Mexique : Les peuples de Oaxaca célèbrent la résistance à l'exploitation minière

Publié le 25 Juillet 2022

Equipe de rédaction de Desinformémonos
23 juillet 2022


Ville de Mexico| Desinformémonos. Les peuples, communautés et organisations autochtones de l'État d'Oaxaca ont célébré la Journée de rébellion contre l'exploitation minière par une marche calendaire pour la défense des biens communs, au cours de laquelle ils ont dénoncé les effets de l'extractivisme et l'imposition de mégaprojets sur leurs territoires.

"Nous sommes unis dans la cause de la défense de nos territoires et des biens communs contre l'extractivisme et la dépossession qui menace notre espace territorial, ainsi que contre le faux discours du progrès et du développement, avec lequel nos communautés ont été trompées pour piller nos richesses", ont déclaré des communautés et des organisations telles que le Front contre l'exploitation minière et l'Assemblée oaxaqueña pour la défense de la terre et du territoire.

Ils ont indiqué que différentes régions de l'État de Oaxaca étaient menacées par l'imposition de projets miniers, qui violent leurs droits en tant que peuples indigènes car ils n'ont pas été consultés conformément aux normes internationales, qui criminalisent, attaquent et assassinent les défenseurs du territoire et qui divisent les communautés.

Parmi les plus touchées figurent les communautés des vallées centrales de Oaxaca, menacées par l'entreprise minière de Cuzcatlán et le projet San José ; les communautés de l'isthme de Tehuantepec, qui s'opposent au corridor transisthmique ; et la Sierra Sur de Oaxaca, où des assemblées et des autorités communautaires s'organisent contre les concessions minières de 120 000 hectares que les gouvernements ont remises aux entreprises sans informer ni consulter nos peuples.

En plus de rejeter l'exploitation minière, les peuples qui ont participé à la marche se sont élevés contre les barrages hydroélectriques, l'agriculture industrielle, les raffineries, les gazoducs, la fracturation, l'exploitation forestière, la privatisation de l'eau et les politiques d'État qui menacent leur autodétermination.

Parmi les demandes des communautés et des organisations figurent l'annulation par l'État de toutes les concessions et de tous les projets miniers sur leurs territoires, la fin du harcèlement, de la criminalisation et de la violence à l'encontre des défenseurs des communautés, ainsi qu'une législation reconnaissant les droits à l'autodétermination et au territoire des peuples indigènes et afro-mexicains de l'État de Oaxaca "qui garantisse la pleine jouissance des droits collectifs".

Vous trouverez ci-dessous le communiqué complet :

Aujourd'hui, unis en tant que communautés, peuples, organisations et mouvements de l'Oaxaca, nous marchons et dansons dans les rues pour célébrer et offrir la vie et la résistance. Ce jour a une profonde signification matérielle et spirituelle dans le calendrier, nous célébrons le "Jour de la rébellion contre les minières". C'est pourquoi nous avons organisé cette Marche Calendaire pour la défense des biens communs, dans le but de renouer avec la fête en tant que rituel de partage, de coexistence, d'échange et de fête, mais aussi pour tisser des liens dignes de fraternité entre les communautés et les peuples sur un territoire où se vit notre lutte pour l'autonomie et l'autodétermination.

Depuis six ans, les communautés et organisations de Oaxaca revendiquent ce 22 juillet comme un jour de lutte, de participation, de fraternité et de solidarité. Nous sommes unis par la cause de la défense de nos territoires et des biens communs contre l'extractivisme et la dépossession qui menacent notre espace territorial, ainsi que contre le faux discours du progrès et du développement, avec lequel nos communautés ont été trompées afin de piller nos richesses. C'est le sens et la projection de cette journée.

C'est dans ce contexte que nous avons décidé d'élever la voix pour faire savoir au monde que la guelaguetza n'est pas seulement du folklore, ce n'est pas seulement une fête et une danse. La guelaguetza est notre mode de vie, une pratique quotidienne qui fait de nous des Pueblos pour le soin et la défense du territoire, c'est ce qui nous permet de profiter de notre travail et de ses produits en commun, car la guelaguetza est l'essence de la communalité.

Nous constatons avec inquiétude que sur toute l'étendue du pays et de l'État, les ouvrages extractivistes progressent : mines, barrages hydroélectriques, agriculture industrielle, raffineries, gazoducs, fracking, exploitation forestière, privatisation de l'eau et politiques étatiques qui menacent notre autodétermination et nos territoires.

Dans l'isthme de Tehuantepec, l'objectif est de consolider le corridor interocéanique, qui consiste en la modernisation et l'expansion des chemins de fer, des routes, des ports et l'installation de 10 parcs industriels qui toucheront 90 municipalités appartenant aux États de Oaxaca, Veracruz, Chiapas et Tabasco, Nous sommes menacés par ce mégaprojet, qui a historiquement l'ambition de transformer la région en un corridor industriel, commercial, énergétique et militaire, de servir de mur de confinement pour les migrants et de devenir le plus important bureau de frontière et de douane du monde. Ce mégaprojet veut être le nœud qui articule les "projets vedettes" de la 4T tels que le Train Maya, la raffinerie de Dos Bocas, le projet intégral de Morelos, et toute l'infrastructure énergétique qui vise à interconnecter ces mégaprojets dans tout le pays pour alimenter la consommation énergétique des grandes industries et des marchés nationaux et internationaux, réorganisant le sud-est du pays pour le pillage, la production et le transport de leurs marchandises au prix de la destruction et de la mort de nos ressources naturelles et de nos vies.

