Amazonia Real
Par Lucio Flavio Pinto
Publié : 18/01/2022 à 17:02

Cela fait 20 ans qu'il n'a pas plu autant sur le rio Tocantins qu'aujourd'hui. C'est une mauvaise nouvelle. Mais ça pourrait être pire. Le niveau de l'eau dépasse de trois mètres le quota d'alerte, ce qui représente 10 mètres de plus que la hauteur normale à Marabá, la plus grande ville de la région du Pará, qui compte près de 300 000 habitants. Dans la situation actuelle, elle a déjà contraint à la réinstallation de plus de trois mille familles.

Le plus grave est que cette position alarmante se produit au début du mois de janvier, mais qu'elle ne devrait être atteinte qu'à partir de février-mars, lorsque les grandes crues se produisent dans le mouvement cyclique de haut en bas tous les six mois. Si la montée des eaux se poursuit à la vitesse actuelle, la crue de 2022 sera la plus importante jamais enregistrée, dépassant celle de 1980, lorsque le Tocantins avait atteint 17,42 mètres. La ville entière a été submergée et l'évacuation de la population a été totale.

Il reste moins de trois mètres au fleuve pour battre le record de tous les temps dans le bassin Tocantins-Araguaia. Si - et quand - cela se produisait, Eletronorte ne pourrait plus retenir l'eau dans le barrage de la centrale hydroélectrique de Tucuruí, le deuxième plus grand du pays, qui est situé dans le cours inférieur du fleuve.

À 7 heures ce matin, 36 508 mètres cubes d'eau par seconde (l'équivalent de plus de 36 millions de litres) atteignaient l'immense mur de béton de la centrale. Au total, 35 966 m3 sont passés par les 23 vannes. Seuls 542 m3 ont été retenus, soit moins de 2 % du volume d'eau.

Ainsi, l'entreprise publique préserve le barrage en amont, atténuant les effets déjà désastreux sur Marabá. Mais elle sacrifie la partie aval du barrage, où, dans la ville de Tucuruí, la plus grande de ce tronçon, le fleuve est monté de plus de deux mètres et demi au cours des deux derniers jours.

La marge de manœuvre de l'entreprise avec le Tocantins se réduit de jour en jour. Le réservoir, même s'il est le deuxième plus grand du Brésil, avec 3 000 kilomètres carrés, est proche de déborder. Il ne reste donc plus qu'à laisser couler la rivière pour le concessionnaire de la centrale électrique. Dans le réservoir de Serra da Mesa, situé en amont du Tocantins, le volume d'eau est passé de 23,40% du volume utile début décembre à 41,75% actuellement, ce qui n'a pas été vu depuis 2014.

L'exploitation "continuera à minimiser les débits sortants et à retenir une partie importante des volumes d'eau en aval. Les mesures requises à Serra da mesa visent à empêcher les gens d'occuper des zones du réservoir qui n'ont pas été inondées ces dernières années", assure l'ANA, l'agence fédérale des eaux et de l'assainissement.

La situation est la même à la centrale hydroélectrique d'Estreito, plus en aval. Son réservoir a une faible capacité de régulation, mais son fonctionnement au cours des dernières semaines a permis d'absorber une partie des inondations, dans le but de protéger la région d'Imperatriz, la deuxième plus grande ville du Maranhão, selon le communiqué de l'ANA, qui ajoute :

"Dans le même temps, l'opération vise également à ne pas augmenter le niveau du réservoir en amont, en raison des impacts du remous sur la ville de Carolina-MA. Lorsqu'il s'agit d'une régulation des crues, la responsabilité de l'exploitation du réservoir incombe à l'agent concessionnaire, dans ce cas, Engie, qui le fait conformément aux règles de régulation des crues. "

"Si l'on considère l'ensemble du bassin, le fonctionnement de l'ensemble des réservoirs a été important pour contrôler les défluences, adoucir les débits dans le canal du fleuve sur toute sa longueur et atténuer des situations qui pourraient être plus graves. Les perspectives pour la semaine prochaine à Estreito, concrètement, sont de récession des débits, avec une opération qui permet de maintenir des volumes vides de sécurité pour l'amortissement des futures ondes de crue", indique l'agence de régulation.

Les "pluies atypiques" qui sont tombées en abondance dans les eaux d'amont des deux fleuves et leurs bassins versants à Goiás, Tocantins, Maranhão et Pará peuvent expliquer cette situation dramatique. Mais le phénomène a commencé en novembre et s'est intensifié en décembre de l'année dernière.

Eletronorte n'a lancé l'alerte qu'en janvier, alors qu'en réalité, des mesures ont été prises pour éviter que les inondations ne prennent une telle ampleur et ne causent autant de dégâts. Cela dépendra toutefois beaucoup plus de la nature que des hommes.

La photo de cet article montre la crue du rioTocantins dans le quartier de São Félix à Marabá (Photo : Alex Ribeiro/Agência Pará)

traduction caro f'un article paru sur Amazônia real le 18/01/2022

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crue du rio tocantins