La lutte des classes: Marx et Politzer
Publié le 23 Janvier 2011
Pour le marxiste, la lutte des classes comprend :
a. Une lutte économique.
b. Une lutte politique.
c. Une lutte idéologique.
Le problème doit donc être posé simultanément sur ces trois terrains.
a. On ne peut pas lutter pour le pain sans lutter pour la paix, sans défendre la liberté et sans défendre toutes les idées qui servent la lutte pour ces objectifs.
b. Il en est de même dans la lutte politique, qui, depuis Marx, est devenue une véritable science : on est obligé de tenir compte à la fois de la situation économique et des courants
idéologiques pour mener une telle lutte.
c. Quant à la lutte idéologique, qui se manifeste par la propagande, on doit tenir compte, pour qu'elle soit efficace, de la situation économique et politique.
Nous voyons donc que tous ces problèmes sont intimement liés et, ainsi, que l'on ne peut prendre de décision devant n'importe quel aspect de ce grand problème qu'est la lutte de classes —
dans une grève par exemple. — sans prendre en considération chaque donnée du problème et l'ensemble du problème lui-même.
C'est donc celui qui sera capable de lutter sur tous les terrains qui donnera au mouvement la meilleure direction.
C'est ainsi qu'un marxiste comprend ce problème de la lutte de classes. Or, dans la lutte idéologique que nous devons mener tous les jours, nous nous trouvons devant des problèmes difficiles
à résoudre : immortalité de l'âme, existence de Dieu, origines du monde, etc. C'est le matérialisme dialectique qui nous donnera une méthode de raisonnement, qui nous permettra de résoudre
tous ces problèmes et, aussi bien, de dévoiler toutes les campagnes de falsification du marxisme, qui prétendent le compléter et le renouveler.
Georges Politzer
Georges Politzer, né en 1903 à Nagyvárad (Hongrie) - aujourd'hui Oradea, en Roumanie (région de Transylvanie) - et fusillé en 1942 au Mont-Valérien, était un philosophe et théoricien marxiste français d’origine hongroise, appelé affectueusement par certains le « philosophe roux ».
Il était marié à Maï Politzer.
Engagé dans l’insurrection hongroise de 1919, il s’exile à l’âge de dix-sept ans à la suite de l’échec de la république des Conseils de Hongrie, dirigée par Béla Kun.
Le pays entre dans l’ère Horthy.
Il s’installe à Paris en 1921 après avoir rencontré Sigmund Freud et Sándor Ferenczi et en cinq ans, il conquiert tous ses titres académiques, jusqu’à l’agrégation de philosophie.
Suite à la fondation par le Parti communiste français au début des années 1930, de l'Université ouvrière de Paris, qui sera dissoute en 1939 avec les organisations du parti communiste sur application du décret du socialiste Sérol,
Georges Politzer s’investit et est chargé du cours de matérialisme dialectique. Lecteur de Karl Marx et de Lénine, il s’intéresse beaucoup à la psychologie, prônant le côté « concret » de cette dernière, par rapport à la psychologie traditionnelle qu’il qualifie d’« abstraite ».
Il s’intéresse vivement à la théorie freudienne naissante et à ses outils avant de prendre ses distances vis-à-vis de celle-ci. Parallèlement, il occupe le poste de professeur de philosophie au lycée Marcelin-Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés.
Mobilisé à Paris en 1940, il reste aux côtés de la direction clandestine du Parti communiste. Démobilisé en juillet 1940, il dirige l’édition d’un bulletin clandestin. Suite à l’arrestation, en octobre 1940 de son camarade et ami Paul Langevin, physicien de renommée mondiale, il sort le premier numéro de L’Université libre, relatant l’emprisonnement du savant et dénonce toutes les exactions commises par les envahisseurs. L’Université libre paraîtra en 1940 et 1941.
Il est arrêté en février 1942 et fusillé en mai.
L’Université ouvrière renaîtra malgré tout après la Libération sous le nom d’Université nouvelle. Malgré sa mort tragique et ses prises de positions ouvertement anti-fascistes,
Georges Politzer ne fut reconnu comme « interné résistant » qu’à titre posthume et après une très longue bataille juridique qui ne se termina qu’en 1956.
Son ouvrage posthume, Principes élémentaires de philosophie, réalisé à partir de notes prises par ses élèves, fut le premier ouvrage interdit par le régime militaire instauré en Turquie en 1980.