Conflans sainte Honorine, la batellerie en héritage

Publié le 15 Mars 2012

Laissons-nous couler au fil de l’eau……

 

 

 

 

 

Un autre monde

 

 

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J’ai fait mon baptême de péniche, depuis le temps que j’en rêvais !!

 

Certes, j’ai déjà profité des belles balades en bateau-mouche à Paris mais, monter sur une vraie « péniche » ou plutôt un automoteur et passer dans une écluse ne m’étais jamais encore arrivé.

Et pourtant, combien de fois dans mon enfance, ai-je eu envie de monter sur l’une des péniches amarrées dans le port de Rouen et partir à l’aventure…dans un autre monde !!

C’est sûr qu’il n’aurait pas fallu que je sois pressée de disparaître de la vie en société, on m’aurait rattrapée vite fait pour le coup !!

 

C’est donc dans la ville de la batellerie que j’ai fait mon baptême, un baptême païen bien sûr, vous connaissez tous mes idées …….cette jolie ville est située à quelques dizaines de kilomètres de chez moi, à Conflans Sainte Honorine.

 

 

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                                                     Une famille de mariniers......

 

 

 

La distance qui relie Conflans à Paris par la route est d’environ 30 kilomètres, par voie fluviale elle est de 70 kilomètres, car il faut tenir compte des méandres de la Seine qui n’est pas droite comme un I.

A la vitesse de 10 km/heure, il faut donc 7 heures pour rejoindre Paris de Conflans en automoteur !!

Cela nous remet d’un coup les pendules à l’heure du modernisme ambiant…..de la vie stressée qui nous fait courir de plus en plus pour rattraper la mort, de la vie moderne qui nous prive de ce calme et de cette sérénité du fil de l’eau, du temps de voir passer les maisons, les oiseaux sur les berges, de prendre le temps de la flânerie !!

 

Ce voyage, je souhaite vous le faire partager mais surtout vous faire découvrir un métier qui est peu connu, la batellerie. C’est un métier d’hommes courageux, d’ouvriers, de gens simples comme je les aime.

 

Caroleone

 

 

 

Conflans sainte Honorine en quelques mots

 

 

 

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La ville de Conflans sainte Honorine se situe dans le nord des Yvelines à la limite du Val d’Oise et à 27 kilomètres au nord-ouest de Paris.

La ville s’est développée au bord de la Seine sur la rive droite du fleuve à son confluent avec l’Oise.

C’est la capitale française de la batellerie.

 

 

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Les voies navigables françaises

 

La France compte environ 8500 km de voies navigables (fleuves, rivières, canaux) réparties en huit régions. C’est le réseau navigable le plus étendu d’Europe après la Russie. mais aussi le moins exploité !!

 

 Ce réseau navigable comprend :

 

-        1782 écluses

-        559 barrages

-        74 ponts canaux

-        35 voûtes

 

 

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Sur la Seine et l’Oise qui nous intéressent dans cet article, le réseau se compose de :

 

-        La petite Seine (amont), fleuve canalisé sur 29 km de Marcilly sur Seine à Nogent sur Seine

-        La petite Seine (aval), fleuve canalisé sur 48 km de Nogent sur Seine à Montereau

-        La haute Seine, fleuve navigable sur 102 km de Montereau à Paris

-        La basse Seine, fleuve navigable sur 106 km de Paris à Rouen

-        L’Oise, rivière navigable sur 104 km de Janville à Conflans Ste Honorine

 

 

 

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                                            Conflans et la tour Montjoie

 

 

 

L’île de France bénéficie d’un réseau hydrographique très dense organisé autour de l’axe de la Seine et de ses deux affluents majeurs la Marne (525 km) et l'Oise (302 km). La Seine (776 km) déploie tout au long de son cours de grands méandres dans une large plaine.

 

 

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                                                          Le confluent de la Seine et de l'Oise

 

 

 

 

Le barrage-écluse d’Andrésy

 

 

 

 

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Un barrage-écluse de grand gabarit remplace depuis 1974 les barrages écluses à aiguilles et fermettes du 19e siècle qui sont l’invention de l’ingénieur Charles Poirée.

