Cosmovision Kolla : Kakuy

Publié le 4 Décembre 2018

Statue du Kakuy dans le parc d'Aguirre, à quelques mètres du Río Dulce dans la capitale de Santiago del Estero (Argentine).
Oeuvre de l'architecte Rafael Delgado.

C'est un oiseau de proie, nocturne, appelé Kakuy par les Quechuas, Urutaú par les Guaraníes, la Vieja et Mae da Luna par les Brésiliens.
L'histoire raconte que deux frères vivaient sur la montagne. La soeur était mauvaise et le frère était bon. Il lui apporta des fruits sauvages et des cadeaux, mais elle lui correspondait avec des réprimandes et des maux. Un jour, il revint de la jungle fatigué et affamé, et demanda à sa sœur de lui donner de l'hydromel. La mauvaise sœur a apporté le liquide frais, mais avant de le lui donner, elle l'a renversé en sa présence. Il a fait la même chose le lendemain avec la nourriture. Le frère a décidé de punir son mal. Il l'invita un après-midi à cueillir du miel dans un arbre de la jungle. Ils y sont allés et le frère a réussi à la faire grimper au sommet du verre d'un immense quebracho. Lui, qui montait par derrière, descendit et abattit l'arbre pour que sa sœur ne puisse pas descendre. L'homme s'est éloigné. C'est là que la femme se tenait, en haut, pleine de peur. Quand la nuit est arrivée, sa peur s'est transformée en terreur. Au fil des heures, elle commença à voir, horrifiée, que ses pieds se transformaient en griffes, ses mains en ailes, et que son corps était tout couvert de plumes. Depuis lors, un oiseau de vol à plumes, qui ne sort que la nuit, frappe le silence avec son cri déchirant : "Turay", "Turay" ! "("Frère", "Frère" !).

Une autre version (Lehmann-Nitsche) nous dit que le dieu soleil, incarné par un jeune homme galant, tombe amoureux d'Urutaú, une belle jeune fille. Après l'avoir séduite, elle s'en va. Devenir l'étoile voyageuse s'installe dans le firmament. Désespérée dans sa douleur et dans son abandon, Urutaú grimpe sur un arbre très haut, et elle y reste toujours pour le regarder. Quand le soleil disparaît à l'horizon, Urutaú pleure avec désespoir son absence, et lance des cris déchirants. Il retrouve son calme quand sa bien-aimée se lève à nouveau de l'est.

Signification du mythe

Son contenu significatif est l'unité théogonico-cosmogonico-anthropogonique, c'est-à-dire l'unité des dieux-univers-homme.

Dans la théogonie, elle se manifeste :
a) en présence de l'arbre géant, symbole de l'axe et du centre du monde qui unit le céleste au terrestre, demeure des dieux et demeure des hommes.
(b) la mention d'un "dieu invisible qui protège les ruches".
c) la transfiguration de la jeune fille en oiseau, symbole de la manifestation du divin, comme messager des dieux et expression de la suprématie du céleste sur le terrestre, du sacré sur le profane, de l'éternel sur le contingent.
La Cosmogonie : Espace et Temps : l'histoire du mythe situe son développement dans une "époque lointaine", c'est-à-dire qu'elle se réfère aux débuts de la création du monde, au temps sacré, durant lequel les êtres surnaturels, les dieux fondateurs, dominent le chaos (l'Espace) et l'ordonnent dans un cosmos. Le chaos est représenté dans le mythe par le drame de la crise avant la métamorphose de la jeune fille qui se manifeste en :
a) la rupture de l'ordre familial par le décès des parents des deux frères orphelins et par la fuite du frère de la jeune fille
b) la sécheresse en tant qu'interruption du processus normal du climat vital
c) le fendage de l'arbre en tant que séparation de l'unité terre-ciel-sous-monde
d) la rumeur confuse des abeilles
e) le vertige de l'environnement entourant la sœur, au sommet de l'arbre
f) la perte de l'équilibre de la jeune fille, les frissons de son corps, son esprit effrayé et sa conscience pleine de remords. Cette crise, symbolisant le chaos, culmine avec la métamorphose, avec la renaissance d'une vie nouvelle, la chouette, symbole de l'univers réaménagé selon le principe du retour éternel.
L'Anthropogonique : la métamorphose de la sœur en hibou, symbolise sa renaissance en un être humain supérieur, doté de facultés qui impliquent d'avoir atteint une plus grande perfection, la pleine domination : du spécifiquement humain sur le bestial ; de l'esprit sur le sensuel ; du céleste ; du terrestre ; du rationnel sur le instinctif et l'inconscient ; du divin sur le démon.

traduction carolita du site Pueblos originarios.com

Rédigé par caroleone

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