La bergerie des Malassis rumine la ville + Les chèvres ont investi la ville

Publié le 8 Juillet 2016

« Il y a un truc qui est posé ici, qui s'apparente à du respect. Un mélange entre respect et fantaisie, le respect de la fantaisie, dans un univers assez normé, et dans un quartier où comme partout, ça se saurait si la fantaisie était la règle. »

La bergerie des Malassis rumine la ville + Les chèvres ont investi la ville

Après Daniel le boulanger qui réinventa son métier pour se libérer, voici la nouvelle série de SideWays : La bergerie des Malassis rumine la ville.

Je vous laisse avec ce poème que j'ai écrit à chaud suite à la découverte des documents . Je crois que cela résume mon ressenti.

Les chèvres ont investi la ville

Les chèvres ont investi la ville
Non pas les loups
On les a trop vus.
Les chèvres ont investi la ville :
Elles tendent à vivre à brouter à rêver
Elles tendent leur patte aux tensions nerveuses.

Les chèvres se promènent
Et tout est clair tout à coup
Les souvenirs reprennent le chemin de traverse
Les mains retrouvent le sens des caresses
Les curiosités se rappellent qu’elles existent
La lumière s’allume sur de petites têtes cornées.

Les chèvres ont investi la ville
Retour aux traditions
L’homme éleveur l’homme cultivateur
L’homme cueilleur et l’homme soigneur
La base de l’humanité sa racine.
En chacun de nous
Veille et parfois surveille
Une graine.
Elle aimerait germer :
Le béton lui a enlevé sa mémoire
Et les contraintes ont brisé le goût du pain.

Voyez les animaux dans les rues
Oubliez les tracas la vie rude les mépris
Saisissez la vie à hauteur de nature
Puisez en elle la ressource nécessaire.

Une chèvre vous a souri sans un bruit
Et c’est le monde qui se retourne d’un seul coup
Le bitume se fêle et apparaît une ortie :
C’est pour la chèvre
Pour lui dire : merci !

Carole Radureau (08/07/2016)

Dans un quartier de Bagnolet, on nous a parlé d'un berger. Il sort avec ses chèvres pâturer dans la cité. Cela fait des années qu'il passe ses journées à créer mille activités pour lui et pour les gens du quartier. Il dit qu'il vient d'ici, du 93, et qu'il se sent chez lui. Presque tous les enfants du quartier le connaissent, parce qu'il plantait des légumes en bas de l'immeuble à côté de l'école maternelle, qu'il venait dans leur école, dans leur collège et qu'il animait des ateliers. On l'appelle Petit Pois parce qu'il racontait des histoires avant que les enfants sèment des graines et qu'une histoire est restée. Des parents pensent qu'il s'agit de son nom de famille, alors ils l'appellent Monsieur Petit Pois eux aussi… Des chèvres à quelques minutes de Paris, ça interpelle. C'est pour cela qu'on y est allé. Et qu'on l'a rencontré. On a rencontré Lucas aussi, les chèvres, les brebis et les jeunes qui passent beaucoup de temps à la bergerie. On y a vu des palettes, des pneus, des bouchons de bouteilles, des dessins, des statues, des télés toutes cassées et des couleurs partout. On a parlé de chèvres, de plantations, mais aussi de rêves, de mots qui ne veulent rien dire, de la vie dans un quartier, d'imaginaires à ouvrir, de grafs, de hip-hop, de politiques publiques, de bordel encadré, de gestion et usage des espaces, de coups de gueules et de déclics. Et on s'est pris une claque. Encore une. C'est la neuvième en 3 ans, mais en même temps, je crois qu'on les cherche…

Rédigé par caroleone

Publié dans #SideWays, #PACHAMAMA, #Mes anar-poèmes

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A
Tu devrais lui envoyer ton poème ou même aller le voir, c'est pas très loin de chez toi.<br /> Une initiative géniale, ce garçon a tout compris de l'essentiel de la vie et ouvre le chemin de tous les possibles à ces enfants des cités. Superbe découverte, Caro, un grand merci!
C
L'article est en soutien à Sideways, le poème lui c'est juste une sorte d'expression.<br /> C'est marrant parce que j'ai envoyé l'article à ma belle soeur car je savais qu'elle avait vécu à Bagnolet et c'est dans cette cité-là qu'elle a passé son enfance et son adolescence !!