Ce barrage est d’une conception innovante en France et il a servi de modèle au Canada sur le St Laurent.

Le barrage voit transiter chaque jour un des plus gros trafics fluviaux de France

Le doublement du trafic de 1962 à 1972 a rendu indispensable la construction d'une nouvelle écluse de 24 m de large à Andrésy.

La nouvelle écluse permet le passage de convois poussés de 10 000 t et 22,80 m de large.

 

 

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                                       On approche de l'écluse.....

 

 

 

 

 

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                                                 Le barrage.....

 

 

 

 

 

 

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Observez le niveau d'eau ainsi que les croisillons qui servent à amarrer les bateaux......(les murs latéraux s'apellent les bajoyers)

 

 

 

 

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                                            Vous n'avez rien à déclarer ?

 

 

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                                  On attend....alors, ça baisse ou non ?

 

 

 

 

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                                  Le niveau descend tranquillement mais sûrement......

 

 

 

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Les portes s'ouvrent, on peut sortir....regardez un peu le niveau d'eau !! Presque 3 mètres en 5 minutes !!

 

 

 

Le musée de la batellerie

 

 

 

 

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                              Musée de la batellerie dans le château du prieuré

 

 

 

 

 

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Le musée de la batellerie de Conflans sainte Honorine est un musée municipal à vocation nationale consacré à la batellerie, aux bateaux fluviaux et aux voies navigables. Créé en 1965 à l’initiative de Louise Weiss et confié à François Beaudouin, archéologue nauticien qui en a été le conservateur jusqu’en 1994.

Le musée est situé dans le château du Prieuré sur les hauteurs de Conflans. D’une superficie de 700m2, on peut y observer cinq espaces d’exposition :

 

 

  • une première section relatant l'histoire de la batellerie au XVIIe et XVIIIe siècles avec des tableaux et objets d'art anciens et deux diaporamas ;
  • une seconde section retraçant celle de la batellerie des XIXe et XXe siècles, axée sur la navigation mécanique (touage, halage mécanique, remorqueur, automoteur, pousseur et bateau à roues à aubes,...) ;
  • une troisième section consacrée aux péniches et aux canaux fluvial et marinier du Nord ;
  • plusieurs salles présentant le fonctionnement des écluses et les aménagements techniques des canaux et ports fluviaux ;
  • une cour ouverte présentant des bateaux, parties de bateaux, l'outillage d'un chantier naval et les apparaux de navigation

 

 

 

 

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                                          Arrière d'automoteur berrichon

 

 

 

 

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Une parenthèse pour rendre hommage aux courageux haleurs…..

 

 

 

 

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       Monument au musée de la batellerie : très beau haut relief en plâtre "Solidarité" du sculpteur Louis Hertig (1880-1958) représentant 3 haleurs grandeur nature soulignant d'une manière naturaliste l'effort des hommes.

 

 

Halage : Très ancien mode de traction des bateaux fluviaux. Le halage consiste à tirer le chaland depuis la berge au moyen d'une longue corde fixée sur un mât, dans son tiers avant, ce qui lui évite, le gouvernail aidant, de se rapprocher de la rive. Le halage peut être humain, animal ou mécanique (par tracteurs sur pneus ou sur rails). Totalement disparu en France entre 1965 et 1970.

 

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Un tractage plus moderne.....

 

 

 

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Tracteur Latil type H3TLPS3 construit en 1945, restauré, exposé au musée de la batellerie à Conflans Ste Honorine, photo de 2007.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parlons bateaux......

 

 

 

La péniche flamande

 

 

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                                        Maquette de péniche en bois au musée de la batellerie

 

 

Le grand public qualifie de péniche tout bateau fluvial ce qui est une profonde erreur. La péniche est un bateau bien particulier aux dimensions et formes bien définies et qui ne saurait être synonyme de bateau fluvial.

 

La péniche est le bateau emblématique de la navigation en canal. C’est un bateau de transport d’origine flamande et surtout pas un bateau de plaisance. La véritable péniche est en bois et non motorisée. Elle mesure 38.50 mètres (voir 39 m) sur 5.05 mètres et peut porter 250 tonnes en canal, 350 tonnes sur une rivière profonde.

