Chiapas - Face au déplacement forcé de près de deux mille personnes de Chavajebal

Publié le 24 Novembre 2018

Organisation de la Société Civile Las Abejas de Acteal
Terre Sacrée des Martyrs d'Acteal
Municipalité de Chenalhó, Chiapas, Mexique.

 22 novembre 2018.


Au Congrès National Indigène
Au Conseil Indigène de Gouvernement 
Aux défenseurs des droits humains
Aux médias libres
Aux médias nationaux et internationaux
A la société civile nationale et internationale

Soeurs et frères :

Ici, à Acteal, il pleut, on est en novembre, il fait froid, tout d'un coup le soleil marche sur les nuages épais et humides. Ici, dans ces terres Tsotsiles, c'est le temps de la récolte du café, mais, sans la chaleur du Père Soleil, les grains ne sèchent pas ; au contraire, les milpas verdissent (engrais), se sentant rassasiées par la pluie.

A un mois que ne s'accomplisse  le vingt-et-unième anniversaire du massacre d'Acteal, il semble que nous soyons tranquilles, mais, en 1997, au mois de novembre, l'État mexicain, par l'intermédiaire de ses paramilitaires, avait assombri les jours, avait transformé nos vies en terreur avec sa guerre sale  ; la mort, accroupie dans les canons meurtriers des bourreaux du PRI, qui enverra à travers eux une punition exemplaire contre 45 hommes et femmes et plus de 4 bébés qui étaient encore dans le ventre de leur mère, le 22 décembre 1997.

Près de vingt et un ans après Acteal, 1 764 personnes de la communauté de Chavajebal, dans la municipalité d'El Bosque, au Chiapas, sont déplacées de force, affamées, dans le froid, et leur vie est en danger de mort. Ce fait blesse notre conscience et notre mémoire.

Le 7 novembre 2018, hommes, femmes, filles et garçons ont dû déménager dans la capitale municipale d'El Bosque et dans les montagnes.

Ce déplacement forcé a été causé lorsque, le 4 octobre dernier, quatre personnes de la communauté de Chavajebal ont été prises dans une embuscade alors qu'elles se rendaient en voiture à leur communauté, qui est située dans la capitale municipale El Bosque. Dans cette attaque, le commissariat Ejidal et un membre de la communauté sont morts, l'agent municipal n'a pas été blessé et une autre personne qui était blessée est restée inconsciente pendant 4 jours . Ces deux survivants appartiennent au groupe Alliance lié au parti Morena.

L'Organisation de la Société Civile de Las Abejas d'Acteal, n'est pas étrangère aux souffrances que vivent nos frères Tsotsiles de Chavajebal, nous devons élever la voix et la solidarité avec eux, ne pas leur permettre de mourir de faim, de froid et des balles meurtrières des paramilitaires de cette région. Nous ne voulons pas d'un autre Acteal dans cette Zone des Hautes Terres du Chiapas.

Le massacre d'Acteal, nous l'avions signalé sept mois plus tôt. En outre, un journaliste nommé Ricardo Rocha a fait un reportage QUINZE JOURS avant Acteal, mais le gouvernement d'Ernesto Zedillo Ponce de León a déclaré que ce que Rocha avait publié dans son émission Detrás de la Noticia était un "MONTAGE.

Après le massacre d'Acteal, une série de MASSACRES et d'EXÉCUTIONS EXTRAJUDICIAIRES ont eu lieu dans de nombreuses régions du Mexique, malgré la demande de non-répétition de la société civile nationale et internationale.

Face au déplacement forcé de près de deux mille personnes de Chavajebal, nous exigeons que les trois niveaux de gouvernement, municipal, étatique et fédéral, cessent d'administrer ce conflit, comme leurs pratiques et coutumes, et assument leur responsabilité correspondante, sinon où ils n'interviennent pas.

Sœurs et frères qui lisez notre communiqué, ne laissons pas nos sœurs et frères de Chavajebal seuls, laissons nos yeux et nos cœurs regarder et penser pour eux. Agissons en faveur de la paix et du retour dans leurs foyers, pour qu'ils puissent retourner vivre dans la tranquillité et la dignité.

Mais, nous savons que ce n'est pas seulement Chavajebal, mais qu'au Chiapas comme dans de nombreuses régions du Mexique, il y a beaucoup de Chavajebal, comme à : Aldama, Chalchihuitan, Chenalhó, etc.

Tous ces conflits semblent intercommunautaires, mais il ne faut pas tomber dans la farce, c'est le même mauvais gouvernement qui a semé tout cela dans nos communautés et nos villes, comme il l'a fait avec le Plan de campagne Chiapas 94. 21 ans presque après le massacre d'Acteal, le plan du gouvernement actuel de Enrique Peña Nieto est la continuation du pillage et la reddition de Zedillo, auteur intellectuel du massacre d'Acteal. Nous sommes à un mois d'Andrés Manuel López Obrador à la présidence du Mexique, une fois de plus notre pays est menacé de continuer à être pillé, maintenant avec le Train Maya. Mais, quoi qu'il en soit, nous avons la mémoire, et nous savons qu'aucun parti politique ne sert le peuple, mais plutôt le système capitaliste de mort.
Les déplacements forcés font mal, la mort de frères et sœurs innocents indignés, le mauvais gouvernement de mort poursuit sa politique d'extermination.

De même, nous exprimons notre solidarité avec la Caravane des Migrants, cet événement est une migration forcée due à la violence sur leur territoire, car leur  gouvernement ne pense qu'aux intérêts des riches et des puissants comme ici au Mexique. Nous confirmons de nouveau que personne n'est illégal et nous invitons les gens à ne pas criminaliser quiconque traverse notre pays.

C'est le mois de novembre et comme il y a vingt et un ans aujourd'hui, nos frères et sœurs qui ont été massacrés le 22 décembre 1997 par les paramilitaires du PRI de Chenalhó, ont exigé le désarmement et la fin de la violence à Chenalhó et ont présenté des preuves avec l'avis juridique du Centre Fray Bartolomé de Las Casas, dirigé par notre Jtotik Samuel, devant le ministère public du San Cristóbal de Las Casas, Chiapas.

Le temps d'aujourd'hui, presque vingt et un ans après Acteal, fait encore mal, mais ni le déplacement forcé de Chavajebal, ni le train maya, ni aucun autre projet de mort du mauvais gouvernement, ne peuvent détruire notre Mère Terre, ni effacer notre mémoire.

Les nuages gris glissent en caressant le toit du MUKINAL d'Acteal, le Père Soleil descend nous embrasser de sa chaleur parce qu'il sait que nous avons besoin de lui pour sécher notre café, tout comme la pluie fait vivre, mouillant nos milpas.

De la Maison de la Mémoire et de l'Espérance d'Acteal, écoutez-nous Mère Terre, écoutez-nous sœurs et frères Martyrs d'Acteal.

CORDIALEMENT

La voix de l'organisation de la société civile Las Abejas d'Acteal.


Pour le conseil d'administration :

 Martín Pérez Pérez

 Mariano Gómez Ruiz

 Pedro Pérez Pérez

 Manuel Pérez K'oxmol
 

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de Las Abejas le 22 novembre 2018

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