Equateur - Le Covid-19, cécité et horreur à Guayaquil

Publié le 3 Avril 2020

Alex Rivas Toledo


2 avril 2020 0


La situation à Guayaquil est aujourd'hui désespérée. Quand on a dit que la pandémie justifiait des quarantaines, certains ont décrit les citoyens appauvris qui n'en faisaient pas "le peuple le plus primitif et le plus ignorant du pays" (Melvin Hoyos, Dir. Cultura, municipalité de Guayaquil, 24 mars 2020).

Son maire, Cynthia Viteri, a inventé (il n'y a aucune preuve) une contagion COVID-19 pour disparaître de l'administration publique à un moment où elle aurait dû se trouver dans la ville. La honte causée par l'acte discriminatoire et criminel consistant à empêcher (en croisant des véhicules municipaux sur la piste de l'aéroport) l'atterrissage de deux vols aériens en provenance d'Europe parce qu'ils "infecteraient la ville", l'a fait fuir de ses responsabilités.

J'ose confirmer que la classe politique hégémonique de Guayaquil s'est caractérisée par le fait d'être de fidèles représentants de la théorie microbienne de la santé/maladie (bien que nous connaissions leur peu d'affection pour les sciences) : pour eux, "les dégâts" viennent toujours de l'extérieur, des germes, des microbes ; ils se sentent non pollués, encore plus : la pauvreté et la maladie à leurs yeux sont les mêmes : "ils viennent de l'extérieur" pour nuire à la "régénération urbaine", au "développement" et au "progrès" urbain et commercial.

La CEGUERA est tellement connue qu'à ce jour, il n'y a pas un seul représentant de la direction politique de la ville qui critique sa propre vision ou promeut des actions démocratiques, participatives et fermes face à la pandémie : la nouvelle stratégie consiste à se plaindre, à faire des victimes et à rejeter la faute de son modèle d'exclusion sur les exclus (ou sur ses anciens alliés : Lenin Moreno, actuel président de la République).

Aveuglé parce que la contagion provenait d'un citoyen migrant le 14 février-2020 et qu'aucune alerte n'a été activée. Ni l'Équateur ni Guayaquil (à quelques exceptions près) n'ont compris que les difficultés, la faim, la surpopulation et le manque de revenus quotidiens rendaient la mesure de quarantaine non viable ; le dogme se heurtait à la réalité sociale. 

La cécité de la classe politique locale à Guayas (la province) et Guayaquil (la ville), ajoutée à celle du gouvernement national (Lenin Moreno a disparu, Otto S. agissant comme porte-parole lors de la campagne pour les élections présidentielles de 2021), est devenue une avalanche de bâtons face à la pandémie.

Aujourd'hui, à Guayaquil, le COVID-19 a le visage de cadavres non enterrés, de nombres de victimes et de décès qui ne s'additionnent pas (et qui engendrent méfiance et suspicion), de l'absence d'unités sanitaires suffisantes, du manque de personnel de santé et des protections minimales pour leurs fonctions. Le scénario est encore pire : des familles qui vivent ensemble ou abandonnent leurs morts dans la rue (certains procèdent même à des crémations au milieu de la rue), le manque de morgues (avec des congélateurs) et de services de transport des corps, des services funéraires débordants ou inexistants, des procédures de décès empêtrées dans les bureaucraties les plus denses.

La CEGUERA arrivera accompagnée d'une plus grande stupeur. Guayaquil continuera à avoir besoin de l'aide de ses propres citoyens et de ceux des autres régions de l'Équateur, de la coopération régionale et mondiale. Plus rien ne semble nous surprendre. Ce n'est que le début.

traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 2 avril 2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Equateur, #Santé, #Coronavirus

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