Pérou : Triomphe historique : enregistrement de l'extension communale de Santa Clara de Uchunya

Publié le 18 Mai 2022

Servindi, 14 mai, 2022 - Une nouvelle rafraîchit et encourage la lutte des peuples et communautés indigènes : la communauté de Santa Clara de Uchunya a reçu l'enregistrement formel de son premier titre d'extension de terre pour 1544,2025 hectares.

C'est la longue lutte d'une communauté emblématique qui, sans disposer de beaucoup de ressources économiques, a affronté une très grande entreprise comme Ocho Sur, qui, aujourd'hui encore, tente de créer la division dans la communauté.

Sta. Clara de Uchunya se bat depuis plusieurs décennies pour la pleine reconnaissance de son territoire ancestral. En 1986, elle a reçu un titre de propriété pour seulement 218,52 hectares, la zone où se trouvaient les maisons de la communauté.

D'autres demandes d'extension du territoire ont été présentées de 1996 à aujourd'hui.

La situation s'est compliquée lorsqu'une invasion continue par des trafiquants de terre liés à l'entreprise de palmiers à huile Plantaciones de Pucallpa, désormais exploitée par Ocho Sur, a commencé.

Puis, en 2015, la communauté a soumis une demande d'extension à la Direction régionale de l'agriculture du gouvernement régional d'Ucayali (DRAU), face aux graves dommages causés aux forêts par les envahisseurs.

Sept ans plus tard, la procédure formelle d'extension territoriale et de qualification d'enregistrement de la communauté a été conclue, tandis que la deuxième demande d'extension est toujours en cours auprès de la DRAU.

Une dette en cours

La dette de l'État péruvien envers les communautés indigènes du Pérou est exploitée par des acteurs pour envahir les terres communales ancestrales, souvent à des fins illégales.

Cette situation engendre des cycles de violence et des menaces permanentes pour les représentants communautaires qui doivent faire face à l'insécurité territoriale dans un climat d'anxiété.

Santa Clara de Uchunya a vécu cette situation de première main et a dû recourir à la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) pour obtenir des mesures de précaution en sa faveur.

De même, par le biais de la CIDH et de campagnes internationales dans différents espaces et mécanismes, elle a dû faire pression sur l'État pour qu'il affronte les menaces liées à l'expansion de la monoculture de palmiers dans la région.

Jubilation lors d'une cérémonie protocolaire

Lors d'une cérémonie officielle qui s'est déroulée au siège zonal de Pucallpa de la Surintendance nationale des registres publics (SUNARP), la communauté indigène de Santa Clara de Uchunya a reçu l'enregistrement de son extension.

Les membres du conseil d'administration de la commune, l'agent municipal et le lieutenant-gouverneur étaient présents. En outre, des représentants des organisations autochtones et des entités alliées étaient présents.

La Fédération des communautés indigènes d'Ucayali et de ses affluents (FECONAU) et l'Association interethnique pour le développement de la selva péruvienne (AIDESEP), ainsi que l'Institut de défense juridique (IDL) et le Programme des peuples de la forêt (FPP) ne pouvaient pas manquer.

L'enregistrement du titre foncier dans les registres publics est la dernière phase du processus de réglementation physico-légal permettant aux communautés d'obtenir la propriété légale de leurs territoires collectifs au Pérou.

Témoignages
 

Je me sens apaisée après tant d'années de lutte pour mon peuple, je suis fière d'avoir obtenu ce titre foncier et de voir la communauté obtenir son titre. Cela restera dans l'histoire de mes enfants, et celle des plus jeunes. Qu'ils soient heureux d'avoir obtenu ce titre. Je me suis battue en pensant, du fond du cœur, à voir notre territoire. Je ne me suis jamais laissé acheter, car l'argent s'épuise et cela ne m'aidera pas. Je laisse le territoire à mes enfants et petits-enfants. Voilà le territoire ! Nous avons souffert et nous nous sommes battus pour obtenir ce titre. Je veux que ce soit eux, les jeunes hommes et femmes, parce qu'ils vont suivre à l'avenir. C'est la chose la plus importante, plus de leaders qui sentent du cœur, et qui n'abandonneront pas la lutte. 
Luisa Mori, membre du conseil d'administration de Santa Clara de Uchunya.

C'est un jour historique pour Santa Clara de Uchunya et les organisations indigènes qui ont soutenu cette lutte, ce processus. Il a fallu sept ans pour parvenir à ce résultat. Pour la communauté, c'est très important car cela lui permet d'assainir légalement son territoire et de travailler en interne et de manière plus organisée, en générant ses propres économies sur ce territoire enregistré. Cette communauté est un symbole de lutte, une communauté emblématique qui, sans disposer de beaucoup de ressources, a affronté une très grande entreprise comme Ocho Sur, qui continue à ce jour à créer des divisions au sein de la communauté. Mais cette réalisation est le fruit d'un effort commun et nous voyons comme résultat l'enregistrement du titre de propriété d'environ 1544 hectares, qui sera d'une grande utilité pour la communauté pour son propre développement
Apu Miguel Guimaraes, vice-président de AIDESEP et ancien président de la  Feconau.

Je suis vraiment très reconnaissant. Ce jour-là, on peut applaudir et se réjouir. Pendant 47 ans, nous avons vécu sur 218 hectares, mais aujourd'hui nous avons vraiment dépassé ce chiffre. Nous avons maintenant enregistré les 1544 hectares qui seront favorables à la communauté. Nous sommes une communauté conservatrice et nous savons comment générer nos ressources à partir des forêts sans les couper, sans les abattre, sans polluer notre environnement. C'est vraiment ce que la communauté demandait... Je suis très heureux et enthousiaste car nous avons atteint notre objectif. 
Carlos Hoyos, dirigeant de la communauté de Santa Clara de Uchunya.

Je veux remercier les ex-dirigeants de la communauté et de la fédération qui ont initié et vécu cette lutte, et aussi la communauté parce que la lutte n'a pas été facile, mais ils ont continué à se battre et à se battre... La lutte s'est terminée en de bonnes mains. Je suis également reconnaissante aux registres publics qui ont fait leur travail. Je suis très heureuse en tant que présidente de la FECONAU. 
Apu Graciela Reategui, présidente de la FECONAU

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 14/05/2022

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