Mexique : Que cesse la criminalisation de la protestation sociale contre les étudiants de l'école normale rurale "Mactumatzá"

Publié le 24 Mai 2021


20 mai, 2021 dans Actions urgentes / Articles par Ruben Moreno


- Risque d'être condamné à un procès et détention provisoire.
- L'État mexicain doit garantir l'accès à l'éducation.

Le Centre des Droits de l'Homme Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba) a été informé par les étudiants de l'Ecole Normale Rurale "Mactumatzá" et leurs familles que le 18 mai 2021, ils distribuaient des tracts au poste de péage de l'autoroute Chiapa de Corzo - San Cristóbal de Las Casas, lorsque la police du Secrétariat de la Sécurité Publique de l'Etat a mené une opération d'expulsion avec un usage excessif de la force publique. Ce même événement s'est répété sur le tronçon connu sous le nom de La Pochota et sur le Libramiento Norte Poniente dans la ville de Tuxtla Gutiérrez. Lors de cette opération, 74 femmes et 21 hommes ont été arrêtés et emmenés au bureau du procureur général de l'État (FGE).

Au FGE ils ont été empêchés de communiquer avec leurs familles. Ce n'est que le 19 mai 2021 que la Commission nationale des droits de l'homme, ainsi que leurs familles, ont eu accès aux blessures des étudiants et les ont documentées pendant la privation arbitraire de liberté et pendant leur séjour à la FGE, après quoi ils n'ont pas été autorisés à les revoir. Dans la nuit du même jour, ils ont été transférés au Centre national de réinsertion sociale pour les personnes condamnées n° 14, El Amate, sans que les membres de la famille ne reçoivent la moindre information sur la situation juridique des étudiants.

Après la détention, une table de dialogue a été mise en place avec le Secrétaire Général du Gouvernement, qui a conditionné la libération des étudiants en échange de ne plus effectuer de manifestations ou de critiquer le gouvernement.

Depuis plusieurs jours, les étudiants effectuent diverses manifestations dans la ville de Tuxtla Gutiérrez, au Chiapas, pour réclamer des exigences éducatives, parmi lesquelles celle que l'examen d'entrée se fasse en personne et non par internet, respectant ainsi les règles sanitaires face à la pandémie, du fait que la plupart des candidats proviennent de communautés rurales n'ayant pas accès au matériel informatique et à internet.

Le Frayba exprime sa préoccupation en raison de l'utilisation excessive de la force publique et de l'application de divers crimes tels que les émeutes, le pandillerismo, les vols avec violence, les dommages et les attaques sur les moyens de communication pour criminaliser le droit à la liberté de manifestation. Nous rappelons que la Commission interaméricaine des droits de l'homme a exprimé son inquiétude quant à l'utilisation du droit pénal comme mécanisme pour criminaliser la libre manifestation, notant que les barrages routiers, l'occupation de l'espace public, et même les perturbations qui peuvent se produire lors de protestations sociales, peuvent causer des désagréments ou même des dommages qui doivent être prévenus et réparés. Cependant, les limites disproportionnées imposées aux manifestations, en particulier lorsqu'elles concernent des groupes qui n'ont aucun autre moyen de s'exprimer publiquement, compromettent sérieusement le droit à la liberté d'expression.1

Les étudiants détenus attendent l'audience de leur procès, au cours de laquelle le juge déterminera s'il existe des éléments permettant de les soumettre à une procédure pénale, courant ainsi le risque d'être maintenus en détention provisoire, ce qui les privera illégalement de leur liberté. Nous demandons à la justice de l'État de libérer immédiatement les étudiants afin que l'exercice de leur droit à la libre manifestation ne continue pas à être criminalisé.

Nous exigeons également que l'État mexicain garantisse la vie, l'intégrité et la sécurité personnelle des 74 femmes et 21 hommes étudiants détenus et que les violations des droits humains commises à leur encontre fassent l'objet d'une enquête.

Nous appelons la solidarité nationale et internationale à signer cette action urgente disponible sur www.frayba.org.mx et à écrire aux autorités mexicaines afin d'éviter les violations des droits de l'homme contre les étudiants.


San Cristobal de Las Casas, Chiapas, Mexique
20 mai 2021
Action urgente n° 5

Téléchargez l'action urgente ici : Arrêtez la criminalisation de la protestation sociale des étudiants de l'école normale rurale "Mactumatzá".

Merci de signer la pétition sur le site du Frayba ci-dessous :

traduction carolita
 

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