L’AVIS DE GERARD FILOCHE: TRAVAILLONS MIEUX, MOINS ET TOUS POUR GAGNER PLUS

Publié le 18 Janvier 2011

 

 

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Celles et ceux qui ont entendu Gérard Filoche à Elne en octobre dernier savent que cet inspecteur du travail, retraité depuis peu, ne mâche pas ses mots lorsque le Medef et ses complices s’attaquent aux droits des salariés. Ce fut le cas, entre autres, pour le démantèlement du code du travail et la contre-réforme des retraites, c’est aussi le cas chaque fois qu’on remet en cause les 35 heures. Autant dire que les propos de Manuel Valls ne l’ont pas laissé de marbre. Qu’on en juge…

TC. Sur ton blog (http://www.filoche.net), tu n’es pas très tendre envers Manuel Valls, que tu traites carrément de “branquignol”. Assumes-tu toujours ces propos ?

 


GF. Tout à fait. Le comportement de ce petit-fils de républicain espagnol est inadmissible. C’est un homme qui n’a jamais travaillé de sa vie, qui n’y connaît rien, qui ignore et méprise des millions de salariés. Qu’il aille donc travailler pendant quelques mois comme femme de service dans les écoles de sa commune. Une fois qu’il aura passé et repassé la serpillière dans les réfectoires, il comprendra enfin la nécessité des 35 heures et du paiement majoré des heures supplémentaires.

TC. Le problème, c’est qu’au sein du Parti socialiste, dont tu es membre, Valls n’est pas le seul à déraper sur les 35 heures.

  


GF. Il n’y a pas qu’au Parti socialiste que certains disent n’importe quoi sur les 35 heures, alors que pourtant les choses sont très simples : en France, la durée légale du travail est fixée à 35 heures, cela s’applique à tous les salariés et à tous les employeurs, dans toutes les entreprises, dans toutes les branches, tous les métiers, tous les statuts. Chaque heure effectuée au-delà de cette limite est une heure supplémentaire et doit être rétribuée à 25% pour les huit premières heures. Et lorsque des gens comme Valls ou Copé proposent de faire travailler les Français 36, 37 ou 38 heures, cela équivaut tout simplement à une baisse de salaire, puisque les heures supplémentaires ne seraient plus considérées comme telles.

TC. À un peu plus d’un an de l’élection présidentielle, n’est-il pas indispensable que la gauche adopte une position commune sur les 35 heures ?

  
GF. C’est évident, autrement la droite prendra un malin plaisir à enfoncer le clou, et elle n’aura hélas pas tort. Ce qu’il faut d’abord dire, c’est que les 35 heures constituent une grande avancée sociale dont la France doit être fière. Mais la loi dite “Aubry II” puis les diverses lois votées par la droite ont créé des effets pervers qu’il faut corriger. En particulier, il convient de rapprocher la durée réelle du travail de sa durée légale. Pour cela, je propose un certain nombre de mesures de bon sens et de justice (voir encart)
Bref, face au “travailler plus pour gagner plus” de Sarkozy, le bon slogan pour la gauche est “travailler mieux, moins, tous et gagner plus” !


Les mesures proposées par Gérard Filoche


- abaisser la durée maximale du travail de 48 à 44 heures ;

 


- rendre les heures supplémentaires plus coûteuses que l’embauche, en les majorant à 50% dès la première heure;

  


- abaisser le contingent annuel d’heures supplémentaires à 120 heures (autrement dit, pas plus de dix heures par mois), alors qu’il est fixé à 220 heures depuis décembre 2004

 
- imposer deux jours de repos consécutifs incluant le dimanche ;

 


- soumettre les heures supplémentaires à un avis conforme des institutions représentatives du personnel (IRP) ;

  


- rétablir un système de contrôle fiable et transparent des horaires réels, avec contrôle renforcé et sanctions de l’inspection du travail.

 

Auteur : Entretien réalisé par Jean Tosti
 
 
 

Rédigé par caroleone

Publié dans #PolitiqueS

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