Il est temps de sortir du paradigme du libre-échange

Publié le 26 Janvier 2024

Atterrant. Consternant. Les mots manquent à l’heure où 83 % des eurodéputé·es ont voté en faveur de la ratification de l’accord de libéralisation du commerce entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande, le 22 novembre.

Malgré le consensus public autour de l’idée de relocaliser l’alimentation, de faire moins voyager les aliments pour des raisons climatiques, écologiques ou de défense des emplois, il y a dans le même temps une majorité d’élu·es pour voter l’exact contraire.

Cet accord prévoit à terme une suppression totale des droits de douane sur de nombreux produits agricoles : kiwis, pommes, oignons, miel… et des contingents significatifs sur la viande ovine (38 000 tonnes) et bovine (10 000 tonnes), le beurre (15000 tonnes), les fromages (25000 tonnes) et le lait en poudre (15 000 tonnes).

Nous sommes mis en concurrence les un·es avec les autres, alors que nos conditions de production sont très différentes d’un pays à l’autre. Les systèmes alimentaires locaux s’en trouvent fragilisés à travers des importations à prix cassés qui tirent les prix agricoles vers le bas, alors même que l’urgence est de mettre des moyens pour renforcer ces systèmes.

Accords UE-Mercosur, UE-Chili, UE-Mexique… Des dizaines sont dans les tuyaux, rappelle ce dossier qui en dresse la liste. Ces accords anéantissent tout espoir de relocalisation de notre agriculture pour faire vivre nos territoires et rémunérer le travail paysan. Ils sont basés sur un paradigme obsolète dans lequel les produits agricoles sont traités comme n’importe quelle autre marchandise.

Il est temps de sortir du paradigme du libre-échange. La Via Campesina, dont la Confédération paysanne est membre, appelle à un nouveau cadre multilatéral mondial, négocié en dehors de l’OMC. Il doit être basé sur les principes de la souveraineté alimentaire des peuples. La priorité doit être la construction de mécanismes de régulation des marchés – stocks publics, prix garantis, tunnels de prix… – qui permettent aux paysan·nes du monde entier d’obtenir un revenu équitable pour approvisionner les systèmes alimentaires locaux durables. Nous soutenons la coopération internationale et la solidarité entre les peuples.

Les accords de coopération bilatéraux ou birégionaux devraient avoir pour base les droits humains, conformément à la Déclaration sur les droits des paysan·nes et autres personnes travaillant dans les zones rurales (Undrop). Ils doivent permettre un véritable épanouissement agricole qui donne la priorité à la production alimentaire locale et à l’agriculture paysanne. 

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En téléchargement :

    Dossier CS

Rédigé par caroleone

Publié dans #La Confédération paysanne, #Libre-échange

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