Notre amie et camarade Margot Caudan n'est plus

Publié le 15 Novembre 2021

Longtemps après avoir habité Magnanville, dans la région mantaise, Margot Caudan était partie rejoindre le Morbihan, à Plouhinec. Mais en pays breton, elle était restée la résistante de sa jeunesse. Figure de la Résistance au féminin, elle ne cessa jamais son engagement auprès des jeunes générations rencontrées dans les collèges et lycées. Médaillée de la Résistance, elle fut élevée au grade de chevalier de la Légion d'honneur par le sous-préfet du Morbihan en janvier 2021. Adhérente du PCF depuis sa jeunesse, elle vient de s'éteindre à 101 ans, en ce 13 novembre 2021.

Extrait du site PCF.fr à l'occasion de sa remise de la Légion d'honneur:

Au cours de cette cérémonie, elle a pris soin de dire : « Je ne suis pas pour les décorations individuelles. J’ai longtemps hésité à accepter de recevoir la Légion d’honneur. Je la reçois aujourd’hui pour tous mes amis résistants qui n’ont pas eu la chance d’assister à la Libération, à la capitulation de l’Allemagne nazie. Quand on agit selon sa conscience, ce n’est pas pour des décorations. »

la suite

Margot, 

Je me souviendrais toujours de ton dynamisme, de ta "pêche" et de ton côté positif, pour moi, tu étais un exemple : l'exemple.

Je me souviendrais toujours des manifs à Paris et de ton immense énergie, parfois nous marchions dans des parcours interminables et toi, tu ne semblais jamais fatiguée.

Une fois nous avons dû, Marie, toi et moi passer au-dessus des "barricades", constituées par des barrières devant lesquelles étaient garées plusieurs rangées de vélos et c'est toi qui avait eu la jambe la plus leste.

Il faut dire, si je me souviens bien, avant que tu ne partes en Bretagne, que tu faisais de la gymnastique chaque jour.

101 ans : ça ne m'étonne pas chère Margot. La force vive, l'oeil vif et sincère, la sagesse même.

Je me souviens d'une fois également lors d'une commémoration de l'armistice, que tu avais repris André, le maire, car dans son discours il avait dit que les allemands avaient perdus la guerre et tu avais dit que c'était une capitulation sans condition. Tu y tenais et tu avais raison. Mon fiston m'accompagnait alors, et écoutait, nous en avons parlé ensuite et ton exemple était là, présent pour réaliser qu'il ne faut pas jouer avec les mots de l'histoire qui a fait autant de victimes.

Tu étais ainsi de ce que je me souviens.

Avec toi, nous perdons, les communistes mais aussi l'ensemble des français, l'une des dernières "mémoires vivantes" de ce passé terrible et sans pitié qui a malgré tout, face à l'adversité permis de forger des personnes exceptionnelles, d'un grand courage et d'une humilité remarquable, comme toi. Et je pense à mes grands-parents, et je pense à nos anciens cocos, ceux pour qui, c'est certain, j'ai eu envie de militer dans un milieu politique à un moment de ma vie. Pas pour un parti, non, j'ai été coco pour les militants, les gens de la base, ceux qui manifestent, qui collent les affiches, distribuent les tracts, ceux qui parlent avec les gens, qui enseignent, qui partagent des expériences et des sagesses. Et ceux dont on ne tient pas compte en dehors des périodes d'élection. Mes "cocos" comme j'aimais le dire à l'époque, mes CDH auxquels je vendais des HD, comme j'aimais le dire, des cocos eux aussi, avec qui j'aimais discuter et qui m'ont appris à devenir une femme mûre et à assumer mes choix.

Repose en paix, chère Margot, ici, sur cette terre tu as fait bien plus que le commun des mortels. Je ne doute pas qu'où que tu sois à présent, les révolutions s'allumeront et les étoiles n'auront qu'à bien se tenir, car Margot, veille.

 

Carole Radureau

 

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