Ici on noie les algériens

Publié le 17 Octobre 2016

Elle n’a que ça à faire

La Seine

Supporter les corps sans vie

Que la haine

Dans sa grande lâcheté

Lui a simplement envoyé.

 

Elle n’est pas territoire franchisé

La Seine

Pour que son cours

Calme et timide

Devienne cimetière des hommes.

 

Ici on a commis un massacre

Ici des ordres ont été donnés

C’est un certain papon

Qui s’est collé à la besogne

Car il n’est pas bon de manifester

En bordure de Seine

Quand on soutient le  FLN.

 

2 morts officielles

200 avérées

Et la répression

Et la prison

Pour ce massacre sans nom

Oui sans nom dans toute son horreur

Et sans nom pour le désigner

Si ce n’est une date :

Massacre du 17 octobre 1961

Si ce n’est une banderole devenue célèbre

Et grâce à laquelle on peut affirmer :

Ici on noie les algériens.

 

Dans cette Seine qui avait déjà accueilli

Des milliers d’autres indésirables

Fruits d’un autre terrible massacre

On noie encore et on se débarrasse :

L'eau est un fluide sans pardon

L'eau est une route

Qui emporte loin des yeux

Qui emporte loin des hommes

La rouge couleur de l’infamie.

Le sang n’appelle-t-il pas toujours le sang ?

La haine n’appelle-t-elle pas toujours la haine ?

Impitoyable humanité

Qui permet toujours cela.

 

Je voudrais que seul l’amour

Appelle à lui l’amour

Comme une douceur

Simple douceur simple fleur

A partager en ce jour.

 

Carole Radureau (17/0/10/2016)

 

40 ans après cette plaque est apposée

Par FSouici — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=38344822

La mémoire au service des luttes

Il y a 55 ans aujourd'hui, le 17 octobre 1961, se déroulait un massacre d’État dans les rues de Paris. Ce jour-là, les algériennes et les algériens défilaient pacifiquement à l'appel du FLN pour soutenir l'indépendance de leur pays et contre le couvre-feu raciste décrété par le préfet de police Maurice Papon. La répression fit plusieurs centaines de victimes.

Le contexte de ce massacre est celui des négociations entre le FLN et le gouvernement français qui se sont ouvertes le 20 mai 1961. Dans ce cadre le FLN décide la cessation des attentats en France. La stratégie gaulliste est d’imposer une indépendance sans le Sahara compte-tenu à la fois des gisements de pétrole découverts et des premiers essais nucléaires qui s’y déroulent. Les négociations sont interrompues le 13 juin 1961 par la partie française compte-tenu du refus algérien de cette amputation du Sahara. L’État français veut reprendre les négociations en situation de force. Cela se traduit par un retour de la répression contre les algériens de France à laquelle répond la reprise en août 1961 des attentats par les militants du FLN. La raison de realpolitik froide qui a conduit à prendre la décision d’un massacre est précise : reprendre des négociations en situation de force afin d’imposer non plus l’indépendance sans le Sahara mais une indépendance néocoloniale favorable aux intérêts français. Pour le FLN il s’agit donc également de prouver que l’immigration soutient massivement l’indépendance.

La manifestation est préparée en secret. Les algériennes et algériens sont informés d’une manifestation sans en connaître la date. Ils sont informés de se tenir prêt à défiler sans armes et en famille. Le 17 au matin l’information d’une manifestation le jour même se diffuse rapidement. En fin d’après-midi des dizaines de milliers de manifestants envahissent les grands axes de la capitale. Un cortège part de l’Étoile, un autre du Boulevard Saint-Michel et un troisième des Grands boulevards. Les manifestants sont en famille et ont mis leurs « habits du dimanche » conformément aux consignes du FLN. Ils sont au total près de 50 000 à commencer leur manifestation pacifique. Les femmes lancent des youyous et les hommes crient des slogans : Indépendance ; Algérie algérienne, tahia djazair, vive le FLN, etc.

La police reçoit l’ordre de tirer et un véritable massacre commence. Grâce aux travaux de Jean Luc Einaudi nous avons que se sont plus de deux cents personnes qui sont assassinés le 17 octobre et les jours suivants alors que la version officielle du gouvernement français n’en reconnaît que « deux ». Le 17 octobre c’est aussi un internement de masse des manifestants. Le 17 octobre se sont 11 518 personnes qui sont internés et 1856 supplémentaires le lendemain. Les centres d’internements sont le lieu de sévices systématiques. De nombreux morts du 17 octobre sont décédés suites aux tortures dans ces centres et en particulier dans la cour de la préfecture de police et au centre d’identification de Vincennes. 
Ce massacre d’État n'est toujours pas reconnu comme tel. De même, la thèse faisant de Papon le seul responsable est scandaleuse. Un tel massacre n'a pu être effectué qu'avec l'aval des plus hautes autorités de l’État c'est à dire de De Gaulle.

Le combat pour la reconnaissance publique de ce massacre d'Etat est nécessaire et urgent. On ne tourne pas une page d'histoire sans l'avoir lue jusqu'au bout.

 

FUIQP 59/62sur fb

Des pandores enragés Aux fenêtres consentantes et en passant soit dit Qui ne dit mot acquiesce Durent pourtant résonner De la chaussée sanglante Jusque dans les Aurès Leurs cris ensevelis Sous la froide chaux-vive D’une pire indifférence Accompagnée de “vivent les boules Quiès et la France!”

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes, #Devoir de mémoire, #Chanson non crétinisante

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