Ethiopie : Le peuple Konso

Publié le 13 Février 2016

Rod Waddington from Kergunyah, Australia — Konso Tribe, Ethiopia, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29766935

 

Peuple d’agriculteurs sédentaires qui vit dans la Région des nations, nationalités et peuples du sud, au sud du lac Abaya.

On peut les trouver sous différents noms : Af-Kareti, Conso, Gato, Karate, Komso, Konsimya.

Langue : konsigna, langue couchitique

Population : 250.535 personnes (2007)

Leur nom d’origine barana désigne en réalité trois groupes différents partageant le même système économique , la même culture et la même langue.

L’histoire des Konso est liée à celle des Borana avec lesquels ils vivent depuis des siècles en symbiose. Ils ont les mêmes rituels de classes d’âge, ils portent au front la kalacha, un ornement en forme de phallus protecteur de la virilité.

Les artisans Konso procurent aux Borana les produits de leur culture sédentaire, des tissus de coton, des ustensiles.

Les Konso entretiennent peu de liens avec leur passé. On ne connaît pas leur origine ni la période de leur implantation dans la région. Ils sont probablement issus d’un amalgame de tribus conchitiques voisines.

Trees ForTheFutureFlickr, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27077447

 

L’agriculture

Ce sont des agriculteurs sédentaires qui ont développé le système de cultures en terrasses sur les collines rocheuses.

Ils y cultivent du coton et du millet (plusieurs variétés), du blé, de l’orge, du maïs, du tef, du tournesol, du sorgho.

Les grains sont moulus par les femmes et donnent des galettes qui constituent la nourriture de base du peuple.

Chaque famille possède aussi quelques têtes de bétail et sa propre parcelle de terre sur laquelle le couple travaille ensemble. Les animaux ne sont tués et consommés que lors des fêtes.

Trees ForTheFutureFlickr: Ethiopia - Mature Moringa stenopetala tree - March 2011, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18274550

 

Les arbres avoisinants leurs procurent des feuilles comestibles comme le moringa stenopetala qui est connu dans toute l’Afrique orientale pour ses vertus nutritives et désinfectantes.

Ils récoltent également du miel sauvage.

Ils ne pratiquent pas la cueillette de fruits dans la forêt.

Ils ne sont pas chasseurs ni pêcheurs, les oiseaux, leurs œufs et les poissons ainsi que quelques animaux sont tabous

Le village

Le village Konso est plus grand que les autres villages éthiopiens de la région. Il est encerclé de remparts de basalte et de terre séchée de 3 à 4 mètres de haut pour le protéger des animaux sauvages et des coulées de boue.

Les huttes dans l’enceinte sont très rapprochées les unes des autres, leurs toits se chevauchent. Il y a beaucoup de personnes dans les villages jusqu’à 2500 habitants.

Une famille comporte environ 5 personnes en moyenne. Un espace est réservé au bétail en bas des maisons et séparé par un muret car il ne faut pas que les animaux entrent dans la maison. Leur croyance dit que cela porte malheur au chef de famille qui peut trouver la mort.

Le travail se fait en commun dans le village : pour construire les maisons, les remparts, pour entretenir les murs de soutien, pour le travail des champs, la poterie…

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Bernard Gagnon — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29646167

Ethiopie : Le peuple Konso

Chaque village autonome est géré par un conseil d’aînés. Les habitants entretiennent de bonnes relations sociales, la proximité aidant.

Le bois et la pierre font partie des matières premières qui leur permettent de confectionner les objets du quotidien.

Bois : ruches, abreuvoirs, écuelles, ustensiles.

Pierre : meules à moudre les céréales, revêtements internes des puits, plaques d’affutage des outils agricoles, lames….

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Rod Waddington from Kergunyah, Australia — Konso Tribe, Ethiopia, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29766779

Ethiopie : Le peuple Konso

Rod Waddington from Kergunyah, Australia — Konso Tribe, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29766959

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La société

Un système de classe d’âge régit la vie sociale. Les jeunes hommes entrent dans la classe d’apprentissage de la vie d’adulte, ensuite ils parviennent à la classe des guerriers et des propriétaires terriens puis à l’âge mûr ils acquièrent la position d’anciens.

Chaque passage d’une classe d’âge à une autre et chaque cérémonie (mariage) est ponctué par des fêtes, des danses et de musique ainsi que des rituels.

Ils jouent du krar, une sorte de lyre populaire en Ethiopie, de la dita, une guitare à 5 cordes, de la flûte de pan.

Ethiopie : Le peuple Konso

Rod Waddington from Kergunyah, Australia — Beer Time, Ethiopia, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29766930

C’est un peuple bien différent des autres ethnies éthiopiennes, entre autre parce qu’il refuse toute forme de violence, prône le courage et la force virile. Ils évitent les conflits et punissent sévèrement l’homicide.

Certaines armes sont interdites, comme les lances à rostre qui sont très muertrières.

Pacifiques et bienveillants, ils disposent de rituels de réconciliation qui les aident à régler leurs conflits internes.

Les anciens rendent la justice lors d’un conseil.

Le criminel est exposé à l’opprobre et souvent expulsé du village ou privé de soutien de la communauté ce qui dans ces sociétés solidaires est d’une grande importance.

L’artisanat

Le tissage et le travail des métaux est l’affaire des hommes.

Le tannage des peaux et la confection des poteries est l’affaire des femmes.

Ces habiles tisserands sont renommés dans toute l’Ethiopie pour leurs couvertures de coton.

Les femmes portent une robe de coton écru à double étage.

Les totems

Des totems en bois sculpté d’un mètre de haut environ, les wakas sont disposés sur les tombes des anciens, au bord des routes et dans les champs cultivés par le défunt.

Paysage culturel du pays Konso

En 2011, le paysage culturel des Konso a été classé au patrimoine mondial de l’humanité.

Cet exemple spectaculaire d’une tradition culturelle vivante remontant à 21 générations (400 ans) est adapté au milieu sec et hostile.

Il témoigne du partage des valeurs, de la cohésion sociale et des connaissances en ingénierie des communautés.

Les statues en bois anthropomorphique, les wakas, disposées en groupe représentent les membres respectés des communautés et les évènements héroïques de leurs vie. C’est un témoignage vivant et rare de rites funéraires sur le point de disparaître.

Les stèles de pierres présentes dans les villages expriment un système complexe marquant la disparition de générations de chefs.

Les stèles ou daga-hela, sont des pierres générationnelles extraites, transportées et dressées selon un rituel établi.

Cette coutume fait des Konso, l’un des derniers peuples guerriers mégalithiques.

Les forêts sacrées sont utilisées comme sites d’inhumation des prêtres et pour la cueillette des plantes médicinales.

Les réservoirs d’eau ou harda situés à côté des forêts sont construits en commun et entretenus selon les pratiques culturelles et sociales.

Un très beau site pour en savoir plus sur les Konso :

Toi qui viens d'Ethiopie

Sources : unesco, aishatoursethiopia.com, wikipédia, toiquiviensdethiopie.com

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Rod Waddington from Kergunyah, Australia — Konso Tribal Land, Ethiopia, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29765873

Ethiopie : Le peuple Konso

Rédigé par caroleone

Publié dans #Ethiopie, #Konso, #Patrimoine mondial, #Peuples originaires

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