritionnels, l'anémie, le diabète et l'hypertension.
En croisant les données, il a été observé que chez les indigènes souffrant d'hypertension artérielle, les niveaux de mercure supérieurs à 2,0 µg/g sont plus fréquents que chez les indigènes ayant une tension artérielle normale.
Des tests ont également été effectués pour estimer la prévalence des maladies infectieuses et parasitaires, notamment le paludisme et les infections sexuellement transmissibles (IST) telles que le VIH/SIDA, la syphilis et les hépatites B et C.
Plus de 80 % des participants ont déclaré avoir eu le paludisme au moins une fois dans leur vie, avec une moyenne de trois épisodes de la maladie par individu. Chez 11,7% des individus testés, il a été possible d'identifier des cas de paludisme à vivax et falciparum sans manifestations cliniques évidentes, caractéristiques communes dans les zones de forte transmission de la maladie.
Plus de 25 % des enfants de moins de 11 ans souffraient d’anémie et près de la moitié souffraient de malnutrition aiguë. Par ailleurs, 80 % présentaient des déficits taille-âge, ce qui suggère, selon les paramètres de l'OMS, un état de malnutrition chronique.
Un autre fait alarmant concerne la couverture vaccinale : dans la région étudiée, seuls 15,5 % des enfants étaient à jour de leurs vaccins selon le calendrier vaccinal national.
L'étude a également analysé 47 échantillons de poissons, 14 échantillons d'eau et de sédiments du rio Mucajaí et de ses affluents. Tous les échantillons de poissons ont montré un certain degré de contamination par le mercure, les concentrations les plus élevées étant détectées chez les poissons carnivores, dans des espèces très appréciées en Amazonie, comme le mandubé et le piranha.
L'analyse du risque attribuable à la consommation de poisson a révélé que l'absorption quotidienne de mercure dépasse de trois fois la dose de référence recommandée par l'Agence de protection de l'environnement du gouvernement américain (USEPA).
L'analyse des échantillons d'eau n'a pas révélé de contamination au mercure. D'autre part, deux échantillons de sédiments ont montré des niveaux de mercure supérieurs au niveau 1 de la résolution du Conseil National de l'Environnement (Conama) qui traite du sujet.
Les chercheurs formulent une série de recommandations basées sur le scénario rencontré lors des études. Comme actions d'urgence, ils mentionnent l'interruption immédiate de l'exploitation minière et de l'utilisation du mercure, l'élimination des envahisseurs et la construction d'unités de santé dans des points stratégiques de la terre autochtone Yanomami.
« Ce n'est pas la première fois que le Fiocruz mène des recherches en Terre Yanomami et prouve que nos proches sont contaminés par le mercure. C'est très grave! Nos enfants naissent malades. Les femmes sont malades, nos vieux sont malades ! Notre peuple meurt à cause de l'exploitation minière », analyse Dário Kopenawa.
Comme actions structurelles, ils proposent d'actualiser la Politique Nationale de Soins de Santé pour les Peuples Autochtones (PNASPI), en garantissant la présence régulière de professionnels de santé et en investissant dans la formation continue des agents de santé autochtones.
En outre, l'étude indique également que des actions spécifiques sont nécessaires pour les populations exposées et potentiellement exposées au mercure , telles que : suivre les communautés chroniquement exposées au mercure, effectuer des diagnostics de laboratoire en temps opportun afin d'évaluer les personnes présentant des conditions évocatrices d'une intoxication au mercure. , développement de protocoles et de routines appropriés pour le diagnostic et le traitement des patients présentant une intoxication avérée au mercure et création d'un centre de référence pour le suivi des cas chroniques et/ou présentant des séquelles reconnues.
Estudo liderado pela Fiocruz identificou a presença do metal tóxico em amostras de cabelo de cerca de 300 pessoas analisadas no Alto Rio Mucajaí, na Terra Indígena Yanomami
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