l'atteindre au cœur - de Henri G

Publié le 5 Mai 2020

En hommage au clairvoyant Ted Kaczynski,
qui ne put nuire aux compagnies aériennes,
alors qu'un minuscule bout de protéines y est parvenu.
  
Mais avec des morts
en veux-tu en-voilà, cette fois...

 

Les enfants nés de nos jours, ou bien connaîtront la disparition pure et simple de l'humanité, ou bien vivront dans un monde très éloigné du nôtre : voilà ce dont me convainc la lecture de ce rapport du Comité pour l'Avenir de l'Humanité, publié en Australie

: http://humansforsurvival.org/sites/default/files/CHF_Roundtable_Report_March_2020.pdf

 

Le système productiviste-guerrier qui enserre notre existence, entretenu à leur avantage par des fous associés à des margoulins, nous a conduits, et à vitesse croissante, jusqu'aux bords branlants, brûlants et ô combien glissants du gouffre. 

Ce risque était déjà mis en lumière par le Club de Rome il y a 50 ans, puis par tant d'autres mises en garde, et même très crûment par l'universitaire activiste The Unabomber, qui écrivait en 1995 "Le système n'existe pas et ne peut pas exister pour répondre aux besoins humains. C'est au contraire le comportement humain qui doit être modifié pour répondre aux besoins du système".

 

Certaines alertes étaient toutefois aveugles : telle qui tirait la sonnette d'alarme sur la disparition des milieux naturels équilibrés ou sur la pénurie d'eaux saines, fermait les yeux sur les menaces du développement sans limite de l'informatique, ou se montrait indifférente à celles des armes nucléaires en état de servir d'un moment à l'autre.

Chaque préoccupation a ainsi été souvent cantonnée.

 

Voici les dix risques de catastrophes majeures auxquels l'humanité est confrontée - dont certains créés par elle-même -, tels qu'identifiés par ce Comité pour l'Avenir de l'Humanité :

 

1. la diminution des ressources naturelles, en particulier de l'eau,

2. l'effondrement des écosystèmes et la réduction de la biodiversité,

3. la croissance de la population humaine au-delà de ce que la Terre peut supporter,

4. le réchauffement climatique et les changements climatiques induits par l'homme,

5. la pollution chimique du système-Terre, y compris de l'atmosphère et des océans,

6. l'insécurité alimentaire croissante, et la qualité déficiente de la nourriture,

7. les armes nucléaires et les autres armes de destruction massive,

8. les pandémies de maladies nouvelles et incurables,

9. l'avènement de nouvelles technologies puissantes et incontrôlées,

10. l'incapacité nationale et mondiale à comprendre et/ou à agir préventivement sur ces risques.

 

Le Comité énonce que :

 

A- Aucun de ces dix risques très actuels de catastrophes n'est plus grave qu'un autre : il n'existe pas de hiérarchie entre eux.

B- Ne chercher à n'en éliminer qu'un seul ne changera pas la situation globale : il nous faut trouver un remède général.

 

Vu que les remèdes sectoriels sont infiniment difficiles à concevoir et à mettre en œuvre, cette conclusion - il faut le THE remède pour eux tous – pourrait achever de nous désespérer.

Le désespoir, eh oui !, ne pourra que croître au fur et à mesure que surgiront des bouleversements en tous genres. Ses sous-produits, la peur, la panique et l'exacerbation des violences, viendront sans doute s'ajouter aux menaces moins massives, tel le terrorisme, que nous avons déjà intégrées à notre ordinaire. Ces phénomènes peuvent sembler des détails au regard des risques majeurs qu'énonce le rapport, sauf si on les considère comme les ingrédients de la perte généralisée de repères qui s'aggraverait dans une humanité en voie de déchéance. Qui oserait imaginer que l'humanité aille à sa perte sans gigantesques soubresauts ?

 

À la réflexion, je me demande si une telle onzième plaie n'est pas déjà massivement là, sauf peut-être dans la sphère réservée des fous, des margoulins, et de leurs cohortes de mercenaires et affidés ravis.

Que pouvons-nous faire si, tout de même, nous refusons de désespérer ? « Mieux » voter ? Modifier des détails de notre vie quotidienne ? Adopter un mode de vie complètement nouveau, ou toute autre démarche qui nous met individuellement en conformité avec nos convictions ?

Pourquoi pas ? Tout ceci est indubitablement préférable au désespoir devant des bouleversements dont la pandémie actuelle n'est peut-être qu'une légère et temporaire mise en jambes

Mais, pour que nos actes se montrent efficaces à l'échelle globale, il faut que la structure même de l'actuel système productiviste-guerrier soit atteinte au cœur, affirme en substance le Comité : « Les systèmes monétaire et économique actuels sont en conflit avec le besoin que le monde puisse, par nature, faire durer l'humanité : ils doivent donc changer. »

 

L'on peut supposer que celui-ci se prépare donc à nous fournir quelques pistes, lesquelles manquent cruellement pour l'heure. Il est à craindre, en effet, que le simple slogan «  À bas le capitalisme », et les formes traditionnelles de remise en cause de ces systèmes, n'y suffiront pas.