La péniche motorisée évolue vers l’automoteur que nous connaissons.

 

L’automoteur de canal, gabarit Freycinet

 

 

 

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                                              Baychimo, automoteur de canal

 

 

C’est l’ultime évolution de la péniche flamande avec la construction en acier et la motorisation.

Il apparaît à la fin des années 1920 et se généralise à la fin des années 1960. Sa silhouette générale reste celle de la péniche flamande en bois dont il provient, la motorisation et l’acier apportant au marinier un confort certain et une grande indépendance par rapport aux services de traction.

A l’origine, l’automoteur mesurait comme la péniche 38.50 mètres sur 5.05 mètres. Il porte 250 tonnes à l 'enfoncement de 1.80 m permis en canal. En rivière, l’enfoncement de 70 cm lui permet de porter jusqu’à 350 tonnes. C’est un moteur diesel de 150 à 300 cv qui le propulse.

 

 

L’automoteur de rivière

 

 

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                                                       automoteur de rivière

 

 

 

Il est aujourd’hui avec le convoi poussé l’outil de travail de la batellerie. Il garde la silhouette de l’automoteur de canal mais ses formes sont plus effilées et sa taille et la puissance de son moteur sont plus importantes. Il peut mesurer 100 mètres et porter jusqu’à 1350 tonnes.

 

Le pousseur

 

 

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Il sert à propulser les barges en convois. Le pousseur possède un puissant moteur (2 à 4 milliers de cv), abrite les logements de l’équipage qui travaille généralement en quarts sur des périodes de deux semaines. La technique est adoptée en France dans les années 1960 sur les grands fleuves et consiste à solidariser plusieurs barges entre elles et au bateau qui les propulse, le pousseur de manière à ce que l’ensemble se comporte et se pilote comme un seul bateau.

 

 

La barge

 

 

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                                                Pousseur et barges......

 

 

La barge n’est pas un type de bateau à proprement parler, c’est une embarcation utilitaire non motorisée. Elle peut être de taille et de type divers.

De nos jours, on construit surtout de grandes barges standardisées pour composer des convois fluviaux poussés. Certaines peuvent être spécialisées dans certains transports : hydrocarbures, voitures neuves en nombre, etc. et conçues pour cela.

Un ancien automoteur de canal peut servir de barge en le démotorisant et en enlevant son logement.

 

 

Le bateau chapelle « Je sers » A Conflans

 

 

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On ne peut passer devant ce bateau sans le voir, il interpelle même les païens comme moi.

Les bateliers sont très croyants ce qui explique à mon avis le nombre d’institutions catholiques dans la ville.

Ce bateau fait partie des 6 bateaux-chapelles existants en France. C’est un ancien chaland en béton qui pouvait transporter jusqu’à 1100 tonnes de marchandises. Racheté par l’entraide sociale batelière en 1935 et rebaptisé « Je sers » par l’abbé fondateur Joseph Bellanger, son but était de porter assistance au monde batelier au niveau médical et associatif.

 

 

Le remorqueur  Jacques à Conflans

 

 

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Les deux bateaux ci-dessus sont deux des plus anciens bateaux français. Tout contre le quai on aperçoit le devant du remorqueur Jacques qui était un remorqueur fluvial de type « guêpe moyenne », construit en 1904 à Creil. Il appartient au musée de la batellerie et fait l’objet d’un classement au titre d’objet des monuments historiques depuis le 5 novembre 1997.

 

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Toujours au fil de l'eau.....

 

 

 

L’arbre aux cormorans

 

 

 

C’est qui ce drôle de zoziau ?

 

 

 

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Le grand cormoran est considéré en Europe comme une espèce menacée depuis les années 1970.

Son nom latin est « phalacrocorax carbo », c’est une espèce aquatique dont on distingue 5 à 8 sous-espèces.

Il mesure environ 90 cm pour 150 cm d’envergure et pèse de 2 à 3.7 kg, il existe peu de dimorphisme sexuel dans cette espèce.

