Pérou - Le millénaire pont Q’eswachaka continue d'être tressé

Publié le 9 Juillet 2018

Depuis cinq siècles, le pont suspendu millénaire Q'eswachaka, situé sur la rivière Apurimac dans le département de Cuzco, au Pérou, a été entretenu et rénové.

Ce travail, qui a été effectué chaque année depuis cinq siècles, est un véritable exploit de l'ingénierie andine, c'est le dernier pont Inca au monde, le pont suspendu millénaire Q'eswachaka ("pont de corde" en Quechua), qui est suspendu au-dessus d'une gorge de la rivière Apurimac, situé dans le district de Quehue, province de Canas, département de Cuzco (sud du Pérou), à plus de 3700 mètres au-dessus du niveau de la mer, et dont la longueur atteint 28 mètres.  Là, dans un processus qui dure quatre jours, quatre communautés quechua (Winch'iri, Chaupibanda, Choccayhua et Ccollana Quehue), le reconstruisent chaque année, désassemblant et tressant le pont avec une fibre végétale appelée ichu, une herbe abondante considérée comme l'une des plus hautes des Andes, dont le tissage et le tressage constituent un héritage préhispanique soutenu de génération en génération.

Auparavant, une cérémonie andine est tenue par un prêtre, qui offre des feuilles de coca, un cœur d'agneau, des fœtus de lama et de la nourriture pour implorer la protection de la Pachamama, divinité Inca de la Terre Mère. A une dizaine de mètres au-dessus de la rivière, sur les deux culées en pierre, les hommes attachent les six premières cordes épaisses qui formeront le squelette du pont à une extrémité et l'autre à l'autre extrémité de la gorge. Quatre d'entre elles sont les matrices et servent de support, et deux autres, latérales, constituent les rails.

Le dimanche, dernier jour de l'événement, est célébré avec de la musique (qui incorpore des instruments post-incas tels que le sifflet et une sorte de guitare d'influence espagnole) et des danses de groupe qui symbolisent la reconstruction du pont et l'échange commercial entre les quatre communautés, la tâche culmine avec le placement des rampes et le plancher du pont, un long "matelas" également tissé avec des cordes. Au fond de la gorge se trouvent les restes du pont précédent.

Inscrit sur la Liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO en 2013, le Q'eswachaka, fabriqué à partir de matériaux éphémères, aurait fait partie du vaste réseau routier établi il y a plus de cinq siècles par les Incas sur un territoire de plus de deux millions de kilomètres carrés qui s'étend de ce qui est aujourd'hui la Colombie au Chili et à l'Argentine (le célèbre empire Tawantinsuyu ou Inca). Une partie de la documentation qui certifie l'existence du pont dans la culture andine se trouve dans les textes écrits en 1609 par le chroniqueur inca Garcilaso dans son ouvrage "Commentaires royaux des Incas", sur ce pont et d'autres ponts qui ont déjà disparu et constituaient les tronçons suspendus de l'ancien réseau routier incas.

Malgré le fait que d'autres ponts métalliques ont été construits à quelques mètres du Q'eswachaka, les paysans dispersés sur les pentes des montagnes continuent à le vénérer, en s'accrochant à leurs traditions et croyances, maintenant et renouvelant un pont aux techniques ancestrales, qui a une relation harmonieuse avec la Pachamama, pendant quatre jours ils parviennent à arrêter le temps, en tressant les cordes du pont de la même manière que les anciens.

traduction carolita d'un article paru sur Elorejiverde le 3/7/2018

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A
Bravo pour la traduction Carolita :) tu dois en tirer une énorme satisfaction et tu peux être fière! <br /> J'ai découvert cette tradition et ce pont en particulier grâce à toi. Toujours aussi fascinée et admirative du travail de ces hommes et de leur obstination à conserver un patrimoine exemplaire.
C
Oui je suis contente de moi, de plus je m'amuse beaucoup en traduisant et en continuant d'apprendre l'espagnol. C'était un pari et je ne regrette pas d'avoir été jusqu'au bout car cela l'offre une réelle ouverture pour diffuser comme je le souhaitais sur les peuples originaires. De plus la compréhension de cette langue est un vrai plaisir pour moi car j'entre complètement dans la poésie de mes poètes préférés. Pour le pont des Incas, c'est quelque chose de rare, un savoir à préserver mais ils savent bien le faire, ils ont cela en eux.