Le Comité énonce qu'« il faut absolument que tout le monde comprenne et joue son rôle ».

Aussi ai-je pris mon plus beau clavier pour lui écrire.

 

 

À Mesdames et Messieurs les Contributeurs
du Comité pour l'Avenir de l'Humanité,

 

Le mot "Université" suggère "Globalité", "Complétude".

 

Vous êtes, pour beaucoup d'entre vous, impliqués dans des universités ou d'autres établissements d'enseignement supérieur.

 

À ces niveaux d'enseignement, vous préparez de futures élites à prendre des décisions ou participer à des activités pouvant entraîner de très graves conséquences.

 

Certains des étudiants actuels vont devenir dirigeants, cadres ou ingénieurs dans des entreprises, militaires ou civiles, dans des administrations et dans diverses organisations. 

 

Or, beaucoup de ces entreprises, administrations et organisations, sont dans l'impossibilité de créer de nouvelles richesses sans détruire de plus en plus de richesses existantes.

 

Les établissements d'enseignement supérieur de par le monde préparent donc des jeunes à collaborer, par nécessité, aux catastrophes majeures qui, pourtant, les menacent eux-mêmes tout autant que chacune et chacun.

 

S'attendre à ce que ces jeunes démissionnent après avoir été embauchés serait très hasardeux. Mieux vaut travailler avec eux, comme il est expliqué plus bas, avant que le système productiviste-guerrier ne leur ait mis le grappin dessus.

 

Il fut un temps où une partie de la jeunesse était spontanément rebelle. Durant la guerre US au Vietnam, des quantités d'étudiants se mobilisaient de par le monde pour qu'il y soit mis fin.

 

La coalition régnante de fous et de margoulins est parvenue à étouffer ce type d'attitude par la promesse d'une vie plus facile, le confort chez papa-maman, le new comme valeur en soi, la musique du matin au soir, plusieurs écrans à consulter simultanément, et toute une batterie d'encore mille autres moyens.

 

Et Garfield est, hélas, parvenue à supplanter Snoopy.

 

Je vous propose pourtant d'explorer comment une partie des étudiants actuels pourrait constituer une avant-garde de réfractaires, entraînant peut-être même leurs aînés, déjà en fonction, à se remettre en question.

 

Les sombres perspectives de notre époque sont largement présentes dans les médias, et dans les médias sociaux. Mais leur compréhension n'est aucunement assurée pour autant, car leur globalité est occultée.

 

La formation des élites ne devrait-elle pas se donner pour mission de favoriser cette lisibilité dans un cadre global, par une formation transdisciplinaire intégrée à tous les cursus existants ?

 

Chaque semestre de ceux-ci serait suspendu durant une ou plusieurs semaines, pour faire place à des modules de formation en « Science de la survie et de l'épanouissement des humains ». 

 

Par exemple, votre proposition « Human Right Not to be Poisoned » ferait travailler ensemble des enseignants et chercheurs de diverses disciplines avec des étudiants : droit, sciences de l'ingénieur, chimie, commerce, philosophie, biologie, sciences religieuses, histoire, médecine, ethnologie, naturopathie, économie, nutrition, informatique, architecture, etc.

 

Si vous choisissez de promouvoir cette formule, j'espère vivement que vos voix seront assez fortes pour qu'un grand nombre de sites australiens d'enseignement supérieur soient enclins à l'expérimenter.

 

Il y a quelques mois, les médias de tous pays ont abondamment montré les images d'incendies ravageurs dans votre pays. Personne au monde ne s'étonnera donc qu'une mesure de pur bon sens – la formation de futurs diplômés à la survie et au bien-être des humains – soit expérimentée d'abord en Australie, en vue de son adoption ultérieure sous d'autres cieux.

 

Cette proposition ne vise bien évidemment pas à former de futurs personnels haut de gamme, plus éclairés, qui iraient se mettre au service d'entreprises, administrations et organisations productivistes et guerrières : son but est qu'une proportion notable d'étudiants renonce à se laisser recruter comme mercenaires, pour de très solides bonnes raisons, élaborées et discutées en commun.

 

Certes, tarir des recrutements ne résoudra par lui-même aucun des problèmes auxquels nous avons à faire face, même si cela en concerne beaucoup. Cette forme de résistance peut néanmoins jouer un beau rôle, même par temps de grand chômage, dans une panoplie de moyens pour fragiliser le système productiviste-guerrier, en raréfiant la ressource humaine dont il ne peut - toujours pas - se passer.

 

En outre, ces réfractaires ne constitueraient-ils pas une formidable base pour bâtir un monde apte à survivre ?

 

“Nous devons compter sur les meilleurs et les plus brillants des jeunes pour construire le processus de survie et d'épanouissement de l'ensemble de l'humanité“, écrivez-vous.
 

Il faut, en conséquence, les identifier, les motiver et les former.

 

Recevez, Mesdames, Messieurs, avec mes encouragements pour les tâches incommensurablement ardues que vous entreprenez, mes salutations de modeste contributeur.

 

Henri Guéguen  -  in NZ – on ANZAC Day 2020

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Santé, #Coronavirus, #Réflexions

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