Brésil : Les eaux du Xingu : source de vie menacée de mort

Publié le 6 Janvier 2024

par Ricardo Teles (texte et photos) le 3 janvier 2024 |

  • Dans le parc indigène du Xingu, les rivières et les lacs sont des artères naturelles qui soutiennent la vie des animaux et des autochtones, servant de base pour l'alimentation, la baignade, les interactions sociales et le refuge en période de sécheresse.
  • Les eaux du Xingu sont cependant menacées par les monocultures entourant le parc, qui assèchent les sources et polluent les rivières avec des pesticides ; le changement climatique a aggravé les périodes de sécheresse.
  • Dans ce reportage photo, le photographe Ricardo Teles montre la relation que les habitants du Xingu entretiennent avec les eaux qui baignent leur territoire.

 

Avant même le lever du soleil, le long des plages des rivières et des lacs du Xingu, une séquence de feux de joie apparaît à l'horizon pour réchauffer les corps nus qui sortent de l'eau. Au fur et à mesure que la lumière éclaire la journée, une brume se lève qui dilue le mouvement des personnages dans un va-et-vient qui durera tout au long de la journée.

Dans le parc indigène du Xingu, les rivières et les lacs sont des jardins d'enfants. Des groupes de femmes emmènent de plus jeunes enfants à diverses séances de bain, les initiant dès leur plus jeune âge à l'art d'être un poisson. L'entraînement de football a lieu sur la plage. Petits et grands se baignent tout au long de la journée et c'est toujours un bon moment pour se retrouver et échanger des idées. Au crépuscule, des bateaux de pêcheurs partent à la recherche de nourriture.

Les rivières qui traversent le parc, comme le Xingu lui-même et ses affluents, sont de véritables artères naturelles qui soutiennent la vie d'innombrables espèces animales, dont l'espèce humaine. Les étangs jouent également un rôle crucial : ils servent de points de rencontre et offrent des possibilités de nourriture, de repos et d'interaction sociale. En outre, les lagunes sont essentielles à l’approvisionnement en eau en période de sécheresse, car elles servent de refuges à la faune sauvage et aux populations autochtones pendant les périodes les plus sèches de l’année.

 

Mais cette richesse est en danger. Selon le cacique Tapi Yawalapiti, l'un des principaux dirigeants du territoire du Xingu, une déforestation criminelle et effrénée a lieu autour du parc, là où se trouvent les sources de la rivière. Les trois dernières années ont été particulièrement graves : la fumée des incendies transformait souvent le jour en nuit dans les villages, provoquant un malaise parmi les populations indigènes.

Les cultures qui causent la déforestation utilisent également des pesticides sans discernement, finissant par empoisonner les rivières et les animaux. En outre, selon Tapi, le changement climatique a provoqué une diminution du volume d'eau de plusieurs rivières, provoquant la disparition de certaines d'entre elles pendant la période sèche, entre mai et septembre. Le manque d'eau a même menacé le rituel le plus important du Xingu, le Quarup .

La préservation des eaux de ce territoire est essentielle non seulement pour le bien-être des espèces locales, mais aussi pour l'équilibre du climat et le maintien du cycle hydrologique. Le parc indigène du Xingu joue un rôle essentiel dans la rétention d’eau, agissant comme une éponge naturelle qui stocke et libère lentement la ressource naturelle dans les régions environnantes, évitant ainsi les inondations et les sécheresses extrêmes.

Dans le reportage photo suivant, Ricardo Teles montre un peu cette relation intime que les habitants du Xingu ont développé avec les eaux qui baignent leur territoire.

Merci de prendre connaissance de ces photos directement sur le site de Mongabay latam en lien ci-dessous....

Les premiers rayons de soleil sur la lagune d'Ipawu, dans le village Kamayurá, Alto Xingu. Photo : Ricardo Teles

La lagune d'Ipawu, sur les rives du village Kamayurá, est une source de nourriture et le mythe créateur de la communauté. Photo : Ricardo Teles

Village d'Afukuri, du peuple Kuikuro. Photo : Ricardo Teles

Un enfant joue dans la lagune d'Ipawu, dans le village Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Photographie du festival Kuarup dans la communauté Afukury Kuikuro dans l'Alto Xingu.

Lagune d'Ipawu, village Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Pêche à Lagoa Iananpaú avant le festival Quarup dans la communauté Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Crue de la rivière Tuawaturi, au Posto Leonardo, Alto Xingu. Photo : Ricardo Teles

Garçon Kamayurá au lac Ipawu. Photo : Ricardo Teles

Pêche à Lagoa Iananpaú avant le festival Quarup dans la communauté Kamayurá. Le but de la pêche est de nourrir les invités lors de la grande fête. Photo : Ricardo Teles

Rivière Tuawaturi, Posto Leonardo, Alto Xingu. Photo : Ricardo Teles

Pêche à Lagoa Iananpaú avant le festival Quarup dans la communauté Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Les garçons s'entraînent à l'uka uka depuis qu'ils sont petits, un combat qui a lieu lors des célébrations du Quarup. Lagune d'Ipawu, village Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Lagune d'Ipawu, village Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Les enfants s'amusent dans les eaux de la lagune d'Ipawu. Photo : Ricardo Teles

Pêche à Lagoa Iananpaú avant le festival Quarup dans la communauté Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Dès les premières heures de la journée, il y a un grand mouvement de personnes vers Lagoa Ipawu, dans le village Kamayurá. Photo : Ricardo Teles

Une fille et son animal de compagnie, un singe-araignée, observent la fumée des incendies de forêt à l'horizon. Photo : Ricardo Teles

traduction caro

Peuples du XINGU

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