Cosmovision Tojolabal : l'origine de la nature des oiseaux - L'urubu noir

Publié le 25 Janvier 2022

« Ethno-cosmogonie Tojolabal » : l'origine de la nature des oiseaux

 

urubu noir- usej pour les Tojolabales Par Mdf — first upload in en wikipedia on 21:55, 13 December 2005 by Mdf, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=704791

Les récits mythiques sur l'origine du monde et les êtres qui l'habitent, transmis par la tradition orale, façonnent l'histoire des peuples méso-américains. L'un des aspects fondamentaux de ces mythologies est qu'elles reflètent, à travers les récits, ce que seront la nature, le comportement et le rôle des différents animaux dans le monde, une fois achevée une étape de la création antérieure à l'actuelle. Bien que les Tojolabales ne conservent aucun mythe sur l'origine de l'univers (tel que consigné dans le Popol Vuh, le célèbre livre des Maya-K'iche'), ils conservent des connaissances sur les différentes étapes mythiques par lesquelles l'humanité est passée, ainsi que sur la transformation du monde, des humanités précédentes et des animaux qui ont obtenu leurs caractéristiques actuelles à cette époque.

Dans ce sens, certains oiseaux importants pour les Tojolabales apparaissent de manière proéminente dans la mythologie de ce groupe maya.

Un récit de création Tojolabal raconte que Dieu a inondé le monde pour punir les humains d'une époque antérieure, qui voulaient savoir ce qu'il y a dans le ciel et au-delà. Ainsi, la terre a été submergée par les eaux et presque tous les humains ont péri, à l'exception de ceux qui se sont réfugiés dans les grottes.

colombe de Verreaux- pumus pour les Tojolabales Par TonyCastro — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=60655541

Le passage suivant traite de ce que Dieu a fait après avoir envoyé le déluge :

" Dieu envoya alors une colombe [Leptotila verreauxi] pour voir comment le monde avait été laissé, et le petit animal, voyant les cailloux laissés par le courant sur les rives des fleuves, les prenant pour de la nourriture, se mit à les manger, et il grandit et pesa tellement son jabot qu'il ne put voler. On envoya alors Joseph l'urubu noir [Coragyps atratus], qui, oubliant sa mission, vit les corps décomposés et se mit à manger tellement qu'il ne put revenir. Dieu envoya à nouveau un messager, et ce fut le tour du ts'unul [colibri]. Quand il a vu les fleurs, il a commencé à les sucer, mais il s'est dit : " Je ferais mieux de tenir la parole de mon maître ", alors il a sorti son tecomatito [récipient] et a commencé à garder les fleurs pour les sucer plus tard. Il s'est envolé et a atteint le Soleil, où Dieu habite, en même temps que la colombe et l'usej [Coragyps atratus]. Dieu a défié la colombe et l'urubu, leur disant qu'il ne les avait pas envoyés pour manger, et alors Joseph, grossier, a répondu que le monde était très loin et qu'en fait, il avait eu très faim. Tous deux furent punis ; on fit passer la colombe dans des charbons et ses pattes furent brûlées, c'est pourquoi ses jambes sont rouges depuis lors. Le même châtiment fut appliqué à l'urubu, mais comme les braises n'étaient que des cendres, ses jambes restèrent grises, alors Dieu les retourna, c'est pourquoi il marche comme un canard. De plus, parce qu'il avait mangé de la charogne, Dieu lui a mis la tête à l'envers et l'a fait sortir par l'anus, c'est pourquoi il a la tête comme elle est maintenant. Le colibri, quant à lui, a obtenu le droit de continuer à se nourrir de fleurs, ce qui explique pourquoi ce petit animal est si propre" (Gómez et al. 1999).

Dans la langue Tojol-Ab'al, l’urubu noir ou zopilote (Coragyps atratus) est connu sous le nom d'usej, le yerutí commun (Leptotila verreauxi), la colombe de Verreaux, est appelée pumus et le mot ts'unul ou ts'unun désigne n'importe quelle espèce de la famille des Trochilidae, communément appelée colibri ou oiseau-mouche. Le fragment ci-dessus met en évidence le fait que l'origine des caractéristiques biologiques des oiseaux mentionnés est attribuée à un moment mythique, on peut donc affirmer que les traits morphologiques et éthologiques caractéristiques des espèces sont fixés dans cet événement, soit comme une punition pour un mauvais comportement (comme dans le cas du Yeruti commun et de l'urubu à tête noire), soit comme une reconnaissance de bonnes performances et d'un bon comportement (celui du colibri).

Bien que le moment de la création de ces oiseaux ne soit pas mentionné dans le mythe, on peut en déduire qu'avant le passage mythique, les oiseaux n'étaient pas des êtres totalement différenciés, bien qu'ils aient déjà une certaine identité.

C'est ainsi que les espèces acquièrent leurs attributs et leur commission.

L’urubu noir, après avoir mangé des restes humains en décomposition, a reçu l'habitude de se nourrir de charognes (cependant, cette caractéristique même est conçue par le Tojolabal comme sa tâche la plus importante : celle de nettoyer le monde). Dans les communautés Tojolabales du Chiapas, il existe plusieurs connaissances liées à ce sujet. On dit par exemple qu'il n'est pas bon de jeter des pierres sur l’urubu à tête noire avec une fronde, car elle va éclater. Il n'est pas bon non plus de le montrer du doigt, car il peut être infecté, et si les femmes le maudissent lorsqu'elles font la lessive, les vêtements qu'elles nettoient seront toujours sales. Ce système de connaissances trouve une correspondance dans la tradition orale, de sorte que les activités quotidiennes des personnes sont souvent marquées par la certitude des analogies vérifiées dans le mythe. Le rapport de l'urubu à la saleté, à la pourriture, a un effet similaire sur ceux qui font du mal à l'oiseau que leurs propres conditions comportementales.

traduction caro d'un extrait du document ci-dessous

http://www.scielo.org.ar/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0073-34072017000100016

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Cosmovision, #Mexique, #Les oiseaux, #Tojolabal

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article