Micaela Bastidas Puyucahua

Publié le 17 Mars 2021

Micaela Bastidas Puyucahua

Zamba

1744 - 1781

Par Auteur inconnu — Sesquicentenario de la Independencia del Perú 1821-1971, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27284707
"Pour la liberté de mon peuple, j'ai renoncé à tout. Je ne verrai pas mes enfants s'épanouir".

Elle est née le 23 juin 1744 à Tamburco, Abancay, vice-royauté du Pérou. Fille de Manuel Bastidas (afro-descendant) et de Josefa Puyucahua (indigène  andine), en raison de ses racines, elle était connue sous le nom de "Zamba".

Bien que ce ne soit pas une chose courante pour les femmes de l'époque, Micaela a appris à lire et à écrire.

Tupac Amaru II (José Gabriel Condorcanqui), alors qu'elle avait environ vingt ans, a commencé à la courtiser et a aidé sa famille à déménager à Surimana. Dans cette ville, ils commencent à apparaître comme des Espagnols, ce qui leur offre la possibilité de bénéficier de certains droits et privilèges.

José Gabriel avait hérité des cacicazgos de Pampamarca, Tungasuca et Surimana, et en tant que descendant par voie maternelle de Tupac Amaru (1542 - 1572), le dernier Inca Sapa de la résistance à Vilcabamba, il lui correspondait le rang d'empereur Inca.

Le 25 mai 1760, un mois avant son 16e anniversaire, Micaela épouse José Gabriel dans l'église de Nuestra Señora de la Purificación dans la ville de Surimana. Ils auront trois enfants : Hipólito, Mariano et Fernando.

 

Statue dans la ville d'Abancay, dans la région d'Apurimac (Pérou).

 

En plus d'aider son mari dans le gouvernement des cacicazgos, Micaela était l'administratrice de l'entreprise familiale.

La rébellion a éclaté à Tinta le 4 novembre 1780. Micaela se distingue en encourageant les troupes, en s'occupant de l'arrière-garde et en approvisionnant l'armée. Des jours difficiles s'annoncent pour l'héroïne, loin de son mari, elle s'occupe de la ferme, de ses enfants et aussi du soutien de l'arrière-garde indigène. C'était une femme exceptionnelle, elle avait un caractère fort, elle était déterminée, critique et entreprenante, fidèle compagne, conseillère et confidente du leader du mouvement révolutionnaire. Sa participation était essentielle pour gagner des partisans dans le soulèvement contre les conquérants espagnols.

Pendant que son mari effectuait sa marche triomphale à Puno, les opérations militaires à Cusco étaient à la charge de Micaela, qui engageait des voisins, des caciques et des ecclésiastiques notables, réalisant un grand travail de prosélytisme, organisant des milices et toutes sortes d'efforts pour isoler Cusco et couper les communications royalistes dans la capitale de la vice-royauté.

Le 18 novembre 1780, Tupac Amaru II, à la tête d'une grande armée, a vaincu une armée de 1 200 Espagnols dans la bataille de Sangarará. Le couple est excommunié de l'église, accusé de profanation, ayant détruit l'église du village.

Micaela comprend que c'est le moment d'avancer sur Cusco avant que les espagnols ne renforcent les défenses et que les rebelles ne se dispersent. Elle le fait savoir à José Gabriel, qui préfère se retirer dans son quartier général à Tungasuca pour tenter de faciliter une négociation de paix. Comme Micaela l'avait prévu, les vice-rois de Lima et de Buenos Aires unissent leurs forces et rassemblent une grande armée pour défendre Cusco. Finalement, l'insurrection populaire, en proie à une direction vacillante, est vaincue.

Tupac Amaru II se réfugie à Langui, mais il est trahi par son lieutenant et compadre Francisco de Santa Cruz et est fait prisonnier. Micaela et sa famille ont été capturés dans leur fuite.

Ils ont été condamnés à mort. Le 18 mai 1781, sur la place de Cusco, après lui avoir fait assister à la mort d'un de ses fils et d'autres membres de sa famille et avant l'exécution de José Gabriel, la sentence est exécutée. Selon le visiteur Jose Antonio de Areche, la même devait être accompagné "de quelques qualités et circonstances qui causent la terreur et l'effroi au public ; de sorte qu'en vue du spectacle, les autres soient contenus, et que cela serve d'exemple et de châtiment".

Avant de la tuer, on lui coupa la langue, "et on lui fit un garrote, dans lequel  elle souffrit infiniment ; car son cou était très mince, et la corde ne pouvait l'étouffer, et il fallut que les bourreaux (...) lui donnassent des coups de pied dans le ventre et les seins, pour achever de la tuer". Puis ils lui ont coupé la tête, qui a été exposée pendant plusieurs jours sur la colline de Piccho. Ses deux bras ont été coupés, l'un a été envoyé à Tungasuca et l'autre à Arequipa. Une jambe a été envoyée à Carabaya, et le reste du corps a été brûlé.

La sentence contre les rebelles ordonnait l'élimination de leurs noms de famille et de leur présence jusqu'à la quatrième génération. Ils ont brûlé ses biens, assassiné ses proches, banni ses enfants survivants et rasé sa maison jusqu'à ne laisser aucune trace de son existence. Cependant, cette héroïne, exemple d'amour et de dévouement à la terre où elle est née, a réussi à vivre pour toujours, son acte reste dans la conscience de millions de péruviens.

Lettres de Micaela Bastidas à Tupac Amaru II

"Mica" et "Chepe" étaient les diminutifs affectueux utilisés par tous les deux dans l'échange épistolaire qu'ils ont eu pendant la Grande Rébellion. Le ton des lettres de Micaela, dont nous ne savons pas si elles ont été écrites de sa propre main ou dictées à un scribe de confiance, est toujours celui d'une guerrière sur le pied de guerre. Les mêmes la soulagent en tant qu'informatrice, organisatrice de l'armée, conseillère et stratège.

Après le triomphe contre les Espagnols lors de la bataille de Sangarará (18 novembre 1780), Micaela demande à son mari de partir pour Cusco :

"Mon Chepe, tu perds ton temps ; jusqu'à quand vas-tu me remplir de chagrins ; pourquoi te trompes-tu, ou pourquoi ne marches-tu pas sur Cusco (...) Je t'ai donné assez d'avertissements pour que tu ailles immédiatement à Cusco, mais jusqu'à présent tu les as tous donnés à bon marché, en leur donnant le temps de se prévenir, comme ils l'ont fait en mettant des canons sur la colline de Picchio et d'autres ruses si dangereuses que tu n'es plus sujet à leur donner de l'avance."

traduction carolita du site Pueblos originarios.com

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