Métamorphoses de l'oeillet

Publié le 13 Juin 2017



Métamorphoses de l’œillet

1. Près de la mer et près du fleuve en mes jeunes années,
je voulais être cheval.

Les rivages de joncs étaient vents et juments.
Je voulais être cheval.

Les queues dressées balayaient les étoiles.
Je voulais être cheval.

Ecoute sur la plage, mère, mon trot long.
Je voulais être cheval.

Dès demain, mère, je vivrai au bord de l'eau.
Je voulais être cheval.

Là-bas, au fond, dormait une fille balzane.
Je voulais être cheval.

2. Se méprit la colombe.
Se méprenait.

Cherchant le nord, alla au sud.
Crut que le blé était de l'eau.
Se méprenait.

Crut que la mer était le ciel ;
que la nuit était le matin.

Se méprenait.
Que les étoiles étaient rosée
et que la chaleur était neige.
Se méprenait.

Que ta jupe était ton corsage ;
que ton coeur était sa maison.
Se méprenait.

(Elle s'endormit sur la rive.
Et toi, au sommet d'une branche).

*****
Se equivocó la paloma.
Se equivocaba.

Por ir al Norte, fue al Sur.
Creyó que el trigo era agua.
Se equivocaba.

Creyó que el mar era el cielo;
que la noche la mañana.
Se equivocaba.

Que las estrellas eran rocío;
que la calor, la nevada.
Se equivocaba.

Que tu falda era tu blusa;
que tu corazón su casa.
Se equivocaba.

(Ella se durmió en la orilla.
Tú, en la cumbre de una rama.)

Extrait Rafael Alberti

***


Rafael Alberti (Entre l'oeillet et l'épée, à Pablo Neruda)

Rédigé par caroleone

Publié dans #La poésie que j'aime, #La poésie en chanson

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