À Valles Centrales, la compagnie minière Cuzcatlán n'a pas le consentement des communautés pour exploiter sa mine d'argent et d'or en Oaxaca, les responsables et les groupes de la SEGOB font pression sur les communautés pour qu'elles acceptent l'expansion du projet. Le refus des communautés organisées a généré un climat de grande tension dans les vallées centrales, et les communautés zapotèques opposées au projet minier de San José et aux concessions minières accordées par le gouvernement fédéral sont en danger. Les "groupes anti-exploitation minière" mentionnés par l'entreprise sont des autorités locales, municipales et agraires, qui se sont organisées au sein du Front contre l'exploitation minière, dans le but de défendre nos droits en tant que peuples indigènes : au territoire, à un environnement sain, à la participation citoyenne et à l'autodétermination.

Dans la Sierra Sur de Oaxaca, des assemblées et des autorités communautaires s'organisent contre les concessions minières de 120 000 hectares que les gouvernements ont cédées à des entreprises sans informer ni consulter nos peuples. Dans le cas du mégaprojet hydroélectrique de Paso de la Reyna, dans la région côtière, cinq défenseurs communautaires ont été assassinés en 2021 et, à ce jour, il n'y a eu aucun progrès dans les enquêtes ou en termes de sécurité.

Ces mégaprojets sont imposés par le biais de concessions sans consultation, voire de consultations frauduleuses, d'achat d'autorités, de collusion avec le crime organisé, de militarisation et d'assassinats de défenseurs de la terre et du territoire. Pour y parvenir, ils divisent nos communautés, violent tous les droits humains et environnementaux et piétinent de manière flagrante les droits collectifs des peuples autochtones inscrits dans les traités internationaux.

Lorsque nous, les peuples, nous organisons pour résister et défendre nos territoires et avec eux notre existence même, nous sommes criminalisés, diffamés, minimisés, menacés, persécutés et assassinés. Les médias de masse censurent systématiquement toute information sur les impacts négatifs des mégaprojets et sur notre résistance. "Comment est-il possible que nous soyons contre les méga-projets d'un gouvernement "progressiste" qui veut nous sortir de la "pauvreté" et nous apporter le "développement" ?"

Nous nous y opposons parce que ce sont les mêmes projets des gouvernements précédents liés à des intérêts économiques et parce que nous avons une longue et douloureuse expérience qui nous donne une clarté politique.

Pour toutes les raisons susmentionnées, nous DEMANDONS :

  • À l'État mexicain, le droit à une vie digne et à la tranquillité dans nos villages.
  • À l'État mexicain de respecter les biens communs, les territoires et le droit à l'autodétermination et à l'autonomie des communautés et des peuples autochtones qui ont déclaré des territoires interdits à l'exploitation minière.
  • Au gouvernement fédéral, nous demandons une audience publique, ainsi que la mise en place des procédures nécessaires à l'annulation du projet minier de San José et des concessions minières accordées dans les vallées centrales de Oaxaca.
  • Respect des droits territoriaux des communautés de l'isthme de Tehuantepec qui luttent contre l'imposition du corridor interocéanique.
  • Respect de la libre détermination et de la volonté de la communauté indigène Binniza de Puente Madera dans son rejet total de l'installation du parc industriel du corridor interocéanique sur des terres d'usage commun.
  • Stop au harcèlement, aux menaces et à la criminalisation contre nos représentants et les habitants de la communauté de Binniza de Puente Madera.

 

  • Stop aux agressions, aux menaces et à la criminalisation du défenseur des terres David Hernández Salazar et de sa famille.
  • Justice et punition pour les acteurs matériels et intellectuels qui ont attenté à la vie des défenseurs de la terre et du territoire.
  • Au Congrès de l'État de Oaxaca, de légiférer pour reconnaître les droits à l'autodétermination et au territoire des peuples indigènes et afro-mexicains, en garantissant la pleine jouissance de leurs droits collectifs.
  • À l'État mexicain l'interdiction définitive des semences transgéniques et de l'utilisation de produits agrochimiques toxiques, dont le glyphosate.

Nous invitons les Peuples et les organisations à renforcer nos luttes et notre résistance dans l'unité afin de consolider un mouvement social pour la défense du territoire et l'autodétermination.

Fraternellement

Frente No a la Minería por un Futuro de Todas y Todos,

Asamblea Oaxaqueña en Defensa de la Tierra y el Territorio,

Espacio Estatal en Defensa del Maíz Nativo de Oaxaca,

Colectivo Oaxaqueño en Defensa de los Territorios,

Servicios para una Educación Alternativa A.C.,

AC. EDUCA.

Oaxaca de Flores Magón, 22 juillet 2022

traduction caro d'un communiqué paru sur Desinformémonos le 22/07/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Oaxaca, #pilleurs et pollueurs

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