Guatemala : Qu'est-ce que la prison politique? Quelques contributions depuis l'anarchisme

Publié le 16 Décembre 2017

Tant que les privilèges et privilègiés existeront, il y aura des inégalités sociales et tant que l'inégalité sociale existera, la lutte contre elle continuera à jaillir des campagnes et des villes. Et pour le fait de lutter et de s'organiser, le pouvoir s'y opposera toujours avec des mécanismes tels que la prison pour l'exterminer. La prison, qu'elle soit politique ou sociale, ne peut être comprise sans le capitalisme,  la domination et l'exploitation et pour y mettre fin, il faut aussi mettre fin aux relations sociales qui permettent la reproduction du système.

La lutte contre la prison politique doit aussi être la lutte contre le capital. Nous devons comprendre et pratiquer la solidarité comme un axe intégral de la lutte contre le capitalisme et son exploitation. Nous croyons que la solidarité avec une perspective anticapitaliste devrait s'éloigner des faux débats entre Innocence et culpabilité, car cela renforce le discours du pouvoir.

A cet égard, il est clair pour nous que la prison, et le système pénitentiaire dans son ensemble, est une institution qui vise à briser les individus, les volontés, les liens sociaux, à générer des individus dociles au pouvoir et au système, à essayer d'habituer les prisonniers, et avec eux la population en général, au fait que le pouvoir est là, qu'il est nécessaire, et redoutable, et devant lequel il faut se soumettre, et quand c'est possible, soumettre l'un ou l'autre. Il s'agit d'une institution fondée sur la domination institutionnelle, juridique, policière et individuelle, fondée sur la crainte de la punition, la peur de violer les règles établies par le système, la peur de briser le pouvoir politique, économique, culturel et social et ses dynamiques.

Michel Foucault déclare:"Le système carcéral, je veux dire, la prison répressive, la prison comme punition, s'est établi tardivement, pratiquement à la fin du XVIIIe siècle. Avant cette date, la prison n'était pas une punition légale: les personnes étaient emprisonnées simplement pour les garder avant d'être poursuivies et non pour les punir, sauf dans des cas exceptionnels.Eh bien, les prisons sont créées comme un système de répression, affirmant ce qui suit: la prison va être un système de rééducation des criminels. Après un séjour en prison, grâce à la domestication militaire et scolaire, nous pourrons transformer un criminel en un individu respectueux des lois."

 Face à une institution avec de tels objectifs (détruire les volontés des individus, des communautés et des sociétés), il nous appartient de l'affronter par la solidarité, qui est un devoir de compañeros, compañeras, mais aussi un outil, à travers lequel nous pouvons réduire les effets que la prison cherche à générer chez les individus, à travers lesquels nous pouvons contrecarrer cette peur, cette prétention d'arracher des volontés. Avec notre solidarité, nous brisons ces murs gris, même sur un plan symbolique, en luttant contre l'isolement et la peur que la prison implique.

Le rôle des moyens de communication alternatifs et non officiels est également important, car c'est ainsi que la communication solidaire s'écoule de ces espaces à travers différents canaux (internet, radios communautaires, magazines communautaires, etc.) afin que les mots et l'oralité des peuples soient entendus et diffusés.

Les journalistes ne devraient pas être emprisonnés, non pas parce qu'ils sont innocents, mais parce que les prisons ne devraient pas exister. Et c'est pourquoi nous disons et crions: Liberté pour Jerson Xitumul Morales! On ne fait pas taire la vérité en enfermant les journalistes!

traduction carolita d'un article paru dans Prensa Comunitaria le 14 décembre 2017 : 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Guatemala, #Peuples originaires, #prisonniers politiques

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