 

Son plumage est entièrement noir sauf des tâches blanches sur les joues et la gorge ainsi qu’une tâche blanche sur chaque cuisse qui apparaît au moment de la reproduction. Des reflets bleus viennent colore un peu le sombre plumage.

Le grand cormoran est un bon plongeur : il peut plonger jusqu’à 10 mètres de profondeur pour capturer sa proie, voire 30 mètres ! Il peut tenir une minute en plongée.

 

Son problème est que contrairement aux autres palmipèdes, il n’a pas de glande uropygienne qui permet d’imperméabiliser son plumage. Le poids de l’eau lestant l’oiseau, l’empêche d’aller plus en profondeur pêcher.

C’est pour cette raison que l’on peut observer ces oiseaux postés pendant des heurs à sécher au soleil les ailes et la queue déployées.

Sa nourriture se compose de poissons vivants qui parfois peuvent peser un kilo et demi, mais il peut consommer également des crustacés, des amphibiens, des mollusques et de petits oiseaux dans le nid.

 

 

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L’arbre que vous voyez sur cette photo à un aspect blanchâtre dû aux excréments des cormorans qui acidifient les branches et feront mourir l’arbre assez rapidement.

 

Sources : un peu partout sur le net et sur ce site très riche :

 

projet babel.org

 

Pour voir des photos de péniches Les enfants terribles

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Balade en France

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S
<br /> Bonjour Caro,<br /> <br /> <br /> Un bel article une nouvelle fois, il me rappelle une leçon que j'avais apprise en 1956 : "Sur des rivières lentes et profondes circulent des bateaux appelés péniches"...  alors<br /> que j'avais été scolarisé pour 6 mois dans une école à Hyères dans le Var, et que j'étais le seul à avoir vu une péniche en vrai.    <br /> <br /> <br /> Pourquoi cette "récitation" m'a-t-elle marqué à ce point ? Sans doute parce que j'avais dû expliquer à la classe comment étaient  ces "bateaux" sur la Seine et ce fût un moment<br /> difficile pour le gamin parisien timide que j'étais ...<br /> <br /> <br /> Pour illustrer musicalement ton article je te suggère deux chansons : une de Ferrat, bien sûr,  "De Nogent jusqu'à la mer"  et une autre de Brel  "L'éclusier" (à ne pas écouter les<br /> soirs de cafard ... )<br /> <br /> <br /> Merci pour cet article, c'est toujours agréable de pouvoir échanger quelques souvenirs en dehors des sujets politiques.<br /> <br /> <br />  <br />
C
<br /> <br /> Bonjour Serge,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les silhouettes des péniches ont marqué notre enfance, c'est indéniable et cette plongée dans le milieu de la batellerie qui est d'une richesse historique et technique comparable à celle de la<br /> marine, voire même supérieure dans le domaine technique était passionnante. J'ai ,tu t'en doutes bien , sympathisé avec notre jeune guide qui est l'un des deux seuls guides touristiques<br /> spécialisés dans la batellerie, il m'a épaté par ses connaissances inépuisables et sa sagesse pour son jeune âge !! Les jeunes m'épatent souvent et c'est tant mieux !!<br /> <br /> <br /> Je vais aller à la "pêche" musicale pour trouver tes titres et je te remercie de ta visite en attendant la prochaine sur les barricades <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caro<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Un article fort complet car bien documenté... ma mémoire est défaillante car je reconnais l'acteur au début de ton article mais suis incapable de retrouver son nom et le titre du feuilleton dans<br /> lequel il jouait. Bonne soirée. Amicalement. <br />
C
<br /> <br /> Bonjour Fanfan,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il s'agit de Christian Barbier et de la série l'homme du Picardie, une série qui berça notre enfance dans tous les sens du terme car très sporifique et pas du vouée à l'action !!<br /> <br /> <br /> Pour autant elle a permis de mettre en avant les mariniers et tu vois, on s'en souvient, surtout que la série était tournée sur le confluent de l'Oise juste à côté de Conflans.<br /> <br /> <br /> Merci de ta visite.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caroleone<br /> <br /> <br /